Si Al Khawarizmi savait un jour qu'un des chiffres arabes qu'il a créé va détrôner le « zéro », pierre angulaire de l'algèbre, il retournera sûrement dans sa tombe. Mais voilà ce qu'on voit ces derniers temps dans notre monde du foot, c'est le chiffre « 3 » qui domine tout. Vous l'avez bien deviné, le « 3 » est utilisé pour parler de ces fameux 3 points que toutes les équipes aimeraient bien récolter. Vous allez me dire où est le mal ? C'est bien légitime de penser à ça, mais voilà quand on oublie de jouer au foot, quand on utilise tous les subterfuges pour y arriver, en oubliant que le football est avant tout un jeu de gagne mais aussi de spectacle, beaucoup d'équipes y laissent des plumes.
Pour revenir à notre rencontre contre les « cigognes », on doit avouer que nos joueurs étaient obnubilés par les 3 points, en oubliant qu'un match de foot ça se gagne sur le terrain et durant les 90 minutes. D'ailleurs, ce n'est pas la première fois qu'on perd des points cette année à cause d'erreurs qui se rapportent à un mental très déficient de notre effectif.
Si on est encore leader, c'est bien entendu parce qu'on a actuellement le meilleur effectif et nos adversaires directs ont mangé à un moment ou un autre leur pain noir durant le déroulement de ce championnat. Mais pour être sacré champion, tout cela ne suffit pas. Il faut jouer chaque match dans la peau d'un conquérant et ne pas se limiter à faire les petits calculs d'épicier.
Après avoir parcouru les 100 km verdoyants qui séparent Tunis de Béja, on a trouvé beaucoup d'ingrédients prédisant la tenue du match sur du velours. Un temps qui a nargué notre service météorologique, qui a prédit un froid glacial et des pluies, alors que le temps était propice à jouer au foot. Le public Sang et Or a été bien plus nombreux et plus bruyant que les Bejaois. Le terrain, quoique très lourd, est bien meilleur que les champs de patates de Jendouba ou encore celui de Sidi Bouzid.
D'emblée je dis qu'on a raté le gain du match bêtement et d'une façon indigne d'un futur champion de Tunisie. En effet, devant une équipe qui n'avait aucun argument pour rivaliser avec nous, la nôtre n'a pas profité de l'aubaine quand l'adversaire n'a fait que défendre, recroquevillé comme il était dans sa zone. Mais voilà qu'Eneramo rate déjà un but tout fait à l'entame du match et qui aurait pu démoraliser les « cigognes ». Mais depuis quelques temps, notre attaque qui pétait le feu n'est plus l'ombre d'elle-même : Eneramo, quoique encore dangereux, n'est plus aussi efficace que durant la phase aller et l'absence de Bienvenu se fait ressentir d'autant qu'il est remplacé par Bouazzi qui déçoit de plus en plus et n'arrive pas à se défaire de ses défauts et franchement, quand l'Espérance joue avec deux joueurs d'un tempérament aussi brouillon que Bouazzi et Tayeb, le jeu de l'équipe s'en ressent. Parlons justement de Tayeb dont les principales qualités est la hargne et le jeu combatif : quand il perd ces deux qualités, il perd tout - et dire que sa convocation généreuse en EN allait le booster -
Que reste-il pour mettre de l'ordre dans l'équipe ? Personne ou presque ! Darragi, le seul qui commence à prendre ses responsabilités et retrouver sa place en tant que patron, est sorti pour blessure et Loué ainsi que Korbi - encore nouveau - ne peuvent à eux seuls faire marcher notre machine comme on le souhaite. La défense, quoique bien meilleure que celle de l'aller, pèche encore par la méforme de Chammam, les limites de Jabeur, alors que Zied Derbali n'arrive toujours pas à s'accommoder avec le poste d'arrière droit, d'autant plus que « chez lui », à Béja, il m'a semblé un peu crispé et sur ses nerfs.
Malgré tout et devant la méforme des Olympiques béjaois et leur attitude frileuse, on aurait pu tuer le match dès la première période. Mais quand le mental flanche, comme c'est malheureusement toujours le cas ces derniers temps, on perd le gain du match, pourtant à notre portée. On recule pour je ne sais quelle raison alors qu'on mène au score devant un adversaire loin d'être une foudre de guerre. On offre des corners à un adversaire qui ne croyait pas ses yeux et le bouquet c'est quand Kasraoui offre, enfin, en guise de la Saint-Valentin un but gag à son ex-coéquipier Ben Younes.
En fait, la principale faute de Kasraoui vient juste avant cette bourde quand un centrage anodin, et au lieu de laisser le ballon sortir, il a choisi de l'intercepter avant de lâcher la balle pour que s'en suive un corner inutile. La suite vous la connaissez : un coup de ciseaux à l'aveuglette qui va se percuter sur le montant gauche de Hamdi, avant que celui-ci, mal placé et dans une tentative de sauver le ballon, le met involontairement dans ses propres filets.
Maintenant le temps n'est plus aux lamentations. On est toujours leader, nos adversaires ont perdu dans le passé des points et on en a fait de même ce dimanche. Nous restons tout de même toujours premiers et notre sort ne dépend que de nous, d'autant plus que nous rencontrerons nos adversaires directs à Tunis. Le Club Africain et... l'Étoile du Sahel. Eh oui ! Beaucoup ont enterré l'Étoile, mais à mon humble avis celle-ci demeure, après sa victoire à Monastir, un concurrent aussi dangereux que les clubistes. Mais si on joue le derby et le reste des rencontres en conquérants et dans la peau d'un champion, rien ne pourra nous arriver et le «scudetto» fêtera avec nous et chez nous notre 90ème anniversaire. Si, par contre, on va continuer à jouer comme on l'a fait sur la pelouse de Béja, avec une frilosité criarde et en faisant des calculs d'équipes qui jouent pour la relégation, on aura une fin de championnat bien pénible et je n'ose même pas imaginer son scénario.
Ligue 1
Quand on ne joue pas dans la peau d'un conquérant, on dilapide fatalement des points
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