L'Espérance de Tunis a terminé son parcours en Ligue des champions de la CAF 2022/2023 sur une note mitigée. Le club sang et or a atteint les demi-finales de la compétition continentale, mais a été éliminé par Al Ahly, sur un score cumulé de 4-0. Quel bilan tirer de cette participation et quels enseignements en tirer pour l'avenir ?
Sur le plan comptable, l'Espérance peut se féliciter d'avoir franchi les phases de groupes et les quarts de finale avec brio. Le club sang et or a terminé premier de son groupe avec 11 points, devant le CR Belouizdad, le Zamalek et Al Merrikh. En quarts de finale, il a éliminé la JS Kabylie grâce à sa victoire 1-0 à l'aller en Algérie et son match nul 1-1 au retour à Tunis. L'Espérance a ainsi confirmé son statut de grand d'Afrique, en se hissant dans le dernier carré pour la cinquième fois en dix ans. Il convient de saluer cet exploit et de reconnaître les efforts déployés par les joueurs, le staff technique et les dirigeants du club.
Par rapport aux ambitions et au standing du club, il y a beaucoup à dire. L'Espérance visait un cinquième sacre continental, après ceux de 1994, 2011, 2018 et 2019. Mais le club a été confronté à plusieurs difficultés qui ont entravé sa quête du trophée :
Des ambitions et un standing à réévaluer
Il est indéniable que l'effectif actuel de l'Espérance de Tunis ne dispose pas des ressources nécessaires pour dominer ses adversaires de manière écrasante. Au cours des deux dernières saisons, la qualité de l'équipe a connu un déclin préoccupant. Les recrutements réalisés avant le début de la saison se sont révélés insuffisants ou ratés, ce qui a affaibli l'effectif dans son ensemble. En conséquence, l'équipe a été trop dépendante du trio composé d'Elhouni, Ben Romdhane et Chaâlali. Lorsque l'un de ces joueurs clés est absent, l'équipe souffre et éprouve des difficultés à produire un jeu fluide et attrayant.
De plus, l'intégration des jeunes joueurs du centre de formation dans l'effectif principal s'est avérée délicate. Malheureusement, ces jeunes talents n'ont pas encore atteint le niveau requis pour rivaliser efficacement dans la compétition de la Ligue des champions. Il est essentiel de revoir la politique de développement des jeunes joueurs et de mettre en place des programmes de formation plus solides pour préparer la relève et renforcer la profondeur de l'effectif.
Afin de restaurer le statut et les ambitions de l'Espérance de Tunis, des efforts supplémentaires doivent être consentis dans les recrutements. Il est impératif d'identifier et d'acquérir des joueurs de qualité qui peuvent apporter une réelle valeur ajoutée à l'équipe. Cela nécessite une analyse approfondie des besoins de l'équipe, ainsi qu'une stratégie de recrutement bien définie pour attirer les meilleurs talents disponibles.
Pression inutile sur les joueurs et le staff technique
L'un des aspects clés à considérer dans la participation de l'Espérance de Tunis à cette Ligue des champions est la gestion de la pression. Dès le début, il était clair que l'effectif de l'équipe avait des limites offensives qui ne lui permettaient pas de rivaliser avec les meilleures formations. Il aurait été judicieux de ne pas se mettre une pression excessive en affichant des ambitions démesurées, telles que la victoire dans la compétition, et de ne pas en faire une obsession.
Malheureusement, cette pression inutile s'est infiltrée dans la communication entourant l'équipe, notamment grâce à la stratégie mise en place par l'entraîneur Nabil Maâloul. En mettant l'accent sur l'objectif de gagner la Ligue des champions, il a créé une atmosphère de tension qui a finalement eu un impact négatif sur les joueurs et sur lui-même. À un stade avancé de la compétition, les limites de l'équipe ont commencé à se faire ressentir, ce qui a augmenté la pression et affecté les performances sur le terrain.
Des choix technico-tactiques discutables
Dans le parcours des Sang et Or, certains choix technico-tactiques ont été critiqués. Certains schémas de jeu ont été considérés comme risqués ou peu adaptés aux situations rencontrées sur le terrain, ce qui a eu des conséquences sur les performances de l'équipe.
Un exemple de mauvaise gestion tactique a été observé lors du match de la phase de groupe contre le Zamalek, qui s'est soldé par une défaite 3-1. L'Espérance avait l'opportunité d'assurer sa qualification en tête de son groupe dès la 4e journée, mais une mauvaise gestion du match a entraîné un report de cette qualification. Des décisions tactiques questionnables ont eu un impact négatif sur le déroulement du match.
