Portrait

Maâloul, confiance et Espérance


Après les titres nationaux, le titre continental. (Photo AFP)
Après les titres nationaux, le titre continental. (Photo AFP)

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Même s'il n'a pas toujours été fidèle à l'Espérance Sportive de Tunis, c'est une véritable histoire d'amour que vit depuis maintenant plus de 30 ans Nabil Maaloul avec ce club. Natif de la capitale tunisienne, il a commencé sa carrière de joueur chez les Sang et Or en 1981. Ensemble, ils ont à peu près tout gagné : du championnat de Tunisie à la Ligue des champions arabe en passant par la coupe nationale. Il pourrait y achever celle d'entraîneur, après avoir d'ores et déjà offert, en guise de cadeaux d'adieu, deux titres cette année (coupe et championnat). Et ce n'est peut-être pas fini.

Maaloul et le Taraji ont en effet l'opportunité de rajouter un troisième trophée à leur collection, cette saison. Ils s'apprêtent à rencontrer le Wydad Casablanca en finale de Ligue des champions de la CAF, dont le match aller se déroule ce dimanche 6 novembre au Maroc. Une victoire dans cette compétition ouvrirait aux Tunisiens les portes de la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA, Japon 2011.

"Participer à cette Coupe du Monde serait une consécration pour moi", confie Maaloul dans un entretien accordé à FIFA.com. "Mais chaque chose en son temps.  Le plus important pour nous, c'est d'abord cette finale de Ligue des champions. Signer un triplé serait historique pour moi et pour le club. Ce serait magnifique de pouvoir offrir cela au public et aux dirigeants espérantistes. Tout Tunis attend ce rendez-vous avec impatience. Au vu du parcours et de la forme de mes joueurs, j'ai confiance en nous. Notre moral est au zénith."

Parcours sans faille et adversaire de taille

Difficile d'en être autrement. En plus d'avoir fait main basse sur la Coupe domestique, son équipe n'a perdu que deux matches au cours de la saison 2010/11 d'un championnat qu'elle a dominé de la tête et des épaules. Emmenée par son duo magique Oussama Darragi-Youssef Msakni , l'EST a dans le même temps brillé sur la scène continentale, balayant tous ses adversaires sur son parcours jusqu'en finale. A une exception près : le Wydad !

"C'est un club que nous connaissons naturellement bien, puisqu'il partageait avec nous le Groupe B de cette Ligue des champions. Et c'est la seule équipe que nous n'avons pas réussi à battre, ayant partagé les points au match aller (2:2 à Casablanca) comme au retour (0:0 à Tunis)", rappelle prudemment l'entraîneur tunisien. "Nous nous attendons à des matches difficiles qui devraient se jouer sur le mental. Je vais essayer de travailler avec mes joueurs cet aspect là. L'idée est de ne pas trop laisser la pression peser sur leurs épaules."

C'est l'expérience qui parle. Maaloul a désormais l'habitude des grands rendez-vous. En tant qu'adjoint de Roger Lemerre, il peut notamment se targuer d'avoir remporté l'unique Coupe d'Afrique des Nations de la CAF (2004) que comptent les Aigles de Carthage à leur palmarès. "Toutes mes expériences ont été déterminantes. Je mets celle de 2004 au même niveau que mes missions en clubs ou dans les chaînes de télévision", tempère pourtant l'intéressé. "En tant que consultant, j'ai côtoyé des techniciens comme Luis Aragonès, Marcello Lippi, Arrigo Sacchi ou Arsène Wenger. Je pense avoir appris avec ces gens là plus qu'avec n'importe qui d'autre !"

Happy end

Les leçons semblent avoir été retenues. Solide et équilibrée, son équipe est une véritable machine à gagner, portée par des joueurs d'expérience tels que Mejdi Traoui ou Khaled Korbi, autant que par de jeunes talents, à l'image du Camerounais Joseph Yannick N'Djeng. "Nous avons une bonne approche offensive et possédons des joueurs qui peuvent faire la différence à n'importe quel moment. Notre organisation défensive tient également la route. Je veille avant tout à ce qu'elle soit collective. Elle commence avec notre premier attaquant", analyse Maaloul.

Revenu aux commandes de l'Espérance en décembre 2010, cet Espérantiste dans l'âme aura en tout cas réussi à rallier à sa cause le cœur de nombreux supporters qui voyaient encore d'un très mauvais œil son passage chez le frère ennemi, le Club Africain, en 1995/97. Une victoire en ligue des champions conclurait en apothéose cette histoire d'amour écrite en Sang en Or. 

"Je ne vais pas entraîner encore longtemps. Je pense vivre ma dernière saison avec l'Espérance. Nous avons certes gagné des titres cette année, l'Espérance joue bien, elle est en train de s'améliorer de match en match, de mois en mois… Mais repartir à l'entraînement après une si longue carrière de footballeur, c'est aujourd'hui un peu difficile pour les nerfs", conclut Nabil Maaloul. Avec le sourire.