Interview

Darragi : «Je rêve de jouer au FC Barcelone»


Oussama Darragi maitre du milieu de terrain face au Widad AC, le 21 mai 2009 à Radès. (Photo CHALA)
Oussama Darragi maitre du milieu de terrain face au Widad AC, le 21 mai 2009 à Radès. (Photo CHALA)

...

La nouvelle coqueluche du football tunisien Oussama Darragi a été plébiscité par les internautes Sang et Or meilleur joueur de la saison 2008-2009, suite aux résultats du sondage recueillis sur le site E-S-Tunis.com. Nous avons retrouvé pour vous Oussama afin de l'informer de cette consécration, mais aussi pour faire avec lui un tour d'horizon de sa jeune carrière. Nous avons comme toujours trouvé un jeune homme aussi réservé que charmant, dégageant par ailleurs une confiance en soi insoupçonnable. Oussama a bien voulu répondre à toutes les questions posées par les TarajjiManiaques et nous ne pouvons que le remercier pour sa cordiale patience, car oui, elles étaient bien nombreuses les questions, n'est-ce pas Oussama ? Bonne lecture !

Darragi interviewé par E-S-Tunis.com

DARRAGI, LE JEUNE FOOTBALLEUR

Oussama, certains prétendent que vous avez eu des problèmes d'ordre morphologique qui vous ont pénalisé dans les jeunes catégories. Pis, on dit même que vous avez failli être écarté pour ces mêmes problèmes à un certain moment. Qu'en est-il au juste avec cette histoire et le cas échéant, comment avez-vous pu surmonter la situation ?

Il est vrai que j'ai eu des problèmes physiques auparavant. À certains moments, je ne me trouvais pas au même niveau que celui de mes camarades. Mais ces problèmes étaient essentiellement dus à des blocages psychologiques. Seulement en travaillant dessus, j'ai pu les dépasser. Rien n'est vraiment difficile dans la vie. Il faut se fixer un objectif et travailler pour y arriver ! Qui a dit quand on veut, on peut ! D'ailleurs, c'est grâce à tous les efforts que j'ai fournis que ces problèmes n'ont pas eu de conséquences sur ma carrière.

Chez les catégories jeunes, quel(s) étai(en)t vo(s)tre poste(s) de prédilection? Si plusieurs, quelle en a été l'évolution et pourquoi?

J'ai toujours joué derrière les attaquants, un « 10 » en fait. C'est en jouant en tant que régisseur que je me suis toujours senti le plus à l'aise. Aujourd'hui encore, je joue au même poste et je m'y sens toujours aussi bien.


DARRAGI ET SON PARCOURS AVEC LES SENIORS

Lors de votre passage parmi les Seniors, vous avez trouvé toutes les difficultés du monde pour vous affirmer, avant de devenir la coqueluche du public à la fin de la saison dernière. Quelles étaient les raisons de cette métamorphose et qu'est-ce qui a constitué le déclic selon vous ?

Au début comme tout jeune joueur, j'ai eu quelques difficultés. Mais à la longue, je me suis habitué à mes nouvelles responsabilités et il faut dire que j'ai trouvé les conditions idéales pour mon épanouissement. Avec le travail et la quiétude que j'ai pu avoir dans ma vie personnelle, je me suis peu à peu amélioré dans tous les domaines, sans même m'en rendre compte. Aujourd'hui, j'ai gagné l'amour et la sympathie du public espérantiste et je remercie Dieu pour ça.

Au début de vos apparitions avec les Seniors, beaucoup de supporters Sang et Or ont même douté de vos qualités. Comment avez-vous pu affronter et surmonter cette période sur le plan psychologique ?

Ce sont des avis que je respecte, mais de mon côté, j'ai été concentré sur mon sujet et le doute ne m'a jamais habité. Certes, je suis passé par des périodes difficiles, mais heureusement que d'autres plus heureuses leur ont succédé.

Y a-t-il de nouvelles qualités footballistiques que vous vous êtes découvert chez les Seniors? Si oui, lesquelles et dans quelles circonstances?

Avec si Faouzi j'ai appris beaucoup de choses. Il m'a inculqué une nouvelle manière de travailler et m'a insufflé les valeurs du sacrifice et du dévouement. J'ai aujourd'hui plus de «grinta» et je me donne à fond.

