Tribune libre

Fable ornithologique


L'entaîneur Faouzi Benzarti se saisissant du trophée du championnat, le 13 mai 2009 à Radès. (Photo CHALA)
L'entaîneur Faouzi Benzarti se saisissant du trophée du championnat, le 13 mai 2009 à Radès. (Photo CHALA)

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Chers Amis,

C'est la trêve des confiseurs, et les hostilités sont mises de côté le temps d'une année nouvelle que j'espère pleine de bonheur et de succès à tous les Tarrajimaniaques !!! En attendant, je ne résiste pas à l'envie de vous conter cette fable. C'est une histoire ancienne, que les ancêtres se sont relayée de génération en génération. Elle a été modifiée peut être, sûrement même, néanmoins, je vous la transmets tel que je l'ai reçue :

Cela s'est passé fort, fort longtemps, sure cette planète ou une autre, je ne le sais point. C'était le temps où les oiseaux dominaient sans partage sur terre. Au royaume de Nissrine, régnait Sa Majesté Royale Nissr FTF Le Grand premier du nom. C'était un aigle énorme, vieillissant, mais qui régissait vaille que vaille les affaires d'une vaste basse-cour, où de puissants vassaux et tétrarques avaient chacun un fief, ses suivants et admirateurs, son propre écusson et ses couleurs. Il y avait parmi ceux-ci le Grand Cygne « Ritaj-Bek » Seigneur de l'Est, doyen des vassaux, et des plus puissants. Il était sans pareil, beau et digne. Il éblouissait ses adorateurs et ses détracteurs par sa splendeur, sa démarche et son maintien, ses toges d'apparat tressées d'or et de sang. L'or, symbole de sa richesse, le sang, souvenir de ses batailles et ses nombreuses victoires. Il y avait également le Grand Haj- Kacem, un flamand rouge, avec sa robe striée rouge et blanc, un oiseau de mauvaise augure, c'était un maître cruel et perfide; haut perché sur ses échasses, et malhabile, trébuchant et se faisant ses croche-pieds tout en accusant les autres de ses propres malheurs. Et puis il y avait Dindon, Maître du Littoral avec sa casaque rouge et son étoile blanche, blême. C'était à la naissance un frustré, hargneux, glouton et cupide. Il se frottait quotidiennement les plumes avec fortes huiles essentielles, et les senteurs du bois; pourtant, à son approche, l'on était assailli de la nauséabonde sensation de fumet de vaches se soulageant derrière un bosquet de sapin. Last but not least, Il y avait maître Corbeau, seigneur des Marches du Sud, un oiseau borgne et stupide, enrobé de sa toge noire et blanche, qui puait le whiskey bon marché (Black&White), et ne suscitait chez les siens guère que des lamentations et des humeurs de déception et de deuil.

Le temps passant et puis un jour, Nissr ayant modelé une idole à son image, un aigle de plusieurs talons d'or massif, convoqua en toute pompe tous ses fidèles et ses vassaux. Il les engagea à convoiter ce trophée. Chaque seigneur devait recruter des coqs de combat portant son écusson et ses couleurs, des poussins, et poids plumes, aux coqs, et super-coqs et s'engager dans des jeux et des joutes sur les pelouses de ses demeures et nombreux châteaux. Dès le premier « moussem », les protégés de Ritaj-Bek raflèrent tous les titres et l'aigle d'or, récompense suprême. Ses admirateurs, et la multitude de ses fidèles, en résumé tous ses suivants affluèrent des quatre coins du royaume, une foule innombrable à son fief de « la Porte du Ruisselet ». Ils portèrent des oripeaux et de bannières rouges-sang et jaunes-or, des voix de rossignols chantèrent des hymnes à sa grande gloire pendant des jours et des nuits. Les Seigneurs des royaumes voisins sitôt avertis de ces agapes, défièrent Ritaj-Bek. Il fallait s'y attendre, à chaque fois, notre héro alla à leur rencontre et défit leurs troupes. Cet état de fait incommoda bientôt tout le monde. Dindon glou-glouta, Corbeau croassa. Haj-Kacem, enragea plus que quiconque et rameuta son ban et arrière-ban en son fief Porte-Nouvelle (alias porte malheur !!!), il fulmina, jura et vomit toute sa haine et osa même affirmer que tous les dés étaient pipés. Toute une troupe de volailles et de volatiles de basse cour chargés démunis d'honneur et de dignité, se ligua à tous les autres en diffusant des rumeurs et de nouvelles vilement mensongères. Même le Grand Nissr enrobé dans toute sa digne neutralité, crût bon de se joindre à la meute des jaloux et de pourfendeurs. Il nomma des juges veules et corrompus jusqu'au bout des plumes au détriment de Ritaj-Bek. Le souhait de tous, était que foin de justice, il fallait faire chuter, que dis-je occire, éliminer physiquement et en finir avec ce Ritaj et ses triomphales parades, ses splendides couleurs tant honnies, tant détestées. Ils y laissèrent tous des plumes et chaque tentative ne fit qu'augmenter leur félonie et leur peine.

Les oiseaux sang et or, furent choqués par tant de perfidie et de bassesse et s'en furent sommer leur seigneur de réagir. Mais beau cygne qu'il était, digne , il glissait dans son lac de lait et de miel insoucieux des médisances et autres calomnies. C'est un peuple passionné ces sang et or, souvent ingrats à l'endroit de leur seigneur et maître, souvent enclins à des critiques et à des messes basses. A peine, les festivités du sacre closes, vla-t-il pas qu'ils se mettent à ergoter à marmonner et à ronchonner été comme hiver. Capricieux et gâtés, tellement gavés qu'ils étaient de tant de joie et de gloire, ils en voulaient encore et encore plus, leur espérance et leur ambition tout autant que leur amour étaient sans limite. Ne les surnommait-on pas les Hilares ou les Rigolards ? Ils étaient peu conscients que se diviser, signifiait faire le lit de leurs détracteurs, creuser la pelouse sous les ergots de leurs champions. Mais, peu importe, pour eux ne comptait pas uniquement les honneurs et les titres, ils voulaient, cerise sur le gâteau, l'Art et la Manière. Ils firent des chartes et des gazettes et se joignirent hélas au concert des médisants... Seigneur Cygne décréta : « les oiseaux, et les corbeaux croassent et jacassent, mes ennemis s'étranglent et trépassent, seule Ma Sérénissime Majesté passe !!! ». Elle passe en effet, en les écrasant, et les humiliant au passage et jusqu'au jour de la fin de toute vie et de toute chose.

La morale de notre fable est que comme tout ornithologue digne de ce nom sait, il ne sert à rien de tricher et voler au propre comme au figuré, tel seigneur corbeau, on ne glane que des mouches et on finit les ailes brisées ; ni de gloutonner et comploter tel le huileux dindon, on finit en surpoids et on dégringole, et encore moins comme Haj-Kacem, disproportionné dans son jeu et son volume, et qui glisse et trébuche en rejetant ses incuries sur le dos d'autrui. Il faut rester digne comme un cygne, et qui va piano va lontano !!! Ne surcharge jamais ta barque, ne rompt pas le dos de ton âne, ni de ta monture, et souvenez vous frères en Tarrajimanie de la paille qui rompit le dos du dromadaire.