Ligue 1

JS - EST : Deux points précieux de perdus


Henry Bienvenu contre Jendouba Sport, le 31 août 2008 à El Menzah. (Photo CHALA)
Henry Bienvenu contre Jendouba Sport, le 31 août 2008 à El Menzah. (Photo CHALA)

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Les prétextes

On connait tous les points faibles de nos joueurs, c'est le mental ! Quand tout va bien dans leur tête, tout va à merveille. La technique on la sait innée, le physique et la maturité tactique ont été améliorés à pas de géant, reste le côté mental qui demeure le talon d'Achille de tous les compétiteurs tunisiens et de nos joueurs en particulier, bien évidemment. Et quand nos responsables, au lieu de l'améliorer, enfoncent encore le clou, le résultat des courses est implacable : nos joueurs perdent encore plus de leurs moyens.

Dans les douze mois de l'année, on y trouve pratiquement un prétexte pour chaque mois qui ébranle le mental de nos joueurs : les mois de l'hiver – Décembre, Janvier et Février - les terrains sont dans un état pitoyable et donc impraticables ; les mois d'Avril et de Mai, c'est le moment des derniers matchs cruciaux de la dernière ligne droite du championnat et les joueurs sont stressés ; le mois de Juin, c'est la fin de la saison et les joueurs sont lessivés ; Juillet, c'est la période des vacances ou de la préparation et les joueurs ne peuvent se donner à fond ; Août voire également Septembre, c'est la saison chaude et impossible de donner le meilleur de soi-même ; Octobre c'est le Ramadan ; Novembre, c'est le stress des derniers matchs continentaux (quand on y participait), etc.

Si j'ai fait toute cette introduction, c'est simplement pour dénoncer notre manière à nous tous d'amplifier les obstacles au point que les joueurs, mentalement fragiles de surcroît, les rendent involontairement insurmontables. La dernière opposition face à Jendouba Sport (JS) en est l'illustration parfaite. Durant la semaine qui a précédé le match, on ne parlait que du terrain lamentable de Jendouba - comme si par ailleurs les autres terrains étaient mieux lotis -, alors qu'on sait qu'à part le stade de Rades en hiver et deux ou trois autres arènes durant le reste de l'année, tous les terrains sont plutôt des pâturages, voire des champs de patates plutôt que des terrains de foot. On peut toujours appeler à améliorer cet état de fait, mais ça ne doit aucunement influencer sur le jeu de l'équipe et surtout sur ses résultats, d'autant plus quand l