Tribune libre

Demain est un autre jour


Joie des joueurs sang et or suite au gain de la Ligue des champions arabes. (Photo CHALA)
Joie des joueurs sang et or suite au gain de la Ligue des champions arabes. (Photo CHALA)

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Je suis de nature optimiste. Parfois, je m'entête à ne voir que la moitié pleine du verre. C'est ma nature, moi l'Espérantiste. Habitué aux gloires, mais aussi aux déceptions "acceptables". Je suis revanchard, fanatique et passionné. Mais aussi rationnel. Je sais utiliser tous les euphémismes du monde pour atténuer une situation délicate et y voir une lueur d'espoir.

Mais là, trop c'est trop. Il y en a vraiment marre ! Des points gaspillés par ci et par là, des situations aberrantes qui se répètent et se ressemblent en plus de quelques mini-crises successives. Mais pour l'amour de Dieu, que se passe-t-il?

Un nul à Bizerte avec une prestation en demi-teinte, un énième derby non gagné avec une 2ème mi-temps ratée, une finale retour, contre Sétif, des plus ridicules pour finir avec un nul frustrant contre un ESHS médiocre et très limité. Mais que se passe-t-il?

J'ai passé la nuit à réfléchir, à essayer de trouver un alibi pour le club entier. Il n'y en a pas. Alors, je me suis mis à décortiquer la situation pour voir où est ce que nous pêchons.

A commencer par les joueurs. Certains sont nouveaux dans l'équipe, ils ne sont pas reprochables de beaucoup, tant qu'ils n'ont pas eu le temps minimum nécessaire pour s'intégrer et fondre dans le moule. Je citerais les Ayari, Echikh, Roger, Nawali et Traoui. D'autres reviennent de loin (je vise notamment Janvier). Mais je ne trouve pas d'explication au comportement des plus anciens qui retombent, toujours, dans les mêmes erreurs : Chammam (couverture), Derbali (duels), Korbi (agitation excessive), Eneramo (individualisme excessif - ratages faciles - manque de lucidité - duels avec les mains), Bouazzi (excès techniques futiles). Parce que quand on est à sa deuxième ou troisième année à l'Espérance, on ne doit pas refaire les mêmes débilités.

Mais, ceci évoque, en parallèle, le rôle du staff technique. Que fait-on lors des entrainements? Théoriquement, on doit corriger les défaillances individuelles. Or, ces défaillances persistent. Comme si on ne s'en rend pas compte.

Pire encore, où sont les variantes tactiques? Avec un club qui dispose d'autant de joueurs, l'absence des Darragi, Msekni ou même Korbi ne doit pas pénaliser le volume de jeu de l'équipe ni sa faculté à métamorphoser son jeu en fonction des individualités présentes. Or, l'Espérance, ou plutôt Benzarti, s'entête à conserver le même module qui devient facile à déchiffrer. La preuve est qu'à chaque fois où l'Espérance est bloquée, il n'y a que le talent de Darragi ou Msekni qui débloque la situation. Aucune variante de jeu n'est modifiée pour changer de module. A ce point Benzarti est à court de solutions? Ou est ce que l'effectif en place ne permet que cette configuration? Sachant que ce n'est pas du Coran.

Le match de Hammam Sousse a montré que Benzarti n'a pas pu dégager la pression qui entoure ses poulains. Et ceci est inadmissible pour quelqu'un d'aussi chevronné qui ambitionne, en plus, le poste de sélectionneur national.

Mais, cette pression n'est pas la faute de Benzarti. C'est la faute du bureau directeur. Avec toutes les turbulences qui ont entouré le parcours. A commencer par les départs inexpliqués de Bouchammaoui et Benkhamsa, aux bévues répétitives de Badine, en passant par les épisodes du capitaine Eneramo pour finir avec le feuilleton FTF - Benzarti. Une gestion calamiteuse de ces affaires a fait gonfler au maximum la sphère de la pression autour de l'équipe. A un tel point que le seul Benzarti (engagé à moitié avec le club) ne pouvait, peut-être, pas évacuer.

Mais pourquoi est ce que le bureau a traité ces sujets d'une aussi mauvaise manière? D'une part, et c'est évident, il y a un manque de compétences autour du président. Mais, d'autre part, la pression du public n'était pas soutenable. Le bureau devait agir dans l'urgence pour calmer les esprits. Et quand on agit dans l'urgence, avec des compétences amoindries, on rate son coup.

Je suis ressorti de ma réflexion avec des maux de têtes affreux mais, au moins, avec un brin de réponse : Toutes les composantes sont responsables de ce que vit le club aujourd'hui et de ce qu'il vivra demain. Parce que demain est un autre jour. Donc, il y a toujours l'espoir et, surtout, la possibilité de corriger. N'ai je pas dit que moi, l'Espérantiste, je suis optimiste de nature?

Il faut que chacun prenne ses responsabilités. Le joueur doit s'autocritiquer, revoir ses prestations et déceler ses défauts pour pouvoir les corriger avec l'aide et l'assistance du staff technique dont l'engagement doit être total. Et là Benzarti doit trancher sa position, par respect au club. De sa part, Hamdi Meddeb doit revoir certains choix au niveau du qualitatif de son bureau directeur pour ne plus tomber dans le panneau. Et, surtout, nous public passionné, nous devons revoir nos ambitions, réévaluer notre réalité et interagir avec les autres composantes du club de façon positive. C'est, pour moi la voie du salut.