Vingt-quatre heures après la Côte d’Ivoire, le Nigeria a obtenu son billet pour la finale de la 10e CAN U17 Maroc Telecom, écartant en demi-finale la Tunisie par 4 buts à 2.
Le match avait démarré sur les chapeaux de roue. Sur la première action après le coup d’envoi, les Golden Eaglets montaient à l’assaut des buts tunisiens, en bonne position l’attaquant Kelechi Ihenaocho frappait, le ballon était détourné par Hamza Ben Chrifia. L’arbitre assistant avait levé son drapeau pour signaler un hors-jeu. Mais une minute plus tard, le même passait en revue toute la défense tunisienne avant d’ouvrir le score. Le chrono n’indiquait pas deux minutes de temps joué, et le Nigeria menait 1-0. Il y aura bien une petite réaction de Chiheb Jbeli mais sa tentative sans conviction trouva sur son chemin, comme une offrande, Adeyinka Adewale. Un deuxième but surviendra, à la 11e minute, suite à un départ déterminé de Musa Yahaya à environ trente mètres de la ligne de but tunisienne. Il donnait le ballon à Mustapha Abdullahi qui le lui remettait instantanément, seul face au gardien il ajusta une frappe décisive. 2 à 0 pour le Nigeria.. Les Tunisiens, curieusement, étaient le plus souvent dans la moitié de terrain nigériane, sans en tirer le moindre bénéfice. Le jeu simple, dépouillé, direct, exclusivement orienté vers l’offensive, jamais de ballon donné en retrait, des Nigérians se montrait d’une rare efficacité puisqu’ils ajoutaient un troisième but sur une reprise au deuxième poteau de «Mister Goal» Isaac Success, après un corner. Après vingt et une minutes, l’addition s’élevait à un cinglant 3-0.
A ce moment-là de la demi-finale, tout le monde se posait la question de savoir combien les Tunisiens allaient encaisser de buts. On se le demandait encore lorsque quatre minutes plus tard, coup de théâtre, profitant d’une grosse erreur défensive du capitaine Mohammed Musa et de ses camarades, Firas Ben Larbi marquait. 3-1. A la 30e minute, les Aiglons de Carthage récidivaient sur une tête d’Hazem Haj Hassen après un service sur coup franc de Ben Larbi. 3 à 2. Brusquement les Tunisiens étaient revenus dans le match. «A ce moment-là, je leur ai dit de continuer, de joueur leur football et de serrer la défense. Mais il faisait très chaud (38° sur la pelouse) et il y avait aussi la fatigue accumulée lors des trois matches précédents. Ils ont manqué de jus pour le faire», disait l’entraîneur Abd El Hay Ben Soltane.
Toujours est-il qu’à mi-match, tout restait jouable. Le plus étonnant c’est que les statistiques donnaient les Tunisiens en tête pour la possession de balle (58/42), pour les tirs au but (9 dont 8 cadrés contre 6 et 5), pour les corners (6/4), les dribbles (48 contre 29) et encore la durée moyenne des séquences (8 secondes contre 6). Mais celui qui se serait contenté de cette seule comptabilité n’aurait pas pu croire que les Nigérians avaient fait le ménage en vingt minutes avant de cafouiller leur défense.
La deuxième période fut jouée sur un rythme moins soutenu de part et d’autre. Les Tunisiens s’efforçaient de tenir le ballon; les Nigérians contre-attaquaient par les ailles avec Mustapha et Nwakali au départ, puis Bulbwa Yahaya. «Ces deux-là et les deux attaquants de pointe Success et Iheanacho constituent le quatuor magique des Golden Eaglets», appréciait le directeur technique du football tunisien et ancien sélectionneur national Youssef Zouaoui.
C’est d’ailleurs Iheanacho qui allait emporter définitivement la décision après un débordement sur le côté gauche suivi d’un tir croisé que Ben Chrifia ne parvenait pas à stopper. Le panneau d’affichage affichait désormais un 4-2 qui restera le score final. L’entraîneur tunisien, Abd El Hay Ben Soltane, reconnaissait que la puissance athlétique de l’équipe et le talent des deux attaquants nigérians n’avaient pas d’équivalent dans son équipe. Pour lui d’ailleurs le groupe de Marrakech qui a fourni les deux finalistes était le meilleur «Dans celui de Casablanca, le Maroc et la Tunisie se sont normalement qualifiés, mais le Gabon et le Botswana sont, disait-il, des équipes imprévisibles». Dans les rangs nigérians, les joueurs savouraient sans excès la qualification et leur entraîneur Manu Garba affichait juste un petit sourire complice au moment d’entrer dans la salle de conférence de presse, confirmant que le jeu du Nigeria, c’est l’attaque. «On ne fait pas de comptabilité, mais ici nous en sommes à 17 avant la finale».
Samedi prochain il n’y aura pas de finales croisées Nord-Ouest. Les deux représentants du Nord joueront la petite finale et ceux de l’Ouest la match pour le titre. Les uns et les autres se sont déjà rencontrés : Marocains et Tunisiens ont fait match nul (1-1) lors du match sans enjeu de la troisième journée du groupe A; les Ivoiriens sont les seuls à avoir battu les Nigérians (1-0) lors de la seconde journée du groupe B. Et leur seconde confrontation s’annonce très alléchante.