Samedi soir, notre équipe nous a offert une belle soirée ramadanesque. La soirée était d'autant plus agréable qu'elle a mis fin à une semaine de doutes et d'incertitudes.
Soyons clair, quand on parle d'incertitudes, voire de doutes, ce n'est pas tant la valeur de notre équipe qui est mise en cause, loin de là. On connaît la qualité de notre effectif et l'encadrement tant administratif que technique ont prouvé par le passé leurs valeurs, mais voilà, les dernières sorties de notre équipe, ajoutées les blessures de joueurs clefs (Darragi et Bouazzi), la méforme de certains comme Msakni, le chambardement de notre axe à cause du rendement insuffisant de Derbali, sans oublier l'incartade d'Eneramo avec notre entraineur adjoint et qui a défrayé la chronique, ont fait que la sérénité n'était pas de mise du moins chez le public averti. Avouez que ça fait trop et croiser le fer avec le champion d'Afrique en titre, même à domicile, n'était nullement une mince affaire.
La victoire du cran
Notre équipe a non seulement empoché les 6 points de la victoire - 6 points puisque la rencontre était face à un concurrent direct - notre principal souci, mieux, elle a fourni une prestation digne de son standing.
Les poulains de Benzarti ont joué sur les points forts et les lacunes des corbeaux. D'abord, ils ont annihilé la force des congolais en bloquant les couloirs surtout leur couloir droit qui a été leur point fort à Lubumbashi. Nos arrières latéraux se sont occupés plus de fermer toutes les issues avec l'aide de notre milieu.
Mais la clef du match a été à mon avis la disposition tactique de notre équipe qui a mis la machine congolaise hors d'usage. On sait tous que les congolais jouent bien au foot, ce sont des techniciens hors pair et physiquement ils sont au point, alors chercher à jouer au foot comme eux serait suicidaire. D'autant que nos génies, en l'occurrence Darragi et Msakni, ne sont pas au top pour diverses raisons.
Benzarti qui a retrouvé sa roublardise, a donné ses instructions pour que l'adversaire ne retrouve pas son jeu, il fallait bloquer ses manœuvres quand il est déjà dans sa zone et couper le pont à leurs véloces attaquants. Ensuite procéder par un jeu rapide presque en contre en misant sur Eneramo, mais aussi Msakni et Afful sur les couloirs, sachant que la défense congolaise est poreuse et pour une fois le jeu long en profondeur nous allait à merveille.
Le scenario mis par notre staff technique a marché à merveille, et les deux buts d'Eneramo ont facilité la réussite de la tactique adoptée par nos joueurs. Le premier but venu à la suite d'une bourde de leur défense, axe et gardien compris, nous a facilité la tâche. Le second un chef d'œuvre du genre, a mis KO l'équipe adverse qui est devenue le fantôme de TP Mazembe, le reste n'étant plus qu'un jeu d'enfant et le troisième but est venu couronner le rendement plus qu'honorable de nos poulains et individuellement, il a parachevé l'époustouflante prestation de Walid Hicheri.
EneramoGool
Que retenir de cette rencontre ? D'abord et avant tout, on est de nouveau leader de ce groupe et on a mis un pied en demi-finale de cette prestigieuse coupe. Il nous reste quand-même un point à glaner pour y être mathématiquement.
Mais ce qui reste dans nos mémoires, c'est la semaine folle que nous a mené Eneramo après la rencontre de Zarzis : Michaël est passé d'un proscrit, un mal aimé, presque un hors la loi, à un héros, un sauveur, bref, un paladin. C'est qu'Eneramo est un être à part, il est gâté, choyé, capricieux, fantasque, voire versatile. Mais j'ai comme l'impression qu'il adore la pression, quand il gaffe et se rend compte de ses écarts, il redevient EneramoGool, celui qui fait peur, une bête féroce qui sème la terreur sur le terrain bien entendu.
Samedi dernier, Michaël a semé à lui seul le trouble devant les champions d'Afrique. Il a bloqué leurs défenseurs qui paniquaient à chaque ballon que pouvait récupérer Eneramo. Il n'a pas raté l'occasion qui lui a été offerte par la défense adverse et a inscrit son premier but. Il a marqué son deuxième but d'anthologie, en mettant trois défenseurs dans le vent, avant de fusiller le portier noir et blanc. Il a fait un sprint de 50 mètres, digne de Carl Lewis le fameux sprinter américain des années 80-90, et, cerise sur le gâteau, un beau ciseau sur le poteau. Qui dit mieux… ? Eneramo le mastodonte est de retour, et ma foi ça ne fera que des heureux parmi les supporters Sang et Or, à condition qu'il continue sur cette lancée.
