LC 2010

Une défaite amère, mais logique


Le Onze sang et or aligné contre le CA Bizertin en championnat de Tunisie le 4 août 2010. (Photo CHALA)
Le Onze sang et or aligné contre le CA Bizertin en championnat de Tunisie le 4 août 2010. (Photo CHALA)

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Que dire de la rencontre comptant pour la troisième journée de la phase des poules de la CAF champions ligue (LCA) entre le TP Mazembé et L'Espérance Sportive de Tunis ? C'était le premier grand test de notre équipe face à l'actuel champion d'Afrique et un des favoris de cette édition malgré l'absence de son joueur vedette Mputu pour cette rencontre.

Il faut dire qu'avant la rencontre face au TP Mozembé, l'Espérance version 2010-2011 nous laisse un peu perplexe, elle a certes bien débuté la saison face à Sétif, chez elle dans son antre, mais c'était face à une équipe fantôme qui a entamé sa préparation 15 jours auparavant et qui n'a pu tenir le coup, d'autant que son entraîneur a eu du mal à remplacer quelques joueurs clefs absents pour diverses raisons. C'est face à l'Etoile qu'on a pu constater que notre équipe n'était pas encore prête pour la Ligue des Champions; le reste des rencontres nous ont laissé un sentiment mitigé. Les Sang et Or ne pètent plus le feu devant avec 3 buts en 4 rencontres en championnat et LCA inclus, alors qu'elle frisait les 3 buts par match la saison dernière; par contre, la défense n'a concédé aucun but durant ces quatre rencontres, alors qu'elle en prenait à gogo la saison dernière; et puis, l'équipe tardait à avoir son cachet, qui lui a valu d'être championne de Tunisie malgré une ossature qui n'a presque pas changé. Les pessimistes ont déploré un mercato pauvre en recrutements, alors que les optimistes ont loué le fait que notre Bureau Directeur (BD) a pu garder tous nos joueurs vedettes, Eneramo en premier.

Tous les avertis attendaient avec curiosité cette rencontre pour enfin avoir une idée claire sur la valeur de l'Espérance en ce début de la phase des poules.

L'Espérance a débuté la rencontre tambour battant. Benzarti, fidèle à ses principes, a présenté une formation offensive et dès la 1ère minute de jeu, les coéquipiers de Naouara auraient pu inscrire le premier but de la rencontre à la suite d'une belle combinaison entre les deux génies créateurs de notre équipe : Darragi et Msakni.

Durant les vingt premières minutes, notre équipe a été lucide et à certains moments conquérante, mais peu à peu les Congolais ont repris du poil de la bête et ont commencé à harceler notre défense étrangement repliée.

Grosso-modo, la première mi-temps fut disputé sur un rythme élevé, digne d'une rencontre internationale de Ligue des Champions africaine, ces 45 minutes n'ont pas été mauvaise pour le représentant tunisien, loin de là, mais certaines lacunes ont commencé à être perceptibles au fil des minutes, d'abord la récupération qui n'a été que l'apanage du duo ô ! combien combatif : Korbi-Traoui, le premier omniprésent et ratissant tout le milieu et le second dans un rôle plus tactique, mais apportant son expérience qui manque cruellement à la plupart de nos joueurs. Mais voilà, face à une équipe aussi virevoltante et aussi technique que TP Mazembé, la récupération devrait être faite par tous les joueurs du milieu, voire les attaquants, et là les choses se sont gâtées. Eneramo, à court de compétition, n'arrive plus à faire son travail de sape habituel, Msakni et à un degré moindre Darragi ont trouvé les pires difficultés pour accomplir leur tâches défensives face à des joueurs très fort tant individuellement que collectivement et Chammam a souffert le martyr sur le côté gauche en l'absence d'un couvreur devant lui, habitué comme il était, par un Bouazzi accrocheur à souhait.

Malgré ces lacunes, notre équipe est parvenue à ouvrir le score à la suite d'un contre bien mené par notre maestro Darragi qui sert Eneramo, celui-ci se rappelle, le temps d'un instant, qu'il est le buteur patenté du champion de Tunisie et arrive à mettre le cuir au fond du filet en anticipant face à un défenseur Congolais restant médusé.

