Fable

Le Lièvre et la Tortue !


Après la poignée de dinars versée pour le passage, à l'amiable, de Bachtobji, les clubistes veulent encore plus pour se retirer de l'affaire Coulibaly ! Une faim sans fin !
Après la poignée de dinars versée pour le passage, à l'amiable, de Bachtobji, les clubistes veulent encore plus pour se retirer de l'affaire Coulibaly ! Une faim sans fin !

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Profitant de cette trêve providentielle, et de ce repos mérité, j'aimerais pour vous occuper l'esprit durant cet interlude vous conter une historiette morale et moralisatrice des temps anciens.

La trame de cette histoire se déroule au royaume de notre Seigneur et Maître que le Très Haut bénisse son nom et sa mémoire le Bey sidi Mourad, premier du nom.

Voilà cinq cent ans, vivait et régnait en son fief à l'ouest de la bonne Médina de Tunis, Seigneur Tarajji Aldawla, bien entouré de sa puissante tribu, et sa nombreuse clientèle et suites d'admirateurs, amis et courtisans . Son lieu de résidence se situe au centre des Portes de Miel, de la Verdure, de Saâdoune, Petite jambe ou Petit Marché (on ne sait plus). Ses partisans, lui rendent hommage, et paient tribut, et font commerce de l'artisanat de textile de soie, de fabrication de tapis de nattes (Halfaouine), vente de fruits, produits maraîchers, et commerce de viandes. Son domaine s'étend à travers les souks de Grana où des infidèles hispaniques sont venus s'installer fuyant la Péninsule Ibérique, sous la protection du Saint Imam Mehrez et son célèbre oratoire. Ici prospère le commerce des hardes  et habits en tout genre et cela s'étend jusqu'à la Porte de la Mer et qui s'ouvre sur le chemin du Vieux Port et de l'Arsenal. Il mène également au quartier des artisans des Parfums et Epices, des tauliers, des chapeliers tout autour de la vénérable maison de Dieu des sciences et du savoir, la Mosquée Cathédrale Zeytouna.

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Royaume du Seigneur Tarajji Aldawla. (Photo : Wikipedia)

Tous les ans, à pareille époque commence pour chaque Emir de Aâmala ou fief la saison des tractations aux fins de renforcer ses troupes de Spahis, Janissaires et d'auxiliaires  de veille et de guet.  Des troupes qui gardent les entrées des portes des villes en mode diurne ou nocturne et escortent les caravanes de négoce dans leurs périples et pérégrinations à travers le royaume et au-delà des hautes montagnes et des immensités des océans de sable.

Il régnait un climat de révoltes et soulèvements des tribus du Centre de l'Ouest et du Sud-ouest des contrées au nord de la mer des dunes, les routes n'étaient pas sures et le besoin en troupes fraîches sures et aguérries se faisait de plus e plus sentir. Cet état de fait exacerbait les envies et les convoitises de la part des Emirs, poussés et exhortés en cela avec force et vigueur  par leurs populations et administrés respectifs. Les rumeurs allaient bon train, et des clameurs et disputes éclataient ça et là, alimentés par les ragots que colportaient les intermédiaires et les conteurs et  troubadours de rues estaminets, auberges et autres caravansérails.

Tous les matins la Médina se réveille paresseusement au chant du coq, Notre Seigneur Tarajji ordonne à ses serviteurs de le vêtir de sa magnifique tunique faite de mailles d'ocre et de fils d'or tressés et chevauche son destrier vers son Diwan pour une journée de conciliabules avec ses vizirs et ses conseillers. Chaque jour que Dieu fait, une foule paniquée se tient devant les portes se lamentant et suppliant le maître de recruter de nouveaux escadrons et détachements, le questionnant, l'apostrophant, certains l'invectivant et le poursuivant de leurs insistantes requêtes  et missives. Le seigneur Tarraji était confiant en ses forces, ses campagnes victorieuses et continues devant ses propres portes et ses incursions ailleurs en territoire hostile le renforçaient dans ses convictions. Sa sagesse et sa perspicacité lui dictait une conduite prudente et exemplaire. Rien ne sert d'accumuler des hommes et vider son trésor pour leur maintien, sans certitude de leur valeur et bravoure au combat. Son choix s'arrêta sur l'acquisition d'un maître arquebusier  réputé, venu du pays de l'ivoire au-delà du fleuve Niger, et un novice artificier de la ville côtière de Georgisse.  Il escomptait faire venir du royaume de Tripolitaine, un mercenaire du nom de Koulayb Ali Al Idrissi à la réputation faite  de roc infranchissable,  un colosse originaire de l'Empire Malinké de Tombouctou. Et c'est là que les choses se sont soudain compliquées. Car le prince voisin Emir Bellarej Hadj Kacem, y est venu mettre son grain de sel, ou plutôt de fiel. Ce satrape à la réputation sulfureuse et qui préside aux destins du fief voisin de la Médina orientale, nid de brigands, de tripots, lupanars, lieux de perdition  et autres industries infectes de la teinture des peaux d'animaux en coloris rouge et blanc. Celui-ci, ayant flairé des rumeurs concernant cette transaction se précipita d'expédier en toute hâte des émissaires pour tenter de détourner le mercenaire de sa destination initiale et entraver la conclusion du marché par des procédures torves et perfides et des moyens détournés, vides de sens, et emprunts de la plus grosse mauvaise foi du monde. Il y employa ses faussaires, et  ses talons d'or, sans compter des parchemins et édits falsifiés et ses faux témoignages. Son but ultime n'était rien de moins qu'embarrasser son illustre voisin qu'il déteste et jalouse, et éventuellement lui soutirer une riche rançon en numéraire, territoires ou privilèges. Ce prince n'avait à son service que des bandes de brigands et bandits de grands chemins, rapaces, pleutres et poltrons et dont la valeur en combat rangé était nulle. Leurs seuls trophées guerriers se résument à des chapardages et à des  traquenards, rapines, coups de main et traîtrise et autres embûches et embuscades en rase campagne.  Un tel mercenaire ne lui serait d'aucune utilité, d'autant que l'homme ne désire aucunement  entrer en son service ou porter son armure.