Et les perdues s'il y en a, pourquoi selon vous?

Avec les catégories de jeunes, je tirais les coups de pied arrêtés. Maintenant je ne le fais plus.

Et quelle en est la raison du moment qu'on a vu Darragi passeur, buteur et tireur de penalties, mais on est toujours en attente de voir Darragi tireur des coups francs à la Ronaldinho ?

C'est parce que j'essaye de mettre mon jeu de tête au profit de l'équipe. Mais j'espère que bientôt je pourrai tirer les coups de pied arrêtés et retrouver mes repères et mes sensations bientôt afin de pouvoir rééditer mes performances dans les catégories de jeunes.

Vous êtes sûrement conscient de l'engouement actuel du public espérantiste envers vos prouesses techniques, avec comme ultime preuve cette consécration de meilleur joueur de la dernière saison par les internautes Sang et Or. Comment arrivez-vous à gérer votre statut de star et éviter d'attraper la grosse tête ?

Je suis toujours le même, rien n'a changé. C'est une bonne chose car je me sens mieux moralement ; j'ai plus confiance en moi-même. Je dois continuer sur la même lancée.

Pouvez-vous nous en dire plus sur la réalité des offres reçues en cette période trouble de «mercato» ou s'agit-il de simples intérêts exprimés par certains agents ?

La plupart des offres émanent de clubs, mais j'ai parlé avec si Hamdi et il m'a signifié que j'allais rester et j'en suis content.

Malgré le plébiscite des TarajjiManiaques, d'aucuns pensent qu'il vous manque un peu de rythme, de présence et de disponibilité sur le terrain pour aspirer à une carrière en Europe - on vous perd souvent de vue pendant 90' disent-ils pour rejoindre une récente déclaration de Coelho -. Selon vous, y a-t-il une part de vérité dans ces affirmations-critiques et pourquoi ?

Il est vrai que c'est ce qui me manque et sur ce point, il faut que je m'améliore. Quant à la déclaration de M. Coelho, c'est son avis et je le respecte, mais puisque je joue des matchs entiers avec mon club, il n'y a aucune raison pour qu'il en soit autrement en équipe nationale.

D'autres Espérantistes renchérissent en vous reprochant tout et n'importe quoi en même temps. Pour ne pas se perdre dans les détails, pouvez-vous nous parler des points à améliorer sur le plan physique, technique et tactique pour passer d'une star locale à un joueur de classe mondiale ?

Je dois acquérir plus de vivacité et me déplacer plus sur le terrain. C'est sur ce point que je dois m'améliorer.

Dans quel dispositif tactique vous vous sentez le mieux sur le plan offensif ?

Je me sens mieux dans une organisation en 4-5-1.

Vous avez connu cinq entraîneurs chez les Seniors : Duguépéroux, Cabral, Zouaoui, De Moraïs et Benzarti. Pouvez-vous nous citer pour chaque entraîneur un mot pour le distinguer, en vous assurant de citer l'influence de chacun sur votre propre évolution ?

Avec tous ces entraineurs je me suis trouvé à l'aise. Chacun d'eux a ses propres spécificités mais tous m'ont permis de m'améliorer et chacun d'eux m'a permis de passer un palier dans ma carrière.

Plus précisément, quel est l'apport du coach Fawzi Benzarti à l'équipe et à Darragi en particulier ?

Dans les derniers matchs, l'apport de M. Benzarti était flagrant. Aux entrainements, il nous fait beaucoup travailler, mais la particularité du coach Benzarti c'est qu'il nous comprend et sait nous parler.

Comment faites-vous pour éviter les agressions qui pourront ralentir voire anéantir votre carrière à la lumière de ce qui s'est passé contre l'Étoile Sportive de Beni Khalled ?

Je sais que ce genre d'agressions et provocations vont aller crescendo et c'est à moi de savoir les gérer. La meilleure stratégie est de les ignorer pour ne pas tomber dans leur piège.

Dans la même veine, quelles ont été les répercutions de votre blessure à Béja sur la suite de votre parcours de la saison dernière ?

