CAFCL 2018

CAF, VAR et vieux démons — Acte II


Stupeur des joueurs de l'Espérance face aux décisions injustes de l'arbitre Mehdi Abid Charef. (Photo twitter)
Stupeur des joueurs de l'Espérance face aux décisions injustes de l'arbitre Mehdi Abid Charef. (Photo twitter)

...

Nous sommes le vendredi 02 novembre 2018, il est un peu plus de 22 h (heure de Tunis), Mehdi Abid Charef a sifflé la fin de la première manche de la finale de ligue des champions africaine depuis quelques minutes et les réactions affluent, les informations aussi.

D’abord sur l’accueil auquel ont eu droit Hamdi Meddeb et le groupe espérantiste aux abords du stade. Bus arrêté pendant plus de 20 minutes, voiture du président de l’Espérance fouillée, provocations gratuites du contingent de flics égyptiens affrétés spécialement pour l’occasion, changement d’itinéraire et de porte d’entrée de la délégation espérantiste… Tout a été fait pour essayer de déstabiliser les nôtres ! 

Ensuite avec les supporters espérantistes, malmenés, insultés, empêchés de faire rentrer au stade ne serait-ce que de simples lunettes de vue ! Oui des lunettes de vue ! Supporters installés dans des gradins entourés de hordes Ahlaouites menaçantes et violentes. 

Enfin, lors du match. Nous apprenant que les assistants vidéos ont été surpris des décisions de l’arbitre central, qu’ils ont essayé de lui faire entendre raison, mais qu’il s’est entêté à accorder les deux pénaltys ! 
La CAF a très vite réagi après la fin du match, en gelant d’abord les activités de Mehdi Abid Charef jusqu’à nouvel ordre et en l’excluant de la coupe du monde des clubs qui aura lieu au mois de décembre, c’est dire la gravité des actes de l’homme au sifflet. L’instance africaine a ensuite indiqué se réunir très prochainement pour décider du sort du trio Dhaouadi, Kom et Azaro en se basant sur les images du match. 

Nous ne pouvons que saluer cette prise de position rapide qui ne peut, en aucun cas, nous faire oublier le feuilleton de série Z qui s’est joué durant la semaine précédant le match et dont l’épilogue fut l’annonce le matin même de la rencontre d’une série de mesures disciplinaires inédite à l’encontre de l’Espérance sportive de Tunis ! 300 000 dollars d’amende, deux matchs de huis clos avec sursis d’un an, interdiction d’utiliser le virage sud lors de la finale retour, obligation de réserver des gradins aux publics égyptiens qui soient séparés du reste des supporters espérantistes ! 

Les soupçons de corruption de l’arbitre algérien ont crû dès la fin de la rencontre avec l’afflux de photos et de documents dont la véracité reste à déterminer. Sur l’une de ces photos, on y voit le trio arbitral flanqué du maillot ahlaoui lors de la semaine de formation aux techniques du VAR qui s’est déroulée en Égypte. Sur une autre, nous voyons la correspondance adressée par le président du directoire de l’entreprise émiratie Présentation sport, sponsor officiel d’Al Ahly, au président du club égyptien en date du 01 novembre, par laquelle il l’informe de l’octroi de la somme de 200 000 dollars américains au titre de cadeaux et de frais de séjour du trio arbitral officiant la finale de la ligue des champions africaine.      

Les réactions à Tunis ne se sont pas fait attendre non plus. Le samedi, et à la suite d’une réunion de crise de la Fédération tunisienne de football, une correspondance a été adressée à la CAF demandant : des mesures disciplinaires à l’encontre de l’arbitre de la rencontre, des mesures disciplinaires à l’encontre du joueur marocain d’Al Ahly Walid Azaro pour geste antisportif, une plainte officielle pour l’accueil réservé au groupe espérantiste au Caire, l’annulation des mesures disciplinaires prises à l’encontre de l’Espérance sportive de Tunis. Le dimanche, c’est le chef de gouvernement tunisien Youcef Chahed qui a accueilli le président de l’Espérance, ainsi que le président de la FTF. À l’issue de cette rencontre, la présidence de gouvernement a indiqué son plein soutien à toute action entreprise par le club tunisien et garantissant l’ensemble de ses droits. 

Le début de semaine risque donc d’être déterminant et d’apporter son lot de décision et, espérons-le, de surprises — car disons-le clairement, la CAF nous a habitués à ces magouilles — qui mettraient définitivement fin à l’injustice du premier acte de cette finale qui restera, peu importe le résultat dans les annales, et permettrait à l’équipe tunisienne de jouer pleinement ses chances au match retour. Mais la CAF réussira-t-elle à se débarrasser de ses vieux démons ?