Le Maroc et la Tunisie sans problème ?
Face au Gabon qui organise la compétition et à une équipe du Niger néophyte à ce niveau, Tunisie et Maroc sont bien placés pour jouer les premiers rôles dans le groupe C. Expérience et talent devraient permettre aux deux pays phares du football maghrébin de concrétiser sur le terrain leurs ambitions affichées de victoire.
Si la rencontre entre le Gabon et le Niger inaugure le bal le 23 janvier dans le groupe C, tous les yeux seront braqués sur la rencontre du soir entre la Tunisie et le Maroc.
Logiquement favorites les deux équipes du Maghreb font figure d'épouvantail dans une compétition amputée de quelques grands noms du football africain comme le Cameroun, le Nigeria ou l'Algérie, éliminée par... le Maroc. "C'est un derby, un classique. C'est une rencontre particulière qui représente tant pour les supporters, pour les joueurs, pour tout le pays", confiait l'ancienne gloire du football marocain, Salaheddine Bassir sur Afrik-foot.com. Au-delà de la rivalité, c'est aussi la suprématie du foot arabe qui est en jeu. Au sommet du football africain dans les compétitions de clubs (victoire de l'Espérance Tunis sur le Wydad Casablanca e Ligue des champions africaine, du MAS de Fès sur le Club Africain en Coupe de la Confédération,) les deux pays pratiquent un football offensif qui les amène légitimement à viser la plus haute marche du podium.
Une animation offensive de feu
"Notre objectif est de jouer pour gagner la CAN" avouait Eric Gerets. Celui qu'on surnomme le Lion de Rekem a su imposer sa culture du résultat à un groupe qui regorge de talents (Belhanda, Boussoufa, Kharja, Taarabt pour ne citer qu'eux) et valorisé par des joueurs d'expérience (Chamakh, Hadji). Un cocktail qui a fait ses preuves en éliminatoires et qui ne demande qu'à exploser dans la compétition. En face, la Tunisie emmenée par Sami Trabelsi est en pleine confiance. "On est satisfait de cette préparation avant la CAN. Contrairement, peut-être, à d'autres échéances qu'on a pas bien préparé... Là, on a fait une belle préparation. Je pense qu'on a un groupe qui est très homogène, qui est très solidaire. Il y a un bon mental, un bon état d'esprit et j'espère qu'on va le concrétiser sur le terrain et pendant les matchs aussi", assurait d'ailleurs le sélectionneur à Afrik-foot. Vainqueur du CHAN en pleine révolution il y a un an, les Aigles de Carthage possèdent eux aussi un bel effectif. Entre la colonie du champion d'Afrique en titre, l'Espérance Tunis et les "Européens", la Tunisie, meilleur deuxième derrière le Botswana en qualification, espère "rentrer avec la CAN. Rien n'est impossible"de l'aveu du meneur de jeu, Oussama Darragi.
Rohr-Courbis, à l'expérience ?
Deux adversaires "redoutables" selon les mots du sélectionneur Gernot Rohr mais qui n'effraient pas le Gabon : "Nous partons avec l'avantage de jouer à domicile et aurons l'obligation d'être au top au niveau de la motivation". Pays co-organisateur avec la Guinée équatoriale, le Gabon apparaît cependant en retrait par rapport aux deux géants maghrébins. Mais, avec l'appui de tout un peuple derrière elle, la sélection des Panthères espère secrètement créer la surprise avec son attaque tout en puissance (Mouloungui, Cousin, Aubameyang). Bon présage ? La sélection des moins de 23 ans a remporté la CAN de la catégorie en battant le Maroc. Le Niger, quant à lui, rentre dans la compétition avec des ambitions plus modestes. Qualifié pour la première fois de son histoire le Mena, entraîné par Harouna Doula, meilleur entraîneur africain 2011, ne portera pas le poids de la pression. Inattendu premier d'un groupe qualificatif ardu (Afrique du Sud, Sierra Leone et Egypte), l'équipe de l'attaquant à éclipse Moussa Maazou jouera crânement sa chance. Et avec Rolland Courbis appelé en renfort, le Niger a désormais plus d'un tour dans son sac.
