Coup de théatre

Le Général et le footballeur


Le Onze Sang et Or aligné contre le CS Sfaxien à Radès, le 12 septembre 2009. (Photo CHALA)
Le Onze Sang et Or aligné contre le CS Sfaxien à Radès, le 12 septembre 2009. (Photo CHALA)

...

Lors du mercato hivernal qui vient de s'achever, nos recruteurs ont exploré plusieurs pistes. La majorité des Sang et Or savaient que les postes cibles étaient ceux de latéral droit (avec Anis Boussaidi, Saber Ben Fredj et Aymen Ben Amor comme candidats), de milieu relayeur (avec Haithem Mrabet, Guy Roger Toindouba et Majdi Traoui comme postulants) et d'attaquant/ailier (avec King Osanga, Eric Bokanga et Ganiyu Oseni, entre autres, comme prétendants).

Les tractations avec le sociétaire de l'AS Vita Club ont, toutefois, pris une tournure inattendue qui a laissé libre cours aux fantasmes les plus débridés et aux rumeurs les plus folles qui s'apparentent, comme nous allons le détailler plus bas, aux histoires de réalisme magique à la Gabriel Garcia Marquez ! Et pour cause : un Général et une histoire incroyable... mais vraie.

Eric Bokanga a signé un contrat de deux ans et demi avec l'EST et s'est même entraîné avec le reste de l'effectif. Mais il fût soudainement sommé par le président de coordination de son club le Général Gabriel Amisi de regagner son pays. Un article tendancieux intitulé "Le président de V. Club Amisi tire Bokanga d'une séquestration en Tunisie" paru le 14 janvier 2010 sur les pages du digitalcongo.net a suivi le désaccord et nous a plongé dans un réalisme africain qui, magique soit-il, reflète une réalité qui dépasse l'imagination et transgresse les limites entre l'imaginaire et le réel.

Cet article qui ternit et l'image de notre club, l'Espérance Sportive de Tunis (EST), et celle de notre pays, la Tunisie, ne nous a pas laissé indifférents à ses insinuations, projections et accusations, non fondées du reste. Mais commençons par le commencement.

L'article relate le dénouement des contacts de Bokanga avec le club français AJ Auxerre qui n'a pas plu au congolais : "les dirigeants auxerrois avaient résolu que Eric soit dans la seconde équipe de leur centre de formation pour un délai d'attente de 6 mois" et ce pour des raisons tactiques, selon d'autres sources. Et à partir de là, l'article versa dans une narration de faits en termes de séquestration, déjà annoncée dans le titre, et d'enlèvement perpétré par des responsables espérantistes donnant l'image d'un commando qui s'infiltre et règne en terre congolaise : "... il était filé par les « flics » de l'Espérance de Tunis. Profitant de l'amertume de Bokanga, ils lui feront miroiter monts et merveilles pour l'emmener presque de force en Tunisie sans qu'il le veuille vraiment". Nous ne savions pas que nos recruteurs étaient aussi, et même plus, forts que les héros des films d'action extirpant un citoyen de son pays sans qu'il le veuille.

L'article continue la narration de l'aventure en ces termes : "Sur place à Tunis, son passeport lui sera confisqué. Il sera logé dans un hôtel sous une garde militaire". On peut à la limite comprendre la raison pour laquelle les responsables Sang et Or auraient voulu garder le passeport du joueur avec un mercato qui battait son plein et des détournements de joueurs devenus devise courante entre nos clubs. Mais de là à le mettre sous une garde militaire, on se croit au Congo et non en Tunisie!

L'article finit par transformer l'ambassadrice du Congo à Tunis en une "Indiana Jones" qui sauve le kidnappé natif de Masena et le fait rentrer au pays natal.

Et la cause du désaccord dans tout cela ? L'auteur ne mentionne aucune.

Selon des sources très proches de notre BD, le Général Amisi a exigé que la somme du transfert soit versée dans son propre compte en Belgique, demande catégoriquement refusée par le président espérantiste M. Hamdi Meddeb puisqu'il s'agit d'une transaction illégale.

Pourquoi une telle demande ? Il se pourrait que le Général Amisi, aussi connu sous le nom Tango Fort, planifie une retraite dorée en Belgique.

Nous voulons porter à la connaissance des dirigeants véclubiens et du journaliste qui nous a monté de toutes pièces cette histoire drôle, qu'Eric a téléphoné jeudi dernier à M. Hamdi Meddeb pour lui faire part de son désir de conclure son transfert à l'Espérance. Ce coup de téléphone prouve, si besoin est, qu'Eric Bokanga veut bien jouer à l'EST et qu'il n'a jamais été kidnappé ni transporté à Tunis contre son grès.