Analyse

Une élimination au goût amer sans plus


Le onze Sang et Or aligné contre l'US Monastir le 3 mai 2009. (Photo CHALA)
Le onze Sang et Or aligné contre l'US Monastir le 3 mai 2009. (Photo CHALA)

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L'Espérance a été éliminée au stade des demi-finales face à un adversaire censé être moins fort qu'elle et dans une compétition qui nous est devenue familière avec cinq finales successives dont les trois dernières remportées haut la main.


Que s'est-il passé pour qu'on se fasse éliminer de la sorte chez nous à El Menzah alors qu'on est en plein apogée et que notre machine est bien mise sur les rails depuis l'avènement de Benzarti.


Plusieurs facteurs ont contribué à cette contre-performance, qui, je l'espère, ne laissera pas de séquelles, car j'ai comme l'impression qu'il a suffi qu'un impondérable vienne se mettre à travers pour que tout bascule et pour qu'on retrouve nos vieux démons.


Il y a des causes qui ont précédé cette rencontre et d'autres qui ont survenu au cours du match. D'abord, je crois que les beaux résultats enregistrés dernièrement nous ont enivrés tous sans exception au point qu'on a oublié que notre équipe avait, il n'y a pas si longtemps que ça, beaucoup de lacunes malgré que nous étions souvent en tête de classement. Notre défense nous faisait toujours peur et notre effectif malgré sa qualité accuse quelques lacunes comme le poste d'arrière droit ou des remplaçants dans certains postes qui n'ont pas la même valeur que les titulaires.

D'un autre côté, courir derrière plusieurs lièvres à la fois est licite et légitime quand on s'appelle l'Espérance, mais pour tout rafler, il faudrait plusieurs facteurs dont un effectif très riche tant en quantité qu'en qualité, des leaders et des meneurs d'hommes, de l'expérience à en revendre et ... de la chance ! Eh oui, de la chance, surtout dans les épreuves où l'élimination se fait sur un seul match (coupe locale) ou en aller et retour (Ligue des Champions Arabe). On s'aperçoit donc qu'objectivement, notre équipe n'est pas bien armée pour affronter tous ces titres d'autant plus que notre chère Fédération n'est pas allée de main morte pour entraver notre marche victorieuse, tandis que certains clubs tunisiens n'ont fait que nous mettre les bâtons dans les roues. On avait deux mois infernaux à gérer, celui d'avril qui est passé sans encombre, mais reste ce mois de mai, celui de la récolte et il faudrait être au summum sur le plan physique, tactique mais aussi mental pour en sortir indemne d'autant qu'on ne peut compter que sur nous même dans un environnement qui nous est hostile pour ne pas dire plus.


L'affaire de la date de la dernière journée a déconcentré tout le monde

Je ne vais pas m'attarder sur la prestation de l'arbitre car il serait inconcevable qu'on loue les mérites d'un arbitre étranger quand il applique des lois qu'aucun tunisien ne puisse les appliquer, comme l'arbitre espagnol qui nous a sifflés à juste titre deux penaltys sur des tirages de maillot et faire tout ce scandale pour la mauvaise prestation de l'arbitre grec en passant sous silence les fautes que l'on a commises avant et durant le match et qui ont précipité notre élimination.


D'abord, on doit avouer que l'affaire de la date de la dernière journée nous a beaucoup perturbés et si notre bureau directeur doit défendre notre cause, il ne fallait pas que ça dépasse certains cadres, car quand on voit Faouzi Benzarti s'occuper de cette affaire en public et parle de complot en en faisant sa principale cause, alors qu'il a d'autres chats à fouetter (même si ça reste justifié), alors tout ce grabuge autour de cette affaire ne fait que perturber les joueurs. Quand tous les espérantistes s'occupent plus de ce duel extra-sportif avec le Club Africain, ça ne pourrait qu'être néfaste pour la suite de notre aventure. Regardez comment nos joueurs et notre staff étaient stressés et sur leurs nerfs, malgré que la rencontre ne soit pas aussi capitale que la dernière journée du championnat. C'est vrai qu'on sent que la Fédération cherche à nous léser, mais s'il fallait riposter et défendre nos droits les plus légitimes, il n'en demeure pas moins que cette affaire aurait pu être diligentée par nos responsables et sans trop de fracas.


Crispation, quand tu nous tiens !

Le résultat est là, nos joueurs étaient crispés dès l'entame du match. Un geste gratuit de Abdi - pourtant un joueur chevronné - qui nous coûte un carton rouge, et dire qu'il devait éviter le carton jaune. Un Korbi qui était bien parti pour récolter lui aussi un rouge sans son remplacement après 25 minutes de jeu, tellement il cherchait la petite bête à tout le monde. Enfin, un staff technique qui a pété les plombs alors qu'il était de son rôle de calmer les esprits. Vous allez me dire que l'arbitre a faussé la donne. Oui M. Dimitrios Kalopoulos a été catastrophique et dépassé par les événements. Et là la faute incombe à la Fédération qui a cherché vite fait un remplaçant au portugais, initialement annoncé, sans se soucier de la qualité du remplaçant, car le grec était un nouveau international qui est de surcroit au repos depuis quelques temps puisque le championnat grec est en trêve et avec une condition physique précaire, un arbitre ne peut que faire des fautes. La Fédération est aussi coupable de désigner un 4è arbitre non international et très mou. Quand on sait l'importance du rôle du 4è arbitre quand le référé principal est étranger, on se demande pourquoi notre fédération n'a pas désigné un de nos arbitres internationaux. Mais tout ceci n'explique pas l'hystérie collective tant sur le terrain que dans la guérite ainsi que sur les gradins. On se souvient tous de l'arbitrage calamiteux de notre rencontre face à l'Entente de Sétif en Algérie. On a certes protesté juste ce qu'il faut pour faire pression et établir nos droits, mais on a gardé les pieds sur terre et on a fait contre mauvaise fortune bon cœur, le résultat ne s'est pas fait attendre et on a gagné à Sétif même au nez et à la barbe de l'arbitre et de ses assistants.