Antoine Bruxeille - Afrik-Foot
Un match Gabon-Maghreb
Le Gabon entend honorer son rang de pays hôte et nourrit de grandes ambitions. Mais les Panthères auront fort à faire face au Maroc et à la Tunisie, poids lourds du Maghreb. Quant au Niger, le petit poucet est là pour apprendre et plus si affinités. Présentation du groupe C.
Le Gabon espère surfer sur la vague olympique
Têtes de série, le Gabon, qualifié d'office en tant que pays hôte, s'est longuement préparé sous la conduite de Gernot Rohr. A l'instar de son homologue olympique, qualifiée pour le JO de Londres 2012 et sacrée championne d'Afrique de sa catégorie fin 2011, l'équipe fanion des Panthères vise le titre. Fidèle à son credo, le technicien franco-allemand, arrivé aux commandes au printemps 2010 après la non-reconduction d'Alain Giresse, a mis en place un bloc solide. La défense, secteur donnant le plus satisfaction, comporte plusieurs combinaisons de grande qualité en charnière centrale, avec Moïse Brou Apanga, revenu de blessure, Bruno Ecuele Manga, abonné aux bonnes prestations avec Lorient, et l'homme qui monte, Rémy Ebanega, désigné joueur local de l'année. Après divers tâtonnements, le schéma préférentiel s'avère être un 4-3-3, avec un milieu de terrain compact et accrocheur servant de rampe de lancement à une attaque composée de Daniel Cousin, venu se relancer au FC Sapins cet automne afin de retrouver le rythme suite à plusieurs mois d'inactivité, et des deux ailiers brillant cette saison en Championnat de France, Eric Mouloungui (Nice) et Pierre-Emerick Aubameyang. Solide et cohérente, l'équipe a un gros défaut : elle marque assez peu. Des tensions sont apparues entre Eric Mouloungui et Daniel Cousin, sur fond de contestation plus ou moins feutrée du sélectionneur. Capables de produire du jeu et de se créer des occasions, les hommes de Gernot Rohr, conforté cet automne après un certain flottement, peinent souvent à concrétiser. Alors que Daniel Cousin apparaît encore loin de sa meilleure forme physique, le Gabon serait bien inspiré de résoudre ce problème, ancien, d'entrée, face au Niger, afin de faire la course en tête dans ce groupe C. Sous peine de prendre le risque de revivre la même mésaventure qu'en 2010, quand l'équipe fut éliminée au premier tour de la CAN pour ne pas avoir marqué autant de buts que ses concurrents directs.
La Tunisie, pour refaire le coup du CHAN
Victorieuse lors de l'édition 2004 disputée à domicile, la Tunisie est depuis abonnée aux phases finales. Si les Aigles de Carthage ne sont sans doute pas aujourd'hui l'équipe maghrébine la plus dotée en noms ronflants, le talent n'est pas pour autant absent. Désormais dirigés par un technicien local et ancien joueur emblématique de l'équipe nationale, Sami Trabelsi, les Tunisiens ont du batailler ferme dans un éprouvant groupe à cinq pour décrocher leur ticket. Il leur fallut attendre la dernière journée des éliminatoires, et une égalisation du Tchad face au Malawi, pour que le billet soit en poche. Ce statut de miraculé, la Tunisie entend en faire une force. Son avantage, dans le contexte d'une CAN disputée en Afrique Noire, réside dans sa composition. Finie l'équipe quasi-exclusivement « européenne » de l'époque Lemerre-Coelho, place à un onze mixte, mêlant talents expatriés et compétences locales. Ces derniers éléments, rompus avec leurs clubs aux joutes africaines, leur lot de terrains difficiles, et de pressions du public, apporteront un plus intéressant dans le contexte gabonais. Ce fut déjà le cas lors du CHAN 2011, remporté haut la main par la Tunisie après avoir notamment écarté le tenant du titre congolais. Autre source de motivation pour cette équipe en mission : la volonté de porter l'image du pays pionnier de la révolution arabe. Cette corde patriotique vibra déjà à plein l'an passé lors du CHAN soudanais. Bis repetita cette année ? Pour ce faire, l'équipe devra éviter de retomber dans ses travers, qui lui rendirent la vie si difficile en éliminatoires : laisser filer les matches quand le destin se montre contraire, commettre des étourderies en défense alors que les charnières tunisiennes (Abdennour, Haggui et Jemal en tête) sont parmi les meilleures du continent si l'on en juge par la cote des joueurs qui les composent.