Le tournant du match

Deux minutes plus tard, Darragi a déjoué l'hors jeu piège et archaïque des Corbeaux et s'est présenté face au portier adverse, au lieu de tirer plein du pied, il choisit le plat du pied, mais son tir mou et non placé va lentement dans les bras du gardien qui ne croyait pas ses yeux. L'Espérance a raté à mon avis à cet instant à coup sûr le KO et probablement les 3 points de la victoire, car dans la foulée et dans un instant de distraction typique des joueurs tunisiens tous confondus, Kaluyituka trompa Naouara, jusque là impérial, à une minute de la pause.

Le Naufrage espérantiste

La seconde période sera un calvaire pour notre équipe. En effet, après une brandille de quelques minutes, l'Espérance se recroqueville dans ses 18 mètres, laissant tout le terrain ou presque à son adversaire qui ne demandait pas plus pour quadriller le terrain et nous harceler par des attaques meurtrieres et n'eut été Naouara, dans un jour de grâce, la note aurait été salée. Les protégés de Benzarti, pas encore au point physiquement, ne purent plus rivaliser avec leurs adversaires du jour, quoique nos joueurs ont raté deux occasions nettes pour scorer, l'une ratée par Eneramo, à la suite d'un tir tendu mais que le gardien adverse a pu détourner et un caviar offert par Msakni - pourtant encore à la recherche de sa forme de l'année dernière - à Traoui qui temporisa et rate la cage. Mais devant les ratés des Congolais, nos deux occasions ne représentent qu'une goute dans un océan et à 5 minutes de la fin, notre adversaire a trouvé enfin le chemin des filets au grand dam de tous les férus de l'équipe de Bab Souika, c'était une défaite certes amère, dure à avaler, voire revêche, mais c'est une défaite fort logique si on essaie d'être objectif.

Les causes de la défaite

D'abord ça ne sert plus à rien de polémiquer autour de notre effectif et ses carences, la liste africaine définitive est connue au soir du 5 Août et il serait farfelu de parler encore de joueurs qui n'ont pas de place dans notre équipe. Si on va remporter la Ligue des Champions - et nos chances demeurent toujours intactes - on va être couronné avec cet effectif, renforcé à la dernière minute, uniquement par le Ghanéen Otoo.

Alors, accabler Derbali, par exemple, dont on connaît les limites depuis belle lurette, est inutile et ne rime à rien; ce joueur ne va certainement pas refuser de jouer alors que Benzarti et notre BD lui font confiance depuis 3 saisons déjà; la faute n'est pas la sienne s'il est parmi les 11 rentrant; c'est le staff technique qui en assume la responsabilité et d'ailleurs toute discussion sur notre effectif n'est plus à l'ordre du jour jusqu'au mercato de l'hiver.

Par contre ce qui nous surprend, c'est la condition physique de nos joueurs, qui nous laissent perplexe; notre équipe parait lessivé dès l'heure du jeu, surtout quand le rendement de Korbi et Traoui a baissé, Khaled n'en pouvait plus après tant d'ébauches et Mejdi, visiblement n'a pas encore atteint son rythme de croisière. Mais ce qui nous inquiète plus que tout, c'est cette manière de défendre juste devant notre cage, point de pressing bas et encore moins de pressing haut; la philosophie chère à Benzarti est partie en fumée durant cette seconde période.

Et puisqu'on parle de Benzarti, on ne comprend pas sa passivité réelle durant ce second half, je dis réelle, car si Benzarti bouge tout le temps comme un électron excité devant sa guérite, il est resté étrangement passif quant aux changements qu'il aurait dû faire, d'abord en mettant un joueur plus accrocheur devant Chammam, qui a souffert le martyr durant la rencontre face à Kabangu, ensuite en opérant des changements plutôt durant la rencontre. Il a certes remplacé le plus logiquement Eneramo, qui est encore court physiquement et ne peut aspirer à jouer plus d'une heure. Mais il a gardé des joueurs lessivés à l'instar d'Afful qui cherche encore sa forme Sétifienne, ou Msakni transparent à part quelques barouds d'un joueur très talentueux, mais pas en forme ces dernières semaines. Peut-être que Benzarti aurait dû commencer la rencontre sans Msakni et avec un seul joueur créateur - Darragi - car il faudrait des joueurs bûcheurs pour ce match face à une grande équipe et peut être que Msakni aurait été plus utile s'il était rentré à l'heure du jeu en apportant sa touche créative.

