D'aucuns conviendraient qu'avec la saison la plus longue au monde, dont une deuxième moitié, post révolutionnaire menée tambour battant, a fait des ravages dans les jambes et les organismes dans nos rangs.

Plus que la succession des matchs à un rythme infernal, sans repos estival, et encore moins de stage de préparation de pré-saison, ce fut la taille et le volume des adversaires que l'équipe a eu à affronter depuis la finale de coupe. On s'excuse du peu, le dauphin de la Ligue 1, le représentant algérien, Al Ahly Cairo, et un Wydad AC inédit avec des renforcements formidables.

Ceci étant, suspensions et blessures à la pelle, solutions de rechanges minces, et un mercato laborieux et controversé n'ont pas facilité les choses.

Tout cet argumentaire suffit-il à expliquer les défaillances à répétition en seconde période de presque toutes nos rencontres depuis une fameuse finale de coupe de Tunisie… ???

Nous avons pris la sale habitude de composer avec une équipe à deux visages totalement disparates. Une bonne tranche de première période barcelonesque, suivie d'une deuxième phase avec une baisse de régime de l'ensemble de l'équipe, et notamment le milieu qui cale puis abdique, entrainant une surcharge de pression sur notre défense et des fins de match laborieuses, à déconseiller formellement aux supporteurs atteints de problèmes cardio-vasculaires.

Les symptômes de cet étrange phénomène se sont déclarés le 16 Juillet à Alger, puis se sont vérifiés dix jours plus tard face à l'Etoile. Diagnostic confirmé contre Al Ahly, mais le mal s'est soudain aggravé hier sur la pelouse de Mohamed V. (Et que dire de cette blessure inopinée de Msakni ? Selon une confidence de Chaouali, commentateur d'Al Jazeera, elle ne serait pas la seule. Les Darragi, notamment, mais Korbi et Afful seraient des rescapés de dernière minute.)

Nous avons un bloc équipe qui, comme demandé dans un précédent article d'avant-match, pratique un pressing collectif haut et diablement efficace. Une défense debout, facile et qui relance à merveille. Une ligne d'attaque qui pèse sur l'arrière défense adverse, la pousse à commettre des fautes, profite de ces fautes et marque une fois contre les égyptiens, deux fois contre le Wydad. Des latéraux qui montent, débordent, centrent, relayés en phase défensive par des ailiers rapides, solidaires et généreux dans l'effort de repli. Un milieu défensif impérial, Traoui surtout, et qui relance à merveille, à l'image de Mouelhi.

Puis vient le repos et ensuite patatras… L'Espérance Jekyll devient Mister Hyde. L'équipe nous montre un tout autre visage désagréable, diamétralement opposé à celui du début. Plus de cohésion, ni de plan de jeu harmonieux, et à certains moment c'est carrément le sauve qui peut et la panique en défense. Des fautes défensives en gros et en détail. Un milieu défensif qui ne presse plus du tout dans la zone adverse mais se recroqueville et devient passif. Des avants qui ne bougent plus et n'offrent plus des solutions au porteur. Le repli défensif des ailes trop lent ou inexistant, et le surnombre s'inverse en faveur de l'adversaire. Des sorties de balle aléatoires voire périlleuses, et des secondes balles toujours au profit de la partie adverse. Bref la Bérézina…

Comment peut on expliquer cette étrange métamorphose ?

- Est-ce l'accumulation de la fatigue, et la brièveté du temps de récupération pour l'ensemble de l'effectif ? Certains comme Chammam, Hichri, Darragi et dans une moindre mesure Traoui et Korbi, cumulent championnat, Coupe, CLA, et cerise sur le gâteau, un marathon CHAN et équipe nationale. De la fatigue physique, mais pas seulement, il y a aussi un phénomène de lassitude qui finit par agir sur le moral et démotiver.

- Le manque évident de solutions de rechange crédibles pour le staff technique ? Ce qui permet normalement d'octroyer à ces jeunes joueurs une période de repos, de loisirs et de récupération dignes de ce nom et du temps de jeu aux autres. Y a-t-il eu «mis-management» à ce niveau ? Hier, un forumien averti me disait lors du clasico Real-Barça : Mais à quoi bon peut servir le recrutement de Fabregas, puisqu'il y a Iniesta Xavi Bousquets Maschérano Affelay Keita, Thiago etc... Les grands clubs qui jouent les titres continentaux et mondiaux se doivent de se doter d'un trousseau de mariée de princesse. Heureusement qu'on a ramené Banana de Colombie, sinon...

- Il y a éventuellement le facteur cartons jaunes. Étant donné le nombre de joueurs sous la menace d'une suspension, ce fait serait-il une raison suffisante pour tétaniser notre équipe au point de leur faire perdre toute agressivité, toute lucidité en fin de parcours et les prive de leur esprit combatif ?

- Le travail de l'équipe de préparateurs physiques est-il à la hauteur de celui effectué par ceux d'Al Ahly, et du Wydad ? Il est anormal et sidérant de voir un renversement de situation radical au niveau de la maîtrise des lignes médianes aussi flagrant… Hier, j'ai été jusqu'à penser, mauvaise langue que je suis, que les joueurs du Wydad avaient pris quelque remontant ou fumé quelque chose dans les vestiaires à la mi-temps.

- Enfin, je dirais qu'au vu des images du stade Mohamed V la veille, et la portance fournie à ses joueurs par un public survolté, rend impératif et indispensable le retour du 12ème homme «Sang et Or» au stade et derrière cet effectif qui a le plus grand besoin et plus qu'à aucun autre moment dans l'histoire du club de soixante mille gorges déployées pour le soutenir et le porter. Tous nos adversaires bénéficient de ce net avantage à domicile. Aussi bien nous que nos rivaux de Bab Jdid qui portons les couleurs de la Tunisie sur le théâtre continental, devons faire cause commune sur nos forums et obliger les responsables des ministères de tutelle d'assumer leur charge et responsabilité régalienne, celle de garantir la sécurité du public, dans tous les lieux publics y compris des stades de 60.000.

Je pose des questions, mais j'avoue que je n'ai pas la moindre réponse à tout ce questionnement. Mais je gage que les responsables de notre club et en tête Nabil Maâloul devraient pour la suite des évènements se poser un bon nombre de ces questions et trouver les solutions adéquates… Nous avons quinze jours devant nous.

Le débat est ouvert...