Même dans ses derniers jours à la tête de la Fédération Tunisienne de Football (FTF), M. Kamel Ben Amor, qui ne compte pas démissionner et pense aller jusqu'au bout de son mandat, ne se lasse pas de mettre son incompétence et ses atteintes à l'Espérance Sportive de Tunis (EST) en exergue. Retour sur une interview accordée au journal Le Temps dans sa livraison du jeudi 11 mars 2010 pour commenter les points qui touchent la nation espérantiste.
Légalité que tu nous tiens ...
Dans la majeure partie de l'interview M. Ben Amor défend bec et ongles la légitimité légale de son investiture à la tête de la FTF et le fait qu'il doit honorer son mandat jusqu'au mois de juin 2010. Ce qui nous importe ici c'est les arguments avancés par le président contestataire et contesté de la FTF. Il se dit responsable et en tant que tel il "doit respecter ses engagements et les contrats en vigueur." L'homme de la FTF ajoute : "Je suis un homme légaliste, qui veille toujours à la légalité de ses actions. Dans ma tête, il n'ya aucun flou : la démocratie y est étroitement liée à l'application des lois et des réglementations en vigueur." Joli à dire et très beau à lire, sauf que ce n'est qu'un discours vide des valeurs qu'il prône.
Essayons, en premier lieu, une petite application de ses mots à sa gestion du dossier Benzarti. Faouzi Benzarti, comme le sait le chef de la FTF, est lié à l'Espérance Sportive de Tunis, doyen des clubs tunisiens, par un contrat légal qui court jusqu'en juin 2011. Ce contrat devient invisible pour M. Ben Amor qui ne voit aucun mal à se déjouer de sa légalité et l'étouffer puisque "Faouzi voulait une chance à la tête de l'équipe nationale et non un simple rôle de bouche trou et il la mérite." Une première contradiction des plus criardes. Tout d'abord, le monde sportif en Tunisie sait bien que M. Ben Amor ne porte pas Benzarti dans le cœur. Il sait encore plus que la désignation de Benzarti à la tête de l'Equipe nationale n'était pas l'idée de M. Ben Amor aveuglé par ses sentiments envers Benzarti. La Tunisie toute entière sait que c'était une demande populaire approuvée par la tutelle.
Mais il y a tout un monde entre la façon d'agir de la tutelle et celle de M. Ben Amor. Jugeons-en. En Ministre qui se respecte, M. Samir Laabidi a pris contact avec le président de l'EST, M. Hamdi Meddeb. Au cœur de la rencontre des deux hommes le court terme de l'Equipe Nationale qui nécessite l'engagement du coach Espérantiste pour veiller aux destinées de la Sélection lors de la CAN 2010 sans que cela ne porte préjudice à l'Esperance. En seigneur, M. Meddeb a acquiescé. Ni lui, ni son coach d'ailleurs, ne pouvaient dire non à ce devoir national, même si l'EST en a ultérieurement fait les frais.
D'autre part, en président maladroit comme il l'a souvent été, M. Ben Amor s'est donné le droit de discuter avec Benzarti un bail de quatre ans sans informer ni la tutelle ni l'Esperance. Néanmoins, il se justifie. Tenez vous bien : "Mais j'étais ferme sur un point; plus question de cumul. Il doit, d'abord, s'arranger avec le club qui l'a engagé, l'EST." Après le trope discursif du "bouche trou", il nous sort celui de l'impossibilité du cumul. Et pourtant l'homme légal de la FTF, qui se targue de respecter les lois, sait plus que quiconque que les règlements de la FIFA interdisent de tels contacts avant l'échéance de contrats légaux. Les précontrats peuvent être négociés et signés six mois et seulement six mois avant l'échéance de ceux en cours.
Deux questions, pas innocentes du tout à M. Ben Amor, pour mesurer l'étendue des écarts et l'ampleur des décalages entre son discours et ses pratiques : En quoi ta gestion du dossier Benzarti cadre-t-elle avec ton respect de tes engagements avec les clubs membres de la FTF, l'Esperance dans notre cas d'espèce ? Où se situe ton respect des contrats en vigueur en engageant des pourparlers avec Benzarti deux ans avant que son contrat ne vienne à terme avec l'EST ? M. Ben Amor tâche incontestablement à enflammer la relation entre Benzarti et son président et plaide une innocence coupable.