Les Leçons à retenir

On a perdu tout à l'heure 3 points, mais on reste en pôle position pour nous qualifier aux demi-finales de cette prestigieuse compétition, avoir 6 points pour 2 déplacements et une rencontre à domicile concorde avec un tableau de marche d'une équipe qui garde toutes ses chances pour passer ce tour, mais les demi-finales ce n'est pas notre but. On a un but, un seul et unique objectif : remporter cette ligue des champions et ce n'est pas avec cette manière de jouer qu'on va y arriver. Des correctifs sont à faire par notre coach qui doit retrouver sa vitalité et sa roublardise.

On dispose, Dieu soit loué, d'un gardien qui nous rappelle à bien des égards ses prestigieux prédécesseurs El Ouaer et Tizié, bien que l'expérience lui fait cruellement défaut, d'un milieu qu'on n'a pas eu depuis la fameuse équipe de Youssef Zouaoui de la fin des années 90, avec un quatuor magique : Traoui, Korbi, Darragi et Msakni et un 5ème joueur de luxe si on arrive à lui redonner la confiance : Roger, et devant Eneramo va retrouver fatalement sa forme et sera le mastodonte tant redouté par tous les défenseurs qui se frottent à lui. Nos autres joueurs ne sont pas aussi catastrophique que ça, la défense n'est pas brillante, mais elle commence à s'aguerrir, mais il faudrait mettre un dispositif devant, avec une récupération loin de nos zones pour la laisser souffler. Nos latéraux, pas exceptionnels non plus, doivent être aidés par notre milieu, afin de faire convenablement leur boulot défensif, mais aussi participer à l'animation offensive sans mettre en péril notre arrière garde. Il faudrait enfin que Benzarti change de stratégies en fonction de l'adversaire, surtout quand celui-ci est fort et coriace et quand nos atouts ne sont pas en pleine possession de leurs moyens, car pour pouvoir jouer comme le veut Benzarti, surtout en déplacement, notre équipe doit être au top physiquement, mais alors là, à 100% de ses moyens; il faudrait aussi qu'Eneramo retrouve sa verve, que Bouazzi reprenne sa place devant Chammam et que notre machine carbure à merveille.

Ne nous trompons pas de sujet

Je ne termine pas sans exprimer ma déception en écoutant les déclarations de notre président de section de football. Après la rencontre, il n'a parlé que de l'arbitrage, comme si le référé de la rencontre a été la cause unique de notre défaite. Certes, l'homme en noir n'a pas été au dessus de tout reproche; des fautes, il en a commis à la pelle en notre défaveur, peut-être même avec préméditation, mais on doit savoir qu'on dispute une compétition africaine et en Afrique ça se passe toujours comme ça, pire même, alors c'est déjà pas mal quand cet arbitre ne nous a enlevé aucun but, il n'a offert aucun penalty à l'adversaire ou ne nous a privé d'aucun penalty non plus ni de carton rouge, bref, il était dans la normalité pour une compétition africaine, alors mettre en avant ses fautes et oublier le reste, c'est un peu de la poudre aux yeux et nous autres supporters, nous ne buvons pas de cette sauce. Tout à l'heure notre équipe a raté sa rencontre, elle a eu la balle de match à la fin de la première mi-temps, mais elle l'a gaspillée, elle a tenu 85 minutes grâce à Naoura et à la fin, elle a perdu le plus logiquement du monde et indépendamment de la prestation de l'homme en noir, le reste n'est que littérature.

Je l'ai toujours dit et je ne le répèterai jamais assez : durant la phase des poules, dans une compétition africaine, pour se qualifier, il faudrait empocher les 9 points à domicile, soit 3 victoires à domicile, quand toutes les conditions sont propices, on sera à ce moment à l'abri de toute surprise durant les déplacements au fin fond de l'Afrique et Dieu sait combien les surprises sont nombreuses et imprévisibles.