Le Maroc ne cache pas son appétit
Comme la Tunisie, le Maroc a déjà coché la date du 23 janvier sur tous les agendas footballistiques. Ce jour-là, les Lions de l'Atlas livreront leur première bataille depuis quatre ans en phase finale face à leur voisin maghrébin. Sous la houlette d'Eric Gerets, les Lions de l'Atlas ont repris du poil de la bête, prenant la première place d'un groupe pas évident malgré une défaite sur la pelouse de leur rival algérien. Souvent vanté pour son football offensif de qualité, le Maroc made in Gerets s'est également illustré par sa solidité lors de ses déplacements en terre d'Afrique Noire, avec une victoire déterminante en Tanzanie (0-1) et un nul solide en Centrafrique (0-0). Constellée de jeunes joueurs de grande classe (Taarabt, Assaïdi, Carcela, Amrabat, El Arabi), avec semble-t-il enfin une harmonie entre Néerlandophones et Francophones, les Lions peuvent aussi compter sur leur vieille garde. En panne de temps de jeu avec leur club respectif, Marouane Chamakh et Youssouf Hadji entendent bien faire parler la poudre en terre gabonaise et équato-guinéenne. Derrière un entrejeu très technique, ordonné autour du taulier Houssine Kharja, la défense pourra compter sur un Mehdi Benatia en pleine ascension. Sous réserve que la rigueur soit au rendez-vous, le Maroc peut nourrir de l'ambition et viser haut dans cette Coupe d'Afrique. C'est en tout cas le souhait d'Eric Gerets, qui a maintes fois clamé sans ambages son ambition de ramener le trophée à Rabat. Ce qui positionnerait le Maroc très haut dans la hiérarchie africaine, sachant que le pays organisera l'édition 2015 et disputera cet été les JO de Londres.
Le Niger veut embêter les gros
Qualifié au bénéfice du règlement de la CAF après une égalité parfaite dans sa poule, qui comportait comme grands favoris l'Afrique du Sud et surtout l'Egypte, le Niger fait partie des petits poucets de la compétition. Pour sa première phase finale, le Mena national sera avant tout là pour apprendre et faire bonne figure. Il s'agira donc de confirmer les progrès effectués sous la houlette d'Harouna Douala, désigné meilleur entraîneur africain de l'année 2011 par la CAF. La vedette de l'équipe, Moussa Maazou, n'est en revanche pas au mieux, comme en témoigne le Ballon de plomb des Cahiers du Football reçu par l'attaquant, à la peine avec Zulte-Waregem. On peut donc l'imaginer revanchard et désireux de prouver sa valeur aux yeux du monde lors de cette CAN. Pour l'occasion, le Mena bénéficie de l'expertise de Rolland Courbis, qui a accepté de seconder le sélectionneur et lui apporter son expérience des grands rendez-vous. Dans une interview exclusive accordée à Footafrica365.fr, le coach français dit espérer « ennuyer les meilleurs ». A commencer par le Gabon, pays hôte lors de la première journée ?
Calendrier du groupe C :
23 janvier (Libreville) : Gabon-Niger (17h) ; Maroc-Tunisie (20h).
27 janvier (Libreville) : Niger-Tunisie (17h) ; Gabon-Maroc (20h).
31 janvier (Libreville) : Gabon-Tunisie (19h)
31 janvier (Franceville) : Niger-Maroc (19h)
Nabil Djellit (Rédaction Football365/FootSud)