Un autre derby, une autre défaite, cette fois la plus cuisante depuis trois ans. Ce n'est pas tant le score qui importe, dans la mesure où la défaite était de toute façon interdite en les circonstances. On ne va pas revenir sur les erreurs ponctuelles, y compris commises par l'arbitre norvégien, la baraka de Ben Chikha - encore faut-il savoir la provoquer ... nous y reviendrons -, mais il y a un constat bien amer à se le dire sans détour : l'Espérance d'aujourd'hui a été tout simplement indigne de son rang, de sa stature, de son histoire, y compris dans les derbies - nous ne reviendrons pas non plus sur l'historique des face-à-face -.

Entre une équipe qui a cherché son football et une autre qui a joué le sien, la sanction devient inéluctable. Oui, le premier but est arrivé sur un contre, lorsque la machine Sang et Or a commencé à sortir de sa réserve. Une réserve qui n'avait pourtant aucune raison d'être, sauf pour mettre dans le bain des clubistes qui n'avaient pourtant pas besoin d'offrande, ni de la part du staff technique ni encore moins des joueurs.

Ainsi, face au bloc Rouge et Blanc, nous avons pour la énième fois au derby vu une Espérance disloquée, avec des lignes péniblement espacées et des joueurs - ceux qui portaient le Sang et Or à Radès pour ceux qui se sentiraient perdus par le mot - sans ligne directrice, sauf une pour ne pas trop les accabler, celle d'être attentifs, nous pensons notamment aux Z. Derbali et Chammam qui n'ont presque pas dépassé la ligne médiane, Tayeb et Korbi voire Loué qui n'ont en aucun cas donné des solutions à leurs coéquipiers en avant demeurés, encore une fois dans un derby, complètement isolés!

Du coup, on a commencé à balancer des balles en attaque implorant, non pas le bon Dieu, mais Bienvenu ou Eneramo le miracle, qui n'est pas venu. Parce que prophètes, ils ne le sont pas! Et quand la guigne s'y met, avec une tête qui manque le cadre sur une balle arrêtée devant une défense et un gardien médusés suite à laquelle les protégés de Ben Chikha font le break sur un contre, la messe est dite. Car en aucun cas nous sentions les Sang et Or pouvoir revenir dans la partie, malgré une entame de deuxième mi-temps encourageante - ne fallait-il pas justement commencer la partie avec la même envie et détermination? -, mais il a fallu deux autres bévues, la première où Msakni (passe interceptée - de manière fautive? - par Iffa) et Jabeur (tacle sur un Ben Yahia qui n'attendait que ça) faisaient la course à qui faute le plus, et la deuxième celle de l'arbitre - il fallait bien qu'il s'y mette, sans parler de l'expulsion de Loué plus tard - pour voir Sellami coup sur coup - son deuxième but fut splendide, malgré la déviation de Jabeur - assommer l'Espérance.

Et à cette baraka insolente des clubistes - après le troisième but plus aucun joueur Rouge et Blanc ne se retrouvait par terre comme par enchantement ... qui a parlé de chance? -, De Moraïs n'a pas trouvé mieux, sur le banc, que de rajouter un peu plus de confusion ... à ses idées (au fait, sont-elles bien ses idées, car avec un Kanzari serein comme on le connaît - cherchez l'erreur - on ne sait plus quoi penser qui décide de quoi au sein du «staff technique»).

Bref, ce n'est certes qu'une défaite, que trois points perdus sur les soixante-dix-huit en jeu, mais c'est une défaite qui en dit long sur l'état d'esprit et la préparation des uns et des autres. Le championnat est loin d'être plié et si le Club Africain a pu remonter neuf points en sept rencontres, en chercher trois lors des cinq restants n'est sûrement pas un leurre, encore faut-il y croire et ensuite les mériter! Indignes, disions-nous?

P.S.: Indigne aussi le geste de chanter pendant l'observation de la minute de silence à la mémoire de la mère de Ben Chikha - que Dieu l'accepte avec sa mésirécorde -