Les plus avertis des Espérantistes le savent déjà. Le jeu de l'émission sportive phare de TV7 et celui de l'entité qui veille sur la bonne marche de notre football, celle qui a acculé l'Espérance à jouer quatre matches en huit jours et qui a permis au Club Africain (CA) de disposer en vain (un dicton de chez nous dit à peu près : «Dieu existe ... quelque part») de trois jours supplémentaires de récupération pour jouer son match de Coupe contre l'Olympique de Béja (OB), est devenu tellement prévisible qu'il ne faut plus chercher pour trouver.
L'équation est devenue simple : quel exploit réussiront-elles de mieux la semaine prochaine? Parce qu'il faut reconnaître qu'en matière de mauvaise foi, la course entre Dimanche Sport (DS) et la Fédération Tunisienne de Football (FTF), avec son antenne de Ligue Nationale de Football Professionnel (LNFP), est palpitante. Après tout, une Espérance qui caracole en tête de championnat, qui fracasse tous les records d'affluence, qui revient en force pour montrer la voie aux différents pleurnichards, smacheurs, saltimbanques, lutteurs et intrus du monde footballistique, doit déranger. Alors, il faut bien trouver la parade. Et quelle parade!
Rien que ce dimanche à Béja, on nous a offert un arbitre clubiste, et aux Rouge et Blanc de l'Olympique de se donner à coeur joie entre agressions avec les pieds, les coudes, voire même les bras devant un Saâdallah aux abonnés absents, à peine s'il a brandi un carton jaune à l'occasion, encore fallait-il qu'il constate les dégâts auparavant. Mais qu'à cela ne tienne, on ne lui tiendra pas rigueur d'avoir permis à l'adversaire de l'Espérance de terminer le match au complet, un Suisse, dont la prestation qualifiée par le visionnaire Zine El Abidine Oueslati, le secrétaire général du CA, de «honteuse» lors du dernier derby, l'a déjà fait ... alors?
Et Dimanche Sport dans tout ça? À regarder les images et à écouter les commentaires, on dirait que le fait de prendre en otage la population footeuse tunisienne le dimanche est une occasion en or pour enfoncer le clou. Dans le reportage dédié au match opposant le Club Athlétique Bizertin (CAB) à son hôte clubiste, la gardien des Rouge et Blanc - à ne pas confondre avec les couleurs de l'OB citées plus haut - commet un attentat (27') sur la nouvelle coqueluche Jaune et Noir, Jabbari. Et au commentateur de dire : «Le gardien clubiste intervient et met la balle en corner». Voilà, la messe est dite! Et dire que Ben Rejeb, non content d'avoir échappé à la sanction suprême au profit des cabistes, rouspétait tout bonnement contre le corner décrété par l'homme en noir.
Quelques images plus loin, on nous montre Ben Yahia, parti sur le fil du hors-jeu, nous faire une de ces chutes dont le Rouge et Blanc a seul le secret (on comprend la frustration de Ben Chikha quand il nous parle de chance, alors qu'on ne réalise pas le travail colossal qui se fait en la matière), mais là il ne fallait pas chercher la réaction du côté de Ben Yahia, tout content d'avoir échappé, lui aussi, à un carton jaune pour simulation risible, car le commentateur de DS s'est chargé du show : «centre de Dhaouadi, Ben Yahia chute à l'intérieur de la surface, une action suite à laquelle les clubistes ont réclamé un penalty, mais l'arbitre en a vu autrement». Voilà, la messe est redite de nouveau pour les crédules. C'est ce que l'on appelle journalisme, à ne pas confondre avec la prêterie!
Deux actions, disons identiques en matière de litige – incomparables au niveau de la gravité des fautes pourtant – et deux commentaires dignes d'un film muet de Charlie Chaplin (ne cherchez pas l'erreur!).
Juste après, on nous montre deux joueurs se disputant la balle, le clubiste tombe – et comment - et à l'arbitre de siffler une faute, qui pouvait être au profit du CAB sans que personne ne s'en serait offusqué (les deux joueurs se tenaient l'un et l'autre), pour le Rouge et Blanc ... sur la ligne de touche. Le coup franc qui s'en suit, tiré au bas mot à deux-trois mètres de la même ligne, se transforme en but décisif.
