Fin de la procédure de test de la technologie sur la ligne de but
Dans moins de deux mois, les membres de l'International Football Association Board (IFAB) se réuniront à Kiev en séance extraordinaire pour prendre une décision potentiellement historique, puisqu'elle concerne l'usage de la technologie sur la ligne de but.
Lancée en septembre 2011, la procédure concernait aux départs huit sociétés. La deuxième phase de test a débuté ce 10 mai 2012 avec l'une des deux entreprises encore en lice (Hawk-Eye) au St Mary's Stadium de Southampton.
Malgré la pluie et le vent, les membres de l'EMPA, l'organisme indépendant chargé de la réalisation des tests, les représentants de l'IFAB et quelque 50 journalistes ont assisté à la démonstration depuis le bord du terrain. Bien entendu, personne ne voulait manquer ce premier test "grandeur nature".
Les spectateurs ont ainsi pu suivre l'épreuve dite du "mur d'impact", réalisée avec l'aide d'une machine placée à 6m du but. La taille et la forme du mur sont comparables à celles d'un gardien de but (1m90). L'objectif pour l'EMPA est ici de vérifier la précision de la technologie Hawk-Eye dans des conditions dynamiques. Le mur est tout d'abord placé devant la ligne de but. Il est ensuite reculé progressivement, jusqu'à se retrouver derrière le trait blanc. La machine projette le ballon sur le mur à une vitesse allant de 50 à 120km/h, tandis que des caméras haute définition permettent de vérifier si le ballon a franchi la ligne ou non. S'il y a but, une vibration et un signal visuel sont transmis à une montre en moins d'une seconde.
Membres de l'équipe de l'EMPA, Rolf Staempli et Michael Koster ont affirmé avoir supervisé entre 3 000 et 4 000 tirs depuis l'automne dernier, grâce à des caméras haute définition capables d'enregistrer 2 000 images par seconde.
La technologie Hawk-Eye est déjà utilisée dans de nombreux tournois de tennis à travers le monde. Steve Carter, directeur exécutif de l'entreprise basée à Basingstoke, affirme avoir mis au point la "Rolls-Royce des systèmes" pour le football.
Différences avec le tennis
"Depuis 2007, nous avons investi énormément d'argent dans le développement de notre technologie sur la ligne de but. Notre système utilise 14 caméras, sept à chaque extrémités du terrain", explique l'entrepreneur.
"Le tennis est différent du football, en raison de la trajectoire des balles mais aussi des déplacements des joueurs. Nous avons fait nos preuves sur les courts mais nous nous soumettons aujourd'hui à une batterie de tests rigoureux et scientifiques. Nous avons le sentiment d'être en demi-finale, aux portes de l'exploit."
Neale Barry (Angleterre), William Campbell (Irlande du Nord), John Deakin (Pays de Galles) et John Fleming (Écosse) sont tous d'anciens hommes en noir qui dirigent aujourd'hui le corps arbitral de leur pays respectifs. En marge de ces activités, ils appartiennent à la sous-commission technique de l'IFAB.
Ce lundi 7 mai en Premier League écossaise, Hibernian s'est vu crédité d'un but alors que les ralentis ont montré que le ballon avait heurté la transversale et rebondi devant la ligne. Face aux questions des journalistes, Fleming a défendu son collègue : "Les arbitres ne sont pas là pour jouer aux devinettes. Ils prennent une décision sur l'instant, en étant convaincus d'avoir fait le bon choix".
"Lundi, l'arbitre s'est trompé. Si la technologie sur la ligne de but est validée, le corps arbitral bénéficiera d'une aide précieuse pour prendre une décision cruciale lorsque les circonstances ne permettent pas de se faire une idée claire."
Responsabilité historique
La prochaine Assemblée Générale de l'IFAB aura lieu en mars 2013. Les gardiens des Lois du Jeu se réuniront alors pour la 128ème fois. Neale Barry, directeur de l'arbitrage anglais, participera à sa septième Assemblée Générale. "Au cours des 18 derniers mois, l'IFAB a changé d'approche vis-à-vis de la technologie sur la ligne de but. Le but refusé à Frank Lampard en Coupe du Monde a fait évoluer les mentalités."
"La phase deux comprend notamment des tests à l'entraînement, des tests en laboratoire et des tests en conditions de match. Après une procédure si exigeante, nous espérons que l'une ou l'autre compagnie (l'autre société encore en lice est GoalRef, qui débutera la deuxième phase de test à la fin du mois) satisfera à toutes nos demandes d'ici le 2 juillet."
"Aujourd'hui, nous pouvons envoyer un homme sur la lune mais nous ne sommes pas capables de dire si un ballon à franchi une ligne. Les gens se posent des questions. Pourtant, la première phase a prouvé que la chose n'était pas si simple, puisque six des huit compagnies ont été recalées."
Le mot de la fin revient à William Campbell, qui assistera en mars à sa 15ème Assemblée Générale : "L'IFAB est une organisation très conservatrice. Depuis 127 ans, elle ne modifie les Lois du Jeu qu'à condition d'avoir la certitude que les changements bénéficieront à tous les acteurs du football dans le monde".
"Beaucoup de gens pensent que nous avons l'occasion d'écrire l'histoire le 2 juillet mais nous sommes conscients de la responsabilité qui pèse sur nos épaules."