Humeur

Le championnat national : une crédibilité à deux vitesses


Le onze Sang et Or aligné contre le Club Sportif Sfaxien le 30 janvier 2010 à Radès. (Photo CHALA)
Le onze Sang et Or aligné contre le Club Sportif Sfaxien le 30 janvier 2010 à Radès. (Photo CHALA)

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Vous l'avez certainement lu. Le président de l'Avenir Sportif de Kasserine (ASK) subit des pressions énormes pour entamer des travaux de réhabilitation de la pelouse du stade local. Une première dans le paysage footballistique tunisien. On pousse les gens vers un bonheur qu'ils ont tant réclamé. Il reste que cette pression n'est pas si innocente qu'on le pense. Pourquoi maintenant ? Pourquoi pas un mois avant ? Ou après la fin de la saison régulière ?

Il est évident que ceux qui se sont permis une telle pratique y vont avec préméditation. Pour l'intérêt de qui ? Pourquoi veut-on priver un club qui joue la relégation de son terrain ? Un avantage crucial dont il a tant profité. Veut-on défavoriser les kasserinois ? Ou, plutôt, favoriser d'autres ?

La réflexion basique dit qu'on ne prend une telle décision que dans deux circonstances possibles : ou bien le stade devient, carrément, inutilisable, ou que le club n'a plus besoin de cet avantage de terrain. Or, ni l'un ni l'autre ne sont vrais. Ou, du moins, la seconde. Car, pour l'état de la pelouse, elle est la même depuis le début de la saison. Et deux prétendants au titre y ont laissé des plumes : l'Espérance Sportive de Tunis (EST) et le Club Sportif Sfaxien (CSS). Maintenant, il ne reste plus qu'un seul prétendant à fouler cette pelouse et en souffrir. Alors, il devient inadmissible, au titre de la crédibilité, d'épargner ce club des circonstances dont d'autres ont souffert.

La crédibilité de la compétition. Un concept que certains ont rabâché jour et nuit durant l'exercice écoulé lorsque l'Espérance, engagée dans une finale de la Ligue Arabe des Clubs Champions, avait demandé le report de la dernière journée de 24 petites heures. Dans cet épisode, la Fédération Tunisienne de Football (FTF) avait opposé à la demande espérantiste un niet catégorique. Pour la FTF, il s'agissait, avant tout, de sauvegarder la crédibilité d'un championnat, déjà hanté par des pratiques incroyablement déloyales décrétées par cette même FTF au profit d'autres candidats au titre. Il ne servira à rien de rappeler ces épisodes malheureux que tout le monde connait au moindre détail. Il s'agit, tout simplement, de mettre en relief la crédibilité à deux vitesses que notre chère FTF veut sauvegarder.

Alors, quelle crédibilité pour un championnat où l'on veut priver un club, jouant la relégation, d'évoluer sur sa pelouse. Ca obligerait l'ASK à perdre des recettes (un public moindre se déplacera avec l'équipe) et supporter des coûts de déplacement inappropriés. Sauf si l'un des clubs bénéficiaires en compensera l'ASK.

Et le comble de la discrimination serait de pousser les "verts" à accueillir leur adversaire, prétendant au titre, à Radès. Quel culot ! Qui osera, encore, parler de crédibilité de la compétition ? Ou même de la FTF ? De quel droit favoriserait-on, d'une façon aussi flagrante, un prétendant au titre par rapport aux autres ? Et pourquoi, alors, passer par autant de manœuvres frauduleuses ? Ne valait-il pas mieux lui accorder le titre dès le départ et épargner les autres des efforts et des dépenses inutiles ?

C'est, purement et simplement, le traitement de deux poids deux mesures. Une marque déposée des magouilleurs et malfrats. Mais attention à la marche. Car, l'Espérance ne se laissera pas faire. On ne laissera personne nous marcher sur les pieds. Parceque dans ce pays il y a des lois et des mœurs. Et ces valeurs seront respectées au nez et à la barbe de tous les adeptes de l'échec. Tous les illégitimes qui gravitent dans notre football seront démasqués au grand jour et ils n'auront d'abris. C'est ça, aussi, l'Espérance. Une institution qui a été fondée, il y a 91 ans, pour la sauvegarde des valeurs et de la dignité du football dans ce pays.