Toutes ces embrouilles n'ont fait qu'attiser et envenimer les débats entre les deux moitiés de la Capitale. Bellarej Hadj kacem, que l'on surnomme également Al Zantour n'épargnait aucun effort et se démenait dans tous les sens et vers toutes les directions, il allait aux quatre coins cardinaux de la cour clamer son droit et ameutait le ban et l'arrière ban des notables de l'empire. Mais son labeur s'avérait jour après jour qu'une tempête dans un verre d'eau. Le monde entier le connaissait et personne n'était dupe que son bruit et sa fureur ne sont là que pour mieux masquer sa gloutonnerie, son avidité, sa goinfrerie et sa gourmandise. Mais surtout sa faiblesse. Son amour maladif des biens mal acquis. Il avait rempli ses casernements de mercenaires de qualité médiocre, recrutés pour la parade et pour impressionner, et dans toute cette dispute son but n'était que semer la zizanie, attiser la discorde et la haine dans un pays qui n'en avait pas besoin.

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Rien ne sert de courir, il vaut mieux partir à point. (Photo : Wordpress)

Seigneur Tarajji Al Dawla décida en ce qui le concernait de demeurer calme, de lever le pied et laisser le temps au temps. Rien ne sert de courir, il vaut mieux partir à point. Confiant en ses forces et ses hommes, il prit la sage décision de ne point prendre part à l'agitation du bruit et de la fureur et de  laisser son rival s'empêtrer de lui-même dans ses propres contradictions et son désir éternel d'être à la fois  juge et partie. Les manœuvres de son ennemi héréditaire n'avaient  eu l'effet escompté sur la marche victorieuse des ses affaires et de ses troupes d'hommes jeunes et pétris de bravoure et de bonne volonté. Une personne proche des milieux les mieux autorisés disait : Bellarej a les yeux plus gros que le ventre. Il peine à subvenir au maintien et la nourriture et la solde de ses troupes et il s'ingénie à singer la course des purs sang, sachant pertinemment qu'il n'est qu'une bourrique pelée et trébuchante à zébrures rouges et blanches. Les autres émirats du Royaume ne sont guère à la fête: Astre du Littoral ou Soudards des Marches du Midi, bien que menant des politiques ruineuses en dépenses régaliennes futiles et inutiles, ne tentent pas au grand jour eux au moins de rivaliser au jouer dans la cour du Grand Emir des Sang et Or, bien que s'immisçant souvent dans ses affaires pour mettre en doute sa primauté et sa haute position dans le sérail de l'Empire.

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Arrivera bien qui ira droit au but ! (Photo : Retro-photo)

La morale de cette fable, c'est qu'il n'y en a aucune !!! Rendez vous compte où les choses nous ont menés: avez vous jamais vu une entité sérieuse mettre à sa tête un bouc??? avez vous jamais vu quelqu'un de sensé acheter un chien qui lui découvre les crocs en grognant et n'a qu'une seule envie c'est le mordre ??? Avez vous jamais vu une grenouille brouter ou dispenser son bienfait le bon lait ?? Voilà l'état triste et lamentable des vessies qui se prennent pour des lanternes et des caprins qui rivalisent avec les béliers !!! Les marchands de Cûmin ne sont pas en reste et à bon entendeur le salut, la paix et bénédiction du très haut en ce mois béni et sacré pour tous les croyants sincères et les sangs et or convaincus !!!