Entretien

Mbarki souhaite un destin à la Abdennour


Iheb Mbarki, arrière latéral de l'Espérance de Tunis. (Photo J.P. CLATOT - AFP)
Iheb Mbarki, arrière latéral de l'Espérance de Tunis. (Photo J.P. CLATOT - AFP)

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Iheb Mbarki avait remporté le Championnat d’Afrique des nations 2011, avec l’équipe de Tunisie. Le défenseur de l’Espérance Tunis compte en faire de même avec ce Chan 2016. Avant, pourquoi pas, de retourner en Europe, après une première expérience mitigée, comme l’avait fait son illustre compatriote Aymen Abdennour ?

Le Championnat d'Afrique des nations reste un formidable souvenir pour Iheb Mbarki. Le Tunisien faisait partie de l'équipe qui a brillamment remporté l'édition 2011 au Soudan. « Peut-être que le meilleur moment, c'est lorsqu'on a soulevé le trophée, raconte le défenseur, présent à Kigali pour le Chan 2016. Mais il y a aussi notre qualification face à l'Algérie, aux tirs au but, en demi-finale. ça avait été un moment fort pours nous, parce que ça avait été un match difficile et que les Algériens étaient favoris. »

Ce sacre a en tout cas permis à de nombreux Aigles de Carthage de s'envoler vers d'autres cieux, les mois suivants le tournoi. Iheb Mbarki a ainsi paraphé un contrat de quatre ans avec le club français Evian TG, en juillet 2012.

« A Evian, j'avais des problèmes avec certaines personnes »

Mais l'aventure a tourné court et le latéral droit est rentré en Tunisie après une saison. « Je ne vais pas revenir en détails sur le sujet mais j'avais des problèmes avec certaines personnes, lâche-t-il. Pourtant, je suis content de ma première saison dans le championnat français. J'ai joué presque 20 matches sur 40 et on est arrivé jusqu'en finale de la Coupe de France. »

Alors que s'est-il passé ? Incompréhension ? Intolérance ? Problème d'argent ? « C'était un peu tout, évacue-t-il, gêné. Quand un footballeur n'est pas à l'aise, il ne peut pas tout donner. » Il ajoute : « A Evian, mon compatriote Saber Khalifa était le meilleur du club. Il était discipliné, ponctuel et il marquait des buts. Mais comme moi, il a voulu partir en fin de saison. On était trois Tunisiens à Evian, avec Zouhaier Dhaouadi, et on a eu les mêmes problèmes avec les mêmes personnes. Quand Saber est parti à Marseille, il n'est pas revenu chercher ses vêtements à Evian, tellement il a eu des problèmes avec les gens sur place. »

« Je suis encore jeune »

Hatem Missaoui, le sélectionneur de l'équipe de Tunisie, voit peut-être une autre explication à cette première expérience en demi-teinte. « L'intégration n'est pas toujours facile pour les joueurs tunisiens lorsqu'ils sont seuls en France, assure-t-il. Parce qu'en Tunisie, ils sont un peu trop gâtés et ils vivent en famille. Il faut avoir un caractère un peu plus dur et un mental plus fort pour réussir en Europe. »

Le technicien ajoute : « Iheb est un joueur explosif et rapide, mais il est trop offensif. Parfois, il joue milieu de terrain et parfois il joue latéral droit... En ce moment, il est dans une bonne passe avec son club, l'Espérance Tunis. »

Iheb Mbarki confirme : « Je n'ai pas à me plaindre. J'évolue peut-être au sein du meilleur club d'Afrique. Mais pourquoi ne pas jouer encore une fois en Europe ? Je peux encore rebondir, je suis encore jeune. »

« J'aimerais bien faire comme Abdennour »

A presque 24 ans, Iheb Mbarki a encore le temps, estime Hatem Missaoui : « Je suis sûr qu'il peut avoir une autre chance. On sait qu'Aymen Abdennour n'a pas bien réussi au Werder Brême, lors de son premier passage en Europe. Il est donc rentré en Tunisie. Mais ensuite, il est allé en France (au Toulouse FC, puis à l'AS Monaco, Ndlr). Et maintenant il joue à Valence, en Espagne. J'espère qu'Iheb va suivre le même parcours qu'Abdennour. »

Cette idée plait à Iheb Mbarki. « Aymen est le meilleur footballeur tunisien, lance-t-il. Il a vécu presque le même parcours que moi. […] J'aimerais bien faire comme lui. » Il conclut : « J'aimerais bien avoir encore une chance en France. Ou pourquoi pas dans un autre championnat ? »