Un autre exemple est le match suivant contre Al Merrikh, où l'Espérance avait une victoire quasiment assurée. Cependant, une mauvaise gestion de la fin de match a conduit à l'encaissement d'un but sur penalty dans les arrêts de jeu.
Pareil, le quart de finale retour contre la JS Kabylie a également été marqué par une fin de rencontre catastrophique. Cette situation a permis à l'équipe algérienne d'égaliser et de faillir ravir la qualification dans les arrêts de jeu. Des choix tactiques inappropriés ou une gestion insuffisante de la pression dans les moments clés ont contribué à cette situation précaire.
En demi-finale aller contre Al Ahly, l'Espérance a montré des faiblesses tactiques en se découvrant défensivement, ce qui a permis à l'adversaire de marquer trois buts sur des contres. Cette vulnérabilité tactique a compromis les chances de l'équipe et a provoqué le départ du coach Nabil Maâloul.
Un calendrier infernal et des blessures préjudiciables
Le calendrier infernal, la fatigue accumulée et les blessures ont desservi la cause des sang et or. Le club a dû enchaîner les matches entre le championnat national, la coupe de Tunisie et la Ligue des champions, sans bénéficier de périodes de repos suffisantes. Plusieurs joueurs clés ont été touchés par des blessures : Elhouni, Chaâlali, Benayad, Ben Chérifia, Amamou, Shararah... Ces absences ont affaibli l'équipe et ont eu un impact sur sa performance globale.
La mauvaise gestion du calendrier de la Ligue 1 tunisienne a également joué un rôle dans les difficultés rencontrées par l'Espérance. Le retard dans le démarrage de la compétition locale a entraîné une surcharge de matches une fois la saison commencée, ce qui a ajouté un stress supplémentaire sur l'effectif déjà épuisé par les compétitions africaines. La gestion inadéquate du calendrier a eu des répercussions négatives sur la condition physique des joueurs et a limité leur capacité à récupérer adéquatement entre les matches.
De plus, les matchs joués en pleine canicule pendant le mois du Ramadan ont eu un effet néfaste sur la santé et les organismes des joueurs. Les exigences physiques et les contraintes liées au jeûne ont ajouté une difficulté supplémentaire pour l'équipe, qui a dû s'adapter à des conditions extrêmes tout en maintenant un niveau de performance élevé.
Machinations et obstacles externes
Enfin, l'Espérance de Tunis a été confrontée à des machinations et obstacles tant au niveau de la Confédération Africaine de Football (CAF) que de la Fédération Tunisienne de Football (FTF). Le club a été la cible de décisions controversées et de sanctions, ce qui a eu un impact significatif sur son parcours dans la compétition.
Tout d'abord, l'Espérance a été victime d'une machination visant à lui priver de son public, réputé pour être une force motrice pour l'équipe. Malgré l'exemplarité du public sang et or tout au long de la saison, des incidents ont eu lieu à Radès lors du quart de finale retour, ce qui a donné une opportunité à la CAF d'infliger de lourdes sanctions financières et des huis-clos. Sans son public, l'Espérance a clairement ressenti un manque d'âme lors du match face à Al Ahly à Radès.
De plus, l'Espérance a été confrontée à une machination locale, avec la FTF agissant à l'encontre des intérêts des clubs qui représentent le pays à l'échelle continentale. Cette machination s'est manifestée notamment par l'imposition d'un calendrier sans aucun aménagement pour les clubs engagés dans les compétitions continentales. Un exemple flagrant de cette situation est le fait que l'Espérance a dû disputer la même semaine un match crucial en championnat contre l'Étoile du Sahel entre deux matchs de quart de finale de la Ligue des champions. Ce manque de soutien local a créé des obstacles supplémentaires pour l'équipe et a eu un impact direct sur ses performances.
En conclusion, l'Espérance de Tunis peut être fière de sa participation à la Ligue des champions de la CAF 2022/2023, mais doit aussi tirer les leçons de son échec en demi-finale.
De plus, il est impératif pour l'Espérance de Tunis de défendre ses intérêts et de prendre des mesures pour que les agissements des coulisses cessent d'entraver la marche du club. Il est essentiel de plaider en faveur de conditions optimales pour participer aux compétitions continentales. L'Espérance, en tant que club prestigieux, mérite de bénéficier d'un soutien adéquat de la part des instances nationales et continentales.
Aussi, le club doit renforcer son effectif et travailler avec détermination pour atteindre les sommets du football africain. Avec une réflexion stratégique et des recrutements judicieux, l'Espérance est en mesure de se préparer pour de nouvelles compétitions et de poursuivre sa quête de succès sur la scène continentale.