Analyse

Sur fond de regrets


Le onze Sang et Or aligné contre le Club Sportif Sfaxien le 30 janvier 2010 à Radès. (Photo CHALA)
Le onze Sang et Or aligné contre le Club Sportif Sfaxien le 30 janvier 2010 à Radès. (Photo CHALA)

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L'Espérance a sorti, samedi après midi, une copie acceptable face à un adversaire plus docile que prévu. La torpeur de l'ambiance y est, certainement, pour quelque chose. Alors, la palme d'honneur revient, en premier lieu, au public.
Côté football, l'équipe a été fidèle à ses principes et orientations. Défense plate, latéraux participant aux manœuvres, milieu à deux récupérateurs, deux excentrés et une attaque à deux têtes interchangeables. Néanmoins, quelques points suscitent l'inquiétude :

1-Un ratage monstre qui se poursuit

La scène s'est répétée au moins 4 fois durant le match. Msekni, Roger, Bouazzi et puis Ayari ont échoué à tromper le gardien adverse en situation de un contre un et le ballon en entière possession.
Fragilité? Manque de concentration? Facilité et laisser aller? Manque d'application? Trac? Tout y est mais, surtout, un manque de lucidité flagrant. C'est ce qui arrive quand on marque le but avant d'avoir tiré le ballon. C'est un problème à résoudre incessamment. Parce que dans d'autres circonstances, un tel gâchis peut nous priver de victoires. Le problème est, plutôt d'ordre technico-psychologique. La composante technique doit être développée, affinée et rodée à l'entraînement. La composant psychologique doit être, aussi, soignée pour empêcher le joueur, assez jeune entre autres, de tomber dans la facilité ou dans la torpeur devant de telles circonstances.
L'Espérance aura raté, durant ce match, 5 buts tous faits (y compris le pénalty d'Eneramo) qui auraient pu seller l'affaire dès cette semaine. Que de regrets sur une qualification facile ajournée. Parce que, si l'on passe, les prochains tours ne seront pas aussi faciles.

2- L'incapacité de garder le ballon

L'Espérance n'a pas su garder le ballon ou le monopoliser. Pourtant, son milieu de terrain est garni de joueurs techniquement habiles. On sent une sorte de tension excessive chez le porteur du ballon. Cette tension se transforme en pression puis en précipitation qui le pousse à se débarrasser du ballon le plus vite possible. Parfois même sans aucune plus-value. Est ce du à la pression générale qui entoure le club? Ou est-ce plutôt un problème général de confiance en soi et en ses coéquipiers?
Contre l'ASFA Yennenga, l'équipe s'est ruée vers l'attaque dès le début. Le résultat 3 buts en 22 minutes. Dès lors, on devait opérer un changement de style. Poser le ballon par terre, jouer en passes courtes avec mouvement d'ensemble, monopoliser le ballon et faire courir l'adversaire. Le but étant de gagner le temps, gérer l'avance et chercher le coup de grâce.
Bizarrement, après le 3ème but, l'équipe a reculé en cédant beaucoup de terrain à l'adversaire pour étaler tout le registre technique de ses milieux. Et la sanction ne tarda pas. Un but d'une action anodine qui aurait du être stoppée au milieu. Mais, ni Korbi, ni Chammam (très mal placé sur l'action du but), ni encore Ben Youssef (mauvaise couverture sur l'Arrière gauche) n'y ont réussi.
C'est très révélateur d'une Espérance qui joue à domicile et qui n'arrive pas à dominer un adversaire quelconque en terme de duels. Quelconque parce que le potentiel athlétique de ses joueurs n'est en rien supérieur, ou même égal, à celui des nôtres. Une Espérance qui récupère dans ses 30 mètres en présence de joueurs comme Roger ou Korbi (pourtant méconnaissable ces dernières sorties), fait figure d'un problème de positionnement et de caractère plus qu'autre chose.
En plus, le ballon récupéré est vite perdu en faveur d'une relance hasardeuse ou d'un cadeau envers l'adversaire. Ce n'est ni le style ni la logique d'une équipe qui veut conquérir la couronne suprême. Il faut apprendre à monopoliser le ballon et en priver l'adversaire pour se prémunir le plus possible de ses velléités offensives. Cette manœuvre est, parfois, la clef de voûte pour dompter les plus forts. Et si on n'en est pas capables face aux novices, on ne pourra pas y rêver face aux grands. On pourra, même, en souffrir.
Il faut travailler, davantage, cette composante et y donner un aspect plus utile dans le schéma de jeu. Ceci incite à revoir le placement et les mouvements de tout l'ensemble sang et or.

3- Manque de doublures - manque de solutions

Encore une fois, cette rencontre a démontré le manque de solutions et de doublures de l'équipe. Un banc ou il n'y avait aucun attaquant et aucun joueur de couloir offensif/médian!!! Ça laisse, vraiment, perplexe. Aussi, le même banc n'offre aucune autre variante tactique tellement le profils s'y ressemblent étrangement. L'Espérance a, définitivement, besoin de nouvelles ressources humaines qui offrent des profils différents de ce qui existe. Et là, le temps presse et l'offre est faible côté marché local. Une équation à résoudre par le staff et le BD compte tenu de la contrainte du nombre d'étrangers limité.

Quelques enseignements

Quand l'équipe appuie sur le champignon, elle fait souvent mal à son adversaire. Même avec un Darragi absent et un Msekni amoindri. C'est la preuve du potentiel collectif dont regorge l'équipe. Mais ce potentiel n'est exploité que dans une proportion infime. L'Espérance a besoin de repères de jeu indépendants des joueurs. Elle a besoin de reconfigurer son football en fonction de son potentiel collectif aussi et pas seulement individuel.