Réflexion

Générosité et patriotisme


L'entraîneur Faouzi Benzarti en conférence de presse. (Photo MSM)
L'entraîneur Faouzi Benzarti en conférence de presse. (Photo MSM)

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La générosité se définit comme donner à quelqu'un quelque chose qui nous appartient.

Le patriotisme se définit comme l'amour du pays et la disposition à s'y sacrifier physiquement ou moralement.

 

On vient de vivre, en l'espace de deux mois deux scènes où la générosité et le patriotisme nous ont fait un volte face terrifiant.

 

Face 1 :

Il y a, à peine, deux mois et demi, la sélection nationale, conduite par Umberto Coelho, rate sa chance pour se qualifier au premier mondial africain de 2010. Le vox populi appela, unanimement, au limogeage du portugais et à la nomination d'un national à la tête de l'équipe nationale. La commune de fourbes qui règne sur notre football ne trouvait de refuge que de s'aligner à la volonté du peuple. Démocratie oblige.

Contre son gré, la chère fédération accepte, la proposition momentanée de la rue : Faouzi Benzarti. Entre nous, la fédération comptait sur le véto du BD espérantiste pour se tirer d'affaire. Ses membres préfèrent, de loin, un étranger qu'ils peuvent manipuler à leur guise à un local proche des gens.


Mais, c'était sans compter sur le patriotisme des espérantistes et la générosité de leur président qui accepta de sacrifier, momentanément, les intérêts du club pour d'autres plus importants. Ceux de la patrie. Parce que mère Tunisie est au dessus de tout. Et de son intérêt dépend notre dignité.

 

Ce fut. Et, comme tout le monde sait, la séléction n'a pas pu aller loin dans son chemin de la CAN à cause de carences que tout le monde sait mais que tout le monde tait.

 

Vient, alors le temps de décider sur le sort de cette séléction. Et là encore, le vox populi l'emporte sur les fourbes. KO. La fédération n'a de solutions que de maintenir Benzarti à la tête de la sélection. Mais sous quelles conditions.


D'abord, il prendra l'équipe à partir de juillet 2010. Ensuite ça sera jusqu'à la CAN 2012 (soit réellement un an et demi et non pas deux ans). Enfin, c'est à Benzarti de trouver une issue à sa situation avec son club. Comme quoi le généreux paye pour son patriotisme. Il devra verser du sang par les mains de mère Tunisie. Quelle cruauté!

 

Face 2 :

Et pour faire de la bête, belle, la fédération nous ressort ses griffes, ornées de vernis, pour nous remettre un cadeau empoisonné.


Ayant confisqué, au nom de la patrie, l'entraineur en chef d'une espérance aux portes de la compétition continentale majeure, et qui est encore sous contrat avec son club, elle lui accorde son gracieux aval pour assister le club durant la compétition continentale : quelle générosité.


C'est comme le voleur qui, par charité, donne à manger à sa victime. C'est le patriotisme fédéral. Encore une fois, quelle cruauté!