Le geste coupable de Abdi

La bourde de Abdi nous a coûté cher, très cher même. Elle a été la principale cause de la nervosité de tout le monde. On a fait des éloges de ce garçon qui a su nous apporter stabilité et sécurité de notre arrière garde, hier il a bousillé tout cet acquis d'autant que son remplaçant Chammari n'a pas arrêté de faire des fautes élémentaires qui l'ont sorti vite fait du match alors qu'il vient à peine d'être injecté.


Ajoutez à cette défense orpheline de Abdi un Janvier devenu vulnérable car il n'avait aucun joueur devant pour couvrir avec lui le côté droit, lui qui avait auparavant le soutien de Bouazzi, Tayeb ou Msakni, ce qui lui permettait d'évoluer à son aise malgré ses lacunes défensives. Mais hier, et en jouant à 10, il n'y avait plus ce soutien et le couloir droit est devenu un boulevard, d'autant que Derbali qui le couvre parfois quand l'animation défensive l'exige s'est occupé tant bien que mal à colmater les brèches et les fautes commises par Chammari et a oublié d'aider son coéquipier qui a passé une mauvaise après-midi face au véloce Hannachi et au rusé et opportuniste à souhait Essifi, pourtant revenant d'une blessure.


Un milieu désagrégé

La sortie de Korbi et ensuite celle de Achour ont aggravé la situation et sonné le glas à notre milieu qui s'est désagrégé, et par moments, il s'est carrément disloqué. Ce milieu est devenu composé par uniquement trois joueurs: Z. Souissi qui a tenté tout seul à colmater les brèches au milieu du terrain. Bouazzi qui est entré alors qu'on est mené, et diminué comme il l'était par une blessure qui vient à peine d'être guérie, n'a pu avoir son rayonnement habituel. Darragi, quant à lui, jouant plus souvent derrière Enramo et faisant attention pour ne pas récolter un carton jaune synonyme d'absence face à l'Etoile du Sahel, a alterné le bon et le moins bon, malgré des tentatives qui démontrent que ce garçon peut transander quand ses coéquipiers l'aident dans sa tâche.


Seul notre attaque a joué à son niveau, avec un Eneramo qui se mène comme un diable face à une défense adverse recroquevillée sur elle-même avec 5 défenseurs constants, et un Bienvenu qui a bien couvert Chammam et a essayé de créer le danger. Il a pu offrir un but à Michael, mais sans le soutien de notre milieu, qui n'a pu en infériorité numérique appliquer le bloc, la majorité des tentatives du camerounais était sans danger d'autant qu'il perd beaucoup d'énergie à revenir derrière pour soutenir Chammam que l'on a vu, lui aussi, très offensif.


Et puis, avec la nervosité de tout le monde, on n'a pas été patient. Loin s'en faut. En jouant à dix et avec un but à remonter, l'affaire est devenue difficile mais non impossible d'autant qu'il nous restait 85 minutes à jouer, presque un match en entier, les joueurs au lieu de poser le jeu et procéder comme ils l'ont toujours fait ces derniers temps se sont rués à l'attaque à l'aveuglette laissant une défense désemparée par l'exclusion de Abdi et qui paniquait à chaque contre-attaque adverse, surtout quand elle se trouvait dans des situations de un contre un alors que l'USMo jouait merveilleusement le contre.


La Concentration et la sérénité seront désormais nos priorités

Maintenant on a perdu le titre le moins convoité des trois qui nous restaient à disputer, mais il n'y a pas le feu dans la demeure. Il nous en reste encore deux pour fêter dignement notre 90ème anniversaire, surtout le championnat tant désiré, pour faire taire tout ceux qui essaient de nous mettre les bâtons dans les roues, et à leur tête notre chère Fédération.


Cela étant dit, on doit tirer les enseignements nécessaires de la rencontre d'hier, car jouer avec volonté, hargne et « grinta » on en veut bien, mais jouer avec nervosité, agitation et surexcitation ça ne fait que nous nuire. Défendre nos droits et ne pas se laisser marcher sur les pieds c'est aussi compréhensible, mais de là à en faire notre plat quotidien au point de rendre l'atmosphère irrespirable, tellement on voit le complot partout, ne peut qu'avoir des répercussions néfastes sur notre groupe qui s'apprête à livrer trois autres matchs où les nerfs seront sollicités et seule la sérénité peut nous aider à arriver à bon port et accomplir comme il se doit les objectifs qui nous restent à réaliser.