Ligue 1

Analyse du match EST - ESS


Le Onze Sang et Or aligné contre le CS Sfaxien à Radès, le 12 septembre 2009. (Photo CHALA)
Le Onze Sang et Or aligné contre le CS Sfaxien à Radès, le 12 septembre 2009. (Photo CHALA)

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Vendredi 23 juillet 2010, sous une chaleur caniculaire digne des plus grands western de Charles Bronson ou Clint Eastwood, les deux rivaux de toujours, Espérance et Etoile, se sont livrés à une bataille de début de saison. Nous essayerons d'analyser, tactiquement, cette rencontre soldée par un nul vierge.

D'abord, la formation et les schémas :

L'Espérance a opté pour un schéma qui se voulait offensif avec un seul pivot axial (Korbi), épaulé par Msekni, chargé de la relance. Deux joueurs de couloir (Afful et Bouazzi) qui venaient apporter le soutien à Darragi, chargé d'orienter la manoeuvre en compagnie de Ghannem qui devait faire le point d'ancrage. Le tout en gardant une défense plate à 4 où les arrières devaient monter, systématiquement, apporter le surnombre sur les couloirs pou permettre aux latéraux offensifs d'entrer dans le box (jouer les avants de soutien) ou tourner aux alentours de la surface pour récupérer la deuxième balle.
Le tout peut être schématisé par un 4-1-4-1 avec un losange au milieu. Ce schéma comportait une prise de risque énorme dans l'optique où la montée simultanée des deux arrières exposait la défense aux contres rapides avec des espaces énormes sur les couloirs. D'ailleurs, ce fut la cas à 2 ou 3 reprises en première mi-temps.
En deuxième mi-temps, Benzarti a remodelé son schéma en profitant de la sortie de Bouazzi pour balancer un deuxième pivot (Traoui) dans l'optique d'assurer la couverture. le schéma bascula, donc, en 4-2-3-1 avec un triangle Msekni-Afful-Darragi orienté vers le haut.
Et, les changements opérés par Benzarti n'ont aucunement changé le schéma avec l'entrée de Ayari à la place de Ghannem et Roger à la place de Afful.

Ensuite, le jeu et les joueurs :

Dans les buts, Naouara, peu serein, a tiré son épingle du jeu. Et pourtant, le portier sang et or a perturbé, quelque peu, la sérénité de ses compères de la défense. C'est ce qui explique, en partie, la tendance des deux axiaux vers les longues relances de balles.
L'axe central n'a pas eu à subir le poids du match car les latéraux ont assuré l'essentiel de la couverture. Pourtant, nous avons constaté un flottement inexplicable chez Derbali qui avait la charge de contenir l'avant centre étoilé (Akaichi puis Chehoudi).
Les latéraux ont fait un bon travail défensif. En témoigne le petit nombre d'incursions adverses. Pourtant l'Etoile a opté pour les incursions rapides sur les couloirs et les reversements de jeu latéraux. Côté offensif, on a plus vu Chammam en première mi-temps. Mais il s'est estompé suite à la sortie de Bouazzi et la petite forme de Msekni replacé à gauche en deuxième mi-temps.
Au milieu de terrain, Darragi s'est illustré avec un léger mieux physique. Mais le régisseur sang et or a été empêché de développer son jeu par accumulation de fautes. En effet, 5 joueurs se sont relayés pour l'arrêter à tout prix (Marzouki, Chedli, Ghezal, Felhi et Nafkha) par des fautes systématiques.
Sur les couloirs, Afful et Bouazzi ont fait une bonne première mi-temps en attaque comme en défense. Mais la sortie de Bouazzi et le creux laissé au milieu par les choix de Benzarti (auxquels nous reviendrons) ont obligé le ghanéen à jouer, plus sur la défense (parfois même carrément dans l'axe) en deuxième mi-temps.
Quant à la pointe de l'attaque, Ghannem n'a pas percé. On peut, quand même, lui trouver deux alibis importants :
1- Il n'était pas dans son élément.
2- Il n'a pas reçu de ballons exploitables.
Ayari n'a pas fait mieux aussi parce que l'équipe a trop reculé et l'a gratifié de longs ballons aériens qu'il était incapable de négocier face aux axiaux étoilés.
On ne pouvait passer en revue l'évolution des 11 espérantistes sans mettre en exergue le rendement de Korbi. Adossé au rôle de sentinelle, KCL a fait un travail de sape en ratissant le terrain en long et en large. Seul hic chez ce garçon, est l'excès de nervosité à tort et à raison. Ceci l'expose, ainsi que le reste de l'équipe au risque d'infériorité numérique qui peut être fatale.

Et pour finir :

Le schéma de départ n'était, certes, pas approprié à la physionomie du match dans la mesure où le jeu avec un seul pivot face à un milieu de terrain très remuant (Belghoul - Chehoudi et Osanga) oblige le joueur en question à une débauche d'énergie considérable pour assurer la couverture optimale. Si on ajoute à cela un Msekni dans de petits souliers et une canicule insurmontable, ça serait suffisant pour ajuster toute l'équipe. Heureusement que l'Etoile n'y a pas cru et a, plutôt, cherché à conserver le résultat nul.
On se demande, aussi, pourquoi Benzarti n'a pas utilisé la carte Ben Hammouda pour remplacer Bouazzi ? Il aura conservé le même schéma (qui réussissait à bloquer les arrières adverses) puis Traoui (ou Roger selon la forme) à la place de Msekni pour donner plus d'aisance à l'équipe dans la phase de récupération.
Une dernière question concerne la titularisation de Naouara qui paraissait amoindri. Pourquoi ne pas avoir essayé Ben Cherifia ou Nawali ? Ne fallait-il pas préserver son gardien n°1 pour le match de ligue de champions au lieu de l'exposer aux risques de blessures et de le perdre pour un bon bout de temps ? Surtout que le championnat ne fait que commencer et que, même, une défaite n'aurait pas compromis les chances de l'équipe.