Sincèrement, la blessure n'était pas si méchante. C'est vrai par contre que la période était un peu difficile et les matchs qui l'avait succédé n'étaient pas du tout à la portée, vu la situation de l'équipe. Mais grâce à Dieu, je m'étais bien reposé la semaine d'après et pour moi, tout s'était joué sur le plan moral malgré le fait que j'étais un peu souffrant pendant les quelques matchs qui avaient suivi. Or, mon club avait besoin de moi et je ne pouvais que répondre présent. Je devais être là et c'est un devoir envers l'Espérance que je ne pouvais pas refuser.

Darragi interviewé par E-S-Tunis.com (2)


DARRAGI ET SON AVENIR AVEC L'ESPÉRANCE

Une semaine de repos est-elle suffisante sur le plan mental pour récupérer et pouvoir attaquer de nouveau la saison prochaine qui sera pleine de défis ?

Ça se passe pareillement chaque année, une semaine c'est peu mais on doit faire avec.

Si l'Espérance ne parvenait pas à gagner la prochaine CL africaine, seriez-vous prêt à continuer votre expérience Sang et Or à l'image de l'attachement montré par Abou Trika à son club Al Ahly d'Égypte ?

Je n'aime pas les spéculations, mais je suis prêt à continuer avec mon équipe de cœur.

Comment voyez-vous l'Espérance sans Eneramo ?

C'est vrai qu'Eneramo nous est d'un apport précieux, mais s'il part, l'Espérance continuera à être l'équipe à battre, du moment que nous avons d'autres excellents joueurs qui peuvent donner le plus.

Après le départ de Kasraoui au Racing Club de Lens, qui voyez-vous capitaine de l'Espérance la saison prochaine ? Darragi ?

Tout d'abord, ce choix est du ressort du staff technique. Pour ma part, je fais de mon mieux sur le terrain et si je suis choisi pour porter le brassard de capitaine, je serai trop ravi. Autrement, je crois savoir que le choix serait porté sur Wissem Abdi.

D'après-vous, quel(s) serai(en)t vo(s)tre concurrent(s) direct(s) au poste que vous occupez sur le terrain à l'Espérance ? Et en Équipe Nationale ?

Chacun a son poste sur le terrain et son apport pour le jeu de l'équipe. C'est vrai qu'il y a une grande concurrence que ce soit à l'Espérance ou en Équipe Nationale, mais elle n'est que bénéfique pour tout le monde. A priori, je ne vois que Tijani Belaïd qui joue dans le même poste que moi.

Que pensez-vous de l'association Msakni-Baghouli-Darragi au milieu ? Est-elle envisageable selon vous ?

Il n'y a que le coach qui puisse décider de cela, mais je trouve l'association envisageable, du moment que nous avons déjà joué ensemble lors du dernier derby. C'était certes dans des circonstances assez particulières, mais je crois que nous pouvons être complémentaires pour donner le plus escompté à l'équipe.

Et sur un plan plus relationnel, comment ça se passe avec Msakni et Baghouli ?

Nous sommes de bons amis, je dirais même que nous avons une relation fraternelle. C'est vrai qu'il y a la concurrence en football, mais en dehors du terrain c'est une autre affaire et nous nous entendons bien ensemble.

DARRAGI ET L'ÉQUIPE NATIONALE

Que pensez-vous de Yassine Chikhaoui ? Seriez-vous complémentaires pour jouer en même temps en Équipe Nationale ?

Chikhaoui est un grand joueur. Il a de grandes qualités techniques qui peuvent bien donner le plus à l'équipe nationale et je pense qu'ensemble, nous pourrons être bien utiles pour donner le plus espéré.

Pour revenir à la fameuse déclaration du sélectionneur national Coelho concernant votre incapacité à tenir 90', quelle était votre réaction et en aviez-vous parlé avec lui ?

Coelho me dis toujours que je dois travailler encore et encore. Pour sa déclaration et pour ne pas me répéter, je la respecte. Mieux encore, pour moi ce n'est pas trop important si je suis titulaire ou si j'entre en coure de match, l'essentiel est que je montre que je mérite de porter le maillot de l'équipe national.

Quels changements y a-t-il au sein du groupe depuis l'avènement de Coelho en remplacement de Lemerre ?

Mon expérience avec M. Lemerre était trop courte, ce qui rend mon jugement peu objectif. Quant à M. Coelho, il aime bien les bons éléments. Personnellement, il m'a demandé de faire de la musculation pour travailler plus mon physique.


