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Sami Trabelsi à Fifa.com : « Un défi à notre portée »


La Tunisie va livrer un match décisif contre le Malawi en qualifications pour la CAN 2012. Voilà longtemps que la sélection tunisienne ne s'était pas retrouvée dans une situation aussi délicate, et ce match pourrait bien déterminer le destin d'un des géants d'Afrique. 

Les Tunisiens peuvent effectuer un grand pas vers la qualification pour la Coupe d'Afrique des Nations de la CAF 2012, ou connaître une nouvelle crise semblable à celle provoquée par la non-qualification pour la dernière Coupe du Monde de la FIFA. 

La rencontre du 2 (sic) septembre sur le terrain des Flammes pour l'avant-dernière journée des qualifications est donc un rendez-vous capital pour les Aigles de Carthage. Après ce match, on devrait connaître le second qualifié du Groupe K, qui accompagnera le surprenant Botswana à la CAN 2012.

Le sélectionneur tunisien Sami Trabelsi a accordé un entretien exclusif à FIFA.com, dans lequel il est revenu sur ce match crucial, sur ses décisions à la tête de l'équipe et sur le tirage des qualifications pour la Coupe du Monde de la FIFA, Brésil 2014.

Sami Trabelsi, comment abordez vous ce match décisif pour la CAN 2012 ?

Tout au long de ces qualifications nous nous sommes retrouvés dans des situations délicates car les résultats ont été bien en dessous de ceux escomptés. Maintenant, nous devons jouer un match couperet face au Malawi, à l'extérieur, pour décrocher notre sésame. C'est une rencontre difficile, lors de laquelle nous devrons faire face à un certain nombre d'absences de marque. Cela dit, nous avons tourné la page et nous espérons offrir une bonne prestation afin de nous qualifier.

Vous avez été nommé à la tête de la sélection juste avant la précédente journée des qualifications. Comment vous sentez-vous dans le costume de sélectionneur ?

On m'a confié le poste de directeur technique à la veille de la sixième journée des qualifications. La sélection n'avait alors obtenu que deux victoires pour deux défaites et un nul. Nous avions laissé passer quatre points importants à domicile. Tout cela a compliqué les choses mais, en tant qu'ancien capitaine de la sélection et membre du staff technique, j'ai accepté cette mission périlleuse sans hésiter. Dieu merci, j'ai obtenu la confiance de la Fédération tunisienne et des supporters après notre succès au Championnat d'Afrique des Nations au Soudan. Je considère qu'il est de mon devoir de secourir la sélection nationale, sans oublier que tous les entraîneurs rêvent de devenir un jour sélectionneur.

Comment jugez-vous votre travail depuis votre prise de fonction ?

Depuis mon arrivée j'ai décidé de privilégier le collectif sur les individualités et je considère que personne n'est intouchable. Cette politique m'a poussé à donner leur chance aux joueurs qui mettent leur talent au service de l'équipe et donnent tout ce qu'ils ont dans le ventre. Les débuts ont été prometteurs avec une victoire sur le Tchad 5:0. Cette belle performance et le nul du Malawi face au Botswana nous ont remis en course pour la qualification. Dernièrement, nous avons joué contre la République centrafricaine (sic) avec nos éléments évoluant en Europe, puis contre la Jordanie avec de nombreuses absences. Malgré tout, je pense que nous serons prêts pour ce match. L'important est de rester fidèle à notre style de jeu.

Comment expliquez-vous la baisse de régime de la sélection tunisienne ces derniers temps ?

À vrai dire, le niveau technique baisse depuis plusieurs années, mais la sélection a réussi à faire illusion jusqu'à l'échec en qualifications pour la Coupe du Monde devant le Mozambique. Ce match a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, il a mis en évidence tous nos problèmes. Nous avons également beaucoup pâti du calendrier africain totalement inadapté. Il est très compliqué de trouver un créneau de préparation convenant aux joueurs évoluant en Europe. Contre la Jordanie nous ne disposions que de 17 joueurs. Nous avons dû composer sans les expatriés et les cadres de l'Espérance et du Club Africain. Si on veut que le football africain continue sa progression, il est impératif de revoir le calendrier.

Revenons sur votre parcours au Championnat d'Afrique des Nations. Que pensez-vous de cette compétition et que représente votre victoire ?

Il faut avouer que cette compétition réservée aux joueurs locaux n'attire pas les foules. Mais dès nos premiers matchs nous avons retenu l'attention des supporters tunisiens aux quatre coins du monde. Nous avons été assez exceptionnels, prouvant qu'avec de la concentration et une organisation adéquate, la sélection tunisienne a toujours son mot à dire. Nous avons fait ce qu'il fallait pour montrer le football tunisien sous son meilleur jour. Nos belles performances ont été couronnées de succès et nous sommes allés jusqu'au bout. Cela a permis de réconcilier le public du pays avec son équipe nationale. Sur le plan personnel, cette victoire m'a permis de gagner la confiance de tous, et d'obtenir un soutien précieux dans la période délicate que traverse notre sélection. J'espère qu'elle nous inspirera pour ce match face au Malawi.

Après le tirage des qualifications pour la Coupe du Monde de la FIFA, Brésil 2014, quelles sont vos impressions sur le groupe de la Tunisie ?

Tout le monde s'accorde à dire que, sur le papier, c'est un groupe facile. Mais vu l'évolution actuelle du football africain, nous devons rester prudent et nous préparer à fond, quel que soit l'adversaire et son passé. Les résultats des qualifications pour la CAN 2012 montrent clairement que l'écart s'amenuise entre les ténors du continent et les équipes plus modestes. Qui aurait pu imaginer que l'Égypte, vainqueur des trois dernières CAN, ne parviendrait même pas à se qualifier pour l'Afrique du Sud ? Sans oublier que l'Algérie et le Cameroun sont en ballotage défavorable. Partant de ce constat, il ne faut surtout pas croire que la qualification sera une promenade de santé. Nous devrons jouer à fond chaque rencontre pour obtenir notre sésame et faire oublier la terrible désillusion des qualifications pour la Coupe du Monde 2010.

De nombreuses stars de l'équipe évoluent en Europe. Voyez-vous cela comme un atout ?

Certainement. La Tunisie a toujours été une pépinière de talents pour les clubs européens. Mais nous demandons à ces joueurs de se donner à fond pour leur sélection nationale. Je leur ai fait comprendre que les titulaires seront choisis en fonction de ce qu'ils apportent au collectif et que personne n'est indispensable. Mon premier critère est l'intérêt collectif. Cela dit, les expatriés nous font profiter de leur expérience acquise en Europe et j'espère qu'ils trouveront leur place dans le groupe.

Pour conclure, le poste de directeur technique est-il plus difficile que celui d'entraîneur de club ?

Je préfère le poste de sélectionneur. Certes la pression est grande lors des matches officiels, mais le travail de sélectionneur consiste avant tout à préparer les matches et les rassemblements dans les moindres détails. Pour cela, il faut superviser l'ensemble des joueurs afin de choisir ceux qui correspondent à vos plans. Vous pouvez aussi choisir tout simplement les meilleurs. L'important est de disposer du temps nécessaire pour préparer les matches. Quant aux grandes compétitions, elles permettent de souder le collectif.