Les discours avant chaque campagne internationale ne se jugent que d'une seule manière : les résultats. Les paroles du Tunisien Issam Jomaa, interrogé par FIFA.com quelques jours avant le début de la CAN 2012, prennent toute leur force après la victoire des Aigles de Carthage contre le Maroc en ouverture.

Sami Trabelsi a bien préparé son coup. Pour sa première CAN comme sélectionneur, le lauréat du Championnat d'Afrique des Nations 2011 savoure la performance des siens contre les Lions de l'Atlas ce lundi 23 janvier. La revanche de la finale 2004, remportée par la Tunisie de Roger Lemerre, l'ex-défenseur aux 54 sélections l'a préparée avec minutie. Aujourd'hui, il savoure ce succès, fruit de presque un an de labeur et des leçons retenues d'un sinueux parcours en qualification, mais surtout d'une préparation minutieuse.

"Le groupe a très rapidement été au complet et on a très bien travaillé avec deux matches amicaux pour corriger ce qui nous a fait défaut pendant les qualifications", confiait à FIFA.com Issam Jomaa en pleine préparation à Dubaï. La Tunisie venait de battre le Soudan 3:0 et s'apprêtait à perdre contre la Côte d'Ivoire. Pour un groupe qui a longtemps cru devoir faire une croix sur la grand-messe continentale, ce revers face aux Eléphants ne devait pas effriter les fondations déjà établies, construites sur la confiance et une authentique motivation.

Joindre les actes à la parole

Trabelsi ne s'y trompait pas après le 2:1 infligé aux troupes d'Eric Gerets à Libreville : "La différence s'est faite au niveau de l'envie. On voulait vraiment cette victoire, on y a cru. On était plus motivés, plus appliqués, plus rigoureux." Les Tunisiens ont ainsi joint l'acte à la parole, en l'occurrence celle de Jomaa, qui annonce clairement les objectifs maghrébins dans le tournoi : "Personne n'a envie de faire trois matches et de rentrer à la maison. On y va pour aller au bout", prévient le buteur de l'AJ Auxerre. "Avec le Cameroun, le Nigeria, l'Egypte et l'Algérie absents, on se dit 'pourquoi pas nous ?'. Je sens dans les regards et l'engagement qu'on va faire quelque chose de bien. J'en ai même la conviction."

Blessé et laissé sur le banc pour le lever de rideau d'une Tunisie revancharde, absente à la Coupe du Monde de la FIFA, Afrique du Sud 2010 et sortie au premier tour de la CAN 2010, le meilleur marqueur de l'histoire des Aigles de Carthage sait que son équipe revient de loin. "En qualifications, on s'est mis tous seuls dans la difficulté", analyse l'ancien Lensois. "On a mal négocié certains matches faciles. On a eu de la chance de s'en sortir et il ne faut pas gâcher cette opportunité. La volonté de corriger les lacunes passées est réelle. On doit être plus concentré et éviter les fautes bêtes. On doit jouer 90 minutes et pas une de moins en étant à fond."

Feuille de route à long terme

Ravi du "réalisme et de la lucidité" de son équipe, dominée par le Maroc mais impeccable dans la gestion tactique, Trabelsi confirme avec cette victoire que son groupe ne lui fait pas confiance à l'aveuglette. "Il connaît les grands tournois, il a assez d'expérience et de maîtrise pour réussir cette CAN", estime Jomaa, qui ne pouvait pas rêver de meilleur départ dans le tournoi qu'une victoire face aux rivaux marocains. "Un nul face au Maroc nous mettrait sur les bons rails avec une confiance énorme. Une défaite ne nous ferait pas paniquer, mais elle pourrait affecter le moral."

Les Tunisiens ont fait mieux, puisqu'ils ont empoché trois points pour leur entrée en lice. Le tout sans leur attaquant, qui devrait faire sa rentrée le 27 janvier prochain face au Niger, déjà battu en ouverture par le Gabon.

Avec encore un joker en poche, les Aigles de Jomaa respectent une feuille de route, sur laquelle figurent déjà des objectifs à long terme, dont les qualifications pour la Coupe du Monde de la FIFA 2014. "Si on fait une bonne CAN, ce groupe là sera encore ensemble pendant quatre ans. Sinon, il devrait y avoir des changements. Et ça, on ne le veut pas."

Autres versions de l'article :