DARRAGI, ENCORE ET ENCORE

Pouvez-vous nous parler des 20 secondes qui ont précédé le penalty réussi en finale de Ligue des Champions (CL) arabe contre le Wydad Athlétique de Casablanca ?

J'ai eu une sensation étrange au début. Mon esprit s'est arrêté l'espace d'une fraction de seconde et d'un coup je me suis dit que c'est à moi de tirer le penalty. Du coup, j'ai repris confiance en moi, surtout que j'étais à l'origine de la faute. Mais lorsque la balle a percuté le poteau, j'ai eu une petite frayeur et grâce à Dieu, la balle a continué son chemin dans les filets et c'est l'essentiel.

Dans quel club européen rêvez-vous de jouer ?

Mon rêve à moi est de jouer un jour au FC Barcelone.

Beaucoup de joueurs africains se sont illustrés dans des championnats et clubs des plus prisés au monde, à l'instar des Drogba et Eto'o. Selon vous, que manque-t-il au joueur tunisien pour faire d'aussi retentissantes carrières à l'étranger ?

Tout d'abord, le joueur doit avoir de grandes qualités pour espérer jouer un jour dans ces clubs. Il y a aussi un peu de chance là-dedans, mais même si on part vers un club de petit calibre, on peut un jour passer à un palier supérieur et jouer dans des grandes équipes. Le tout dépend toujours de la mentalité du joueur, il y en a qui dès dés qu'ils touchent à de l'argent, ils oublient l'essentiel.

Et qu'en est-il pour Oussema Darragi ?

Pour moi, si Dieu le veut bien, je ferai de mon mieux pour ne pas tomber dans les mêmes erreurs et j'essayerai de ne pas brûler les étapes. Aussi, je suis conscient de ce qui m'attend et j'espère bien réussir ma carrière.

Quelle est votre idole de footballeur ou le joueur qui vous a le plus influencé ?

Depuis mes 15-16 ans, j'étais ébloui par les qualités de Ronaldinho et j'espère bien retrouver toutes mes sensations pour tirer de jolis coups francs à sa manière.

Pouvez-vous nous parler de Darragi en dehors des terrains : son tempérament, ses hobbies, ses sorties, etc. ?

Je me comporte comme tout le monde. Rien n'a changé en moi et je n'ai pas attrapé la grosse tête suite à mon nouveau statut et c'est l'essentiel pour moi. Je passe la plupart du temps chez moi pour jouer au Play Station ou avec mes amis pour faire du shopping et même faire les courses pour ma mère.

Si on devait faire un hymne à votre nom, comme celui dédié à Eneramo, quel(s) air(s) préfèreriez-vous ?

Je n'ai pas un rythme spécial dans ma tête et j'apprécie tout ce que chante notre public. Et si on devait reprendre le même refrain que celui dédié à Eneramo, cela m'ira sans problème.

Que représente pour vous l'Espérance ?

Je suis à l'Espérance depuis mon jeune âge et j'ai beaucoup appris depuis les catégories de jeunes. Je me sens chez moi et c'est difficile pour moi d'envisager la séparation d'un coup...

Et ses supporters ?

Le public nous était d'un grand apport la saison dernière. Il nous a beaucoup aidés à dépasser les mauvais résultats. Sur le terrain, nous nous sentions avantagés grâce à son immense soutien. Cela nous a permis de nous surpasser lors des difficultés rencontrées à l'occasion. C'est un public phénoménal pour lequel nous allons faire tout ce qui est possible pour lui procurer les meilleures joies.

Vous connectez-vous sur le site E-S-Tunis.com et surtout le forum TarajjiMania pour y recueillir les avis des supporters concernant vos propres prestations ?

Non je n'ai pas encore visité le site, mais je le ferai avec plaisir, promis.

Et si vous avez à adresser le mot de la fin au public qui vous a choisi meilleur joueur de la saison 2008-2009 à l'Espérance, que voulez-vous lui dire ?

Je suis très content de cette consécration personnelle. Je remercie beaucoup tous ceux qui m'ont donné leur confiance et j'espère que cette saison nous ferons mieux que la saison dernière pour offrir à nos chers supporters le championnat et surtout la Champion's League africaine.