Notre association est en plein droit de saisir la FIFA pour plaindre les agissements illégaux de ce monsieur qui tient tant et désespérément à une chaise qui ne veut plus de lui, tout en espérant qu'il saute de cette même chaise avant qu'il ne fasse plus de tort à notre Espérance ô combien chère à nous tous. Il ne veut après tout pas rééditer ses exploits houleux de la fin de la saison dernière !
Voila que notre club vient juste de dépasser les difficultés inhérentes en grande partie au sens du devoir de notre président et à l'acharnement de la FTF à forcer l'Espérance à jouer trois matchs par semaine après la longue trêve de la CAN (allez méditer les lamentations du furieux Pierre Lechantre, dont l'équipe n'a disputé que cinq matches en deux semaines, et lui demander de dresser un état des lieux, pour comprendre le calendrier démentiel et le rythme endiablé qu'endurent nos joueurs), que M. Ben Amor nous sort la tête de nouveau pour remuer le couteau dans une plaie qu'on croyait cicatrisée suite aux efforts colossaux et les mesures idoines prises par le Bureau Directeur espérantiste pour remettre son équipe de nouveau sur les bon rails.
Incompétent et manipulateur de bout en bout !
Rien n'empêche M. Ben Amor de changer de discours dans ses apparitions médiatiques, ni de prendre ses interlocuteurs pour ce qu'ils ne sont pas, persuadé qu'il est que "le public est bon enfant, il est composé d'une majorité de jeunes, facilement manipulés." Son manque de respect envers les jeunes, base de toute société, met à nu son propre discours qui vise la manipulation de l'opinion publique sportive et le degré de son engagement contractuel et moral envers la plus grande frange de la société qu'il est censé contribuer à encadrer.
Le président de la Fédération enchaine en donnant l'explication la plus honteuse et la déclaration la plus choquante en réplique au désarroi de M. Hamdi Meddeb quant au préjudice qu'il a porté à l'Espérance par ses manœuvres irresponsables. "Je voulais me concerter avec Hamdi Meddeb qui a mal interprété mes propos," dit-il, avant d'ajouter l'insulte à l'injure : "Sinon, je ne pense pas que Faouzi Benzarti est la propriété privée de l'EST." Ce n'est pas M. Meddeb qui a mal interprété, mais c'est M. Ben Amor qui ne comprend toujours pas. Tout d'abord, les concertations précèdent les décisions ou les pourparlers et ne les suivent pas. Et puis, le président de l'Espérance l'a clamé haut et fort qu'il n'a de quoi discuter avec le président de la Fédération et que ce dernier, avec tout le respect qu'il lui doit, peut l'attendre jusqu'à l'an 2020 ! (NDLR. Al Chourouk). Y'a-t-il une déclaration plus claire que celle là ? Et pourtant ...
Sachant le refus catégorique de M. Hamdi Meddeb de céder son entraineur, pourquoi M. Ben Amor insiste-il : "Je pense qu'aucun entraîneur étranger ne peut travailler, en ce moment en Tunisie. Faouzi Benzarti est l'homme de la situation. Il faut l'aider et le laisser travailler, lui assurer un environnement propice et lui donner un bon staff technique." Les obligations contractuelles et morales de Benzarti passent encore une fois aux oubliettes dans le discours de l'homme légaliste de la FTF. Rien ne prime dans son discours que l'objectif d'envenimer l'ambiance espérantiste : qu'il laisse, lui en premier, Benzarti faire son boulot à l'Espérance, son employeur actuel. En président qui va quitter les lieux au plus tard en mois de juin, s'il tiendrait bien évidemment jusqu'au mois de juin, pourquoi veut-il imposer ses choix sur le bureau qui va prendre la relève ? Nul ne peut nier que Benzarti n'est pas la propriété de l'Esperance, quel mauvais et insultant choix de mots, il est toutefois sous contrat, légal, j'insiste, avec l'EST. Alors que M. Ben Amor le laisse tranquille et ne le transforme en la marionnette de son discours spécieux.
M. Ben Amor ne s'est enfin pas retenu de relater l'évident : "je prends ma retraite en juin et c'est définitif!" Comme s'il avait le choix ou la capacité de rester encore plus ! Juin n'est pas un écroutement c'est une prolongation pénible à endurer d'un départ qui aurait du s'effectuer beaucoup plus tôt.
Les maux du notre football ont poussé le ministère de la Jeunesse, des Sports et de l'Education Physique de mettre sur pied une commission consultative de la réforme du football tunisien. M. Kamel Ben Amor, le président de la FTF, n'est pas l'un de ses membres. Nous laissons à nos lecteurs le soin d'imaginer les raisons de ce choix des plus rationnels.
A suivre...