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Après deux nuls, synonymes de défaites, chez elle, respectivement
face à Gafsa et Béja, l'Espérance sportive de Tunis (EST) est allée à
Sfax dos au mur, une défaite, voir un match nul compromettrait un peu
ses chances pour garder le championnat pour la troisième fois
consécutive.
Les Sang et or, ont glané méritoirement les trois points
de la victoire, face à un adversaire coriace et qui est revenu en
forme.
Le réalisme des espérantistes a prévalu et le football nous a
démontré encore une fois, que dominer, n'est pas synonyme de gagner : le
club de Bab Souika a dominé outrageusement El Gawafel de Gafsa et
l'Olympique de Béja à Tunis, mais n'a pu faire mieux que deux nuls,
aujourd'hui, c'est le CSS qui a légèrement dominé les débats, surtout
avant l'exclusion de Nabi, mais il a reçu une raclée, face au champion
sortant.
Le tandem Darragi-Msakni
Sans revenir sur la prestation de notre équipe aujourd'hui face aux sfaxiens, on va surtout essayer d'expliquer, les sorties en dents de scies du doyen des clubs tunisiens.
A l'évidence, la présence de Darragi, aux côtés de Msakni, change complètement le jeu, de l'Espérance. Ces deux artistes du ballons, contrairement à beaucoup d'idées reçues, se complètent merveilleusement, chacun dans son registre et à deux, ils désarçonnent les défenses adverses et proposent des solutions diverses et variées à leurs partenaires.
Mais les résultats des Sang et Or
dépendent malheureusement de l'adversaire, si l'équipe adverse joue le
jeu, l'Espérance retrouve le sien, surtout grâce aux espaces laissés par
l'adversaire du jour, elle trouve toujours le moyen de marquer des
buts, parfois même beaucoup de buts en 90 minutes de jeu.
Par contre,
devant une équipe qui reste recroquevillée derrière, qui joue en bloc
et essaye par tous les moyens de bloquer les manœuvres des joueurs de
l'Espérance, en procédant par des contres, les coéquipiers de Msakni,
retrouvent toutes les difficultés pour gagner la rencontre, ils vont
même se mettre en danger derrière et peuvent parfois, flirter avec les
défaites.
L'ombre de Michaël Eneramo, plane encore
Et là ; plusieurs causes sont derrière cette stérilité espérantiste devant les défenses blindées.
D'abord
le départ d'Eneramo, a laissé un vide énorme, nonobstant ses frasques
et parfois ses matchs «sans», Eneramo a été le mastodonte, qui
inscrivait des buts à tous les coups, qui décantait une partie, par un
but miracle, alors que l'équipe ne carburait pas. Et en pesant sur la
défense adverse, en bloquant, deux, voir trois défenseurs, il permet à
ses coéquipiers d'avoir de l'espace. Le remplaçant de Michaël, Dramane
Traoré n'a pas ces qualités. Certes, c'est un joueur doué, fin
technicien, mais il ne pèse aucunement sur la défense adverse. Il est
souvent esseulé et ne parvient que rarement, à se débarrasser de ses
anges gardiens, sauf s'il s'éloigne de la surface de réparation de
l'équipe adverse, au milieu de terrain, il arrive bien entendu à jouer
avec ses partenaire et distiller de bons ballons, mais sa vocation
première est de harceler ses adversaires, devant la cage adverse et
marquer des buts et là et pour le moment, il est encore loin du compte,
d'autant qu'il trouve le moyen de rater des buts tout faits.
Deuxième cause des difficultés rencontrées par notre équipe face à un adversaire qui joue derrière, c'est le jeu choisi par notre coach Nabil Maâloul : un jeu court, fait en mouvements, par petites passes et passant souvent par le centre, plutôt que sur les côtés. C'est un jeu certes léché et plaisant à voir, mais pour décadenasser une défense adverse, il faut jouer rapide et savoir accélérer le rythme dans les trente derniers mètres, et pour cela, il nous faudrait, non seulement deux grands attaquants devant, qui sachent mettre la pression sur la défense adverse et la déboussoler, mais surtout il faudrait une technique individuelle irréprochable des joueurs de notre équipe, car jouer vite et par passes courtes, requiert une maitrise du ballon, pour tous les joueurs, sans exception, participant à la manœuvre offensive et ce n'est malheureusement pas le cas pour une bonne part de notre effectif. Trop de joueurs ratent des gestes techniques simples, parfois même les ABC du foot, à savoir le contrôle et la passe.
De plus, il faudrait bien
assimiler ce jeu, car le moindre retard ou avance, cale la manœuvre et
permet à l'adversaire de se repositionner…
Ajouter à tout cela, les
inévitables fautes de concentration et la défense qui n'est pas encore
hermétique, comme on le souhaite, sans oublier des arrières latéraux qui
n'ont pas le calibre de Tarek Thabet ou feu Balha - à titre d'exemple -
et sans excentrés de hautes qualités. Ce jeu préconisé par Maâloul ne
pourrait être efficace, face à des équipes qui défendent à dix.
Alors, en attendant l'été pour remédier à ces lacunes par des recrutements ciblés, le staff technique devrait revoir sa copie face aux «petites équipes» et trouver la solution idoine, pour ne plus retrouver les difficultés rencontrées ces deux dernières semaines à Radès et El Menzah. De plus certains joueurs qui font banquette depuis quelques temps, doivent retrouver, une place parmi les onze rentrants, surtout Roger, Banana et à un degré moindre Afful, si le quotas de trois étranger n'est pas atteint.
En attendant, l'EST a repris du poil de la bête cet après-midi au stade Taïeb El Mhiri, qui soit dit en passant, n'était pas aussi vide, comme le veulent les règlements du huis clos, même dans les pelouses et derrière les fenêtres, on a vu des spectateurs, au vu et au su de tout le monde, arbitre et commissaire du match compris.
Grâce à cette victoire bonne pour le moral, l'Espérance garde sa place de leader, en attendant le derby du centre entre l'Etoile sportive du Sahel et la JS Kairouanaise, mais du travail attend encore notre staff technique, et nos joueurs doivent rester vigilants et concentrés durant ce dernier sprint de ce premier championnat post révolutionnaire.