On attendait alors l'éminente «lecture» à la Guirat pour expliquer, aux néophytes que nous sommes, les différentes actions litigeuses. Et s'il n'a pas trouvé pertinent de commenter l'action ayant ramené le but clubiste, il a par contre affirmé que non seulement Ben Yahia n'était pas en position de hors-jeu, malgré des images qui ne peuvent aucunement le certifier de manière définitive (même si on arrive de derrière ... ce qui compte c'est le moment même de la passe), mais en plus, que ce dernier a subi une faute au moment de sa prise de scène d'un film à la Buster Keaton. Et n'allez surtout pas lui demander des comptes sur l'attentat qu'a subi Jabbari. Probablement qu'il était suicidaire et qu'il n'est pas dit qu'on puisse parler de la guerre au Moyen Orient dans une émission sportive.
Après ce grotesque prélude auquel nous nous sommes habitués, nous avons pris notre mal en patience pour regarder le reportage du match OB-EST. Je vais passer directement à la Moviola, car Guirat qui n'était pas prêt pour parler du hors-jeu de Ben Yahia, alors qu'il avait trouvé le moyen de parler de remise en touche lors du match de l'EST à Jendouba, pendant qu'il était question de parler de penalty non sifflé au profit d'Eneramo, n'a pas trouvé mieux que de commencer son show par, tenez-vous bien, une action qui s'est déroulée à la 39'. Et il ne fallait pas compter sur sa «lecture» pour rectifier le tir : il déclare solennellement SVP que l'agression de Loué est «intentionnelle» sur un joueur adverse, qui venait pourtant de le faire trébucher en levant son pied, pendant que l'Ivoirien regardait tout simplement le ballon. Sanction proposée par son éminente «lecture» : carton rouge et expulsion!
Entre temps, l'attentat commis sur Darragi à la 11', qui a valu à notre milieu offensif un arrêt de deux semaines, ratant probablement le derby au passage, et à son agresseur un carton jaune, limite risible quand on pense aux tergiversations de Saâdallah en les circonstances, n'avait pas de place pour être commenté selon Guirat. Idem pour la double agression (tacle par derrière et faute de réaction) de Karamoko sur Bouazzi en fin de match, qui a valu un minable avertissement à son auteur, et à Guirat de nous montrer à la place un pied en avant, pourtant clarissime, supposément mal jugé par l'arbitre contre Kriden, averti justement à son tour! Mais au préalable, Guirat a vu une faute d'Eneramo sur le dernier défenseur, Matar Bacha, qui a dévié la balle de la main, alors que le Nigerian allait tout droit battre le gardien Laâmouri. Cela dit, on ne va pas lui en vouloir pour sa cohérence, après la faute sur Ben Yahia, celle d'Eneramo devrait être du domaine pénal.
Et qu'apprend-on aujourd'hui encore? Que Loué est convoqué pour passer devant le fantôme conseil de discipline, deux jours avant notre match contre le Club Sportif de Hammam-Lif (CSHL), alors qu'il n'en fut rien pour des matchs où le CA était partie prenante (contre le Stade Tunisien [ST] en championnat et l'OB en Coupe entre autres). Que l'Union Sportive Monastirienne (USMo) tout comme le Club Sportif Sfaxien (CSS), engagés en Ligue des Champions arabe autant que l'Espérance, vont jouer leur match de la 21è journée le vendredi, alors que les Sang et Or devront jouer deux jours plus tard le derby capital de la capitale, avant d'accueillir les égyptiens d'Al Ismaïly le mercredi.
Bref, ça sent le rebelote de la veille du match de l'Étoile à Sousse, alors qu'on a tout fait pour casser du Sang et Or et la réponse des joueurs sur le terrain a été telle, que les plus mauvaises langues ont connu leur pire crampe. Qui a dit que la vie est un éternel recommencement? Soyez rassurés, je ne fais surtout pas référence à des histoires de gardiens adverses contactés ou agressés, de stades indisponibles ou même de règlements devenus par enchantement pas clairs.
Opinion
Dimanche Sport et la Fédération : même combat ... perdu d'avance!
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