La surprise du chef
Le défenseur Walid Hichri lors du match face au TP Mazembe, le 28 août 2010 à Radès. (Photo CHALA)
Notre ami Fayçal Ben Habib présageait une surprise du chef dans son article de samedi dernier et on a eu un beau cadeau, c'était la prestation ô ! combien éloquente de Walid Hicheri, un joueur recruté sur la pointe des pieds, puisqu'enfant de notre frère ennemi le Club Africain, puis il a choisit l'exil en jouant dans un club russe le Saturn Ramenskoïeqa durant une saison avant d'atterrir au CAB. L'arrivée de ce joueur, chez nous, n'a pas fait l'unanimité, loin de là, d'autant que ses débuts sous les couleurs de l'équipe de Bab Souika était très mitigés. Il ne devait sa titularisation qu'à la méforme de Derbali et le mécontentement du public Sang et Or à son égard. Et voilà que devant l'attaque de feu des corbeaux, Hicheri a non seulement tiré son épingle du jeu, mais il a aussi carrément éclaboussé son talent de défenseur. Il était au four et au moulin et s'est permis le luxe de non seulement inscrire un but comme il sait le faire à la suite d'une balle arrêté, mais en plus, il a fait une incursion digne des grands joueurs et n'eut été le centrage mal ajusté, ça aurait été l'action de la saison.
Mais on doit raison garder. Hicheri est encore à ses débuts, il doit encore prouver tout le bien que l'on pense de lui, en enchaînant les prestations dignes d'un grand joueur axial que l'Espérance a perdu depuis le double départ de Jaïdi et Badra.
Le plus dur reste à faire
Samedi dernier, la qualification pour les demi-finales a été presque acquise, mais le plus dur est devant nous car il ne faut pas cacher les lacunes qui restent palpables. Le temps presse, mais notre équipe ne peut que s'améliorer au fil des rencontres et l'optimisme est permis.
L'organisation calamiteuse
J'aurais aimé terminer sans évoquer encore une fois, l'organisation très défaillante de cette rencontre. C'est d'autant plus navrant, voir choquant, qu'on prend les supporters de l'Espérance pour des moins que rien. J'accuse notre organisation de tout le mal qu'ont eu nos nombreux supporters pour assister à la rencontre. Des milliers n'ont pu avoir une place qu'à la fin de la première mi-temps, d'autres ont passé le plus clair du temps à recourir au système D pour avoir accès à l'enceinte du stade.
Et que notre organisation ne se rabat pas sur la rengaine en vogue : Les instructions viennent de la sécurité.
Non messieurs les organisateurs, c'est vous qui êtes responsables de tous les tifosis qui viennent encourager leur équipe, qui prennent des risques, qui rentrent à pieds rien que pour soutenir leur club. Vous devez leur offrir le minimum de confort. Vous devez taper du poing pour les soutenir et avoir la latitude de mettre nos supporters là ou il faut.
Ce n'est pas normal que le premier étage du virage nord reste vide, alors qu'ailleurs c'est bondé de monde. C'est inexcusable que le premier étage de notre virage sud soit amputé du tiers de sa capacité, alors qu'en bas c'est la gabégie avec un trop plein et des travées pleines à craquer. De plus en plus, on est entrain de vider notre mythique virage à tel point que dans quelques saisons on va avoir un virage complètement désert. Ne nous dites pas que c'est la sécurité qui décide toute seule. On ne veut pas entendre parler de ça, les supporters vous achètent des abonnements et des billets, ils veulent supporter leur équipe dans des conditions décentes.
Voir des hordes de spectateurs entrer par les virages sud et traverser toute la pelouse pour rejoindre les virages nord, alors que la rencontre bat son plein et qu'il y a plusieurs portes du côté des virages nord est vraiment rageant.
Même les abonnées de l'enceinte + censés payer 50 dinars de plus que l'enceinte pour pouvoir assister aux rencontres de notre équipe dans les places qui leur sont destinées à l'enceinte inférieure, ont eu du mal à trouver des places assises et là aussi c'était la pagaille, alors qu'on fermait à clef le portillon qui permet en cas de surcharge d'orienter le trop plein vers l'autre enceinte inférieure situé à gauche de la tribune d'honneur. Soit il y avait beaucoup de resquilles dans cette catégorie, soit on a vendu des abonnements plus qu'il ne le fallait. Dans les deux cas, les scènes d'attroupements de supporters devant ce portillon fermé ou entre l'enceinte inférieur et les loges n'honore pas les responsables de notre organisation.
Je passe outre le fait qu'on disperse des amis ou un enfant de son papa parce que le papa a un abonnement et le petit garçon a un billet mais dans la même catégorie que le père, alors qu'on pouvait simplement fusionner les deux enceintes inférieures. Les premiers venus prennent les places qu'ils veulent, comme ça se faisait à El Menzah il y a des années. Quand lors des compétitions africaines l'enceinte droite se remplit, les supporters s'assoient à gauche.
Il y a tellement de désordre dans l'organisation, qu'il faudrait une fois pour toutes remettre à plat cet organisme et revoir de fond en comble la réorganisation de l'entrée du stade. On parle de sécurité, mais souvent c'est les préposés à l'organisation qui sont les plus agaçants et qui font du n'importe quoi.
On n'a pas besoin de technologies et de cartes d'abonnements dernier cri et tape à l'oeil ou de costumes flamboyant que portent les organisateurs. On a besoin d'avoir la place qui correspond à notre abonnement ou à notre billet, d'y arriver sans être torturés, de ressortir sans être malmenés. Bref, on a envie d'être traités comme des êtres humains et ma foi, ce n'est pas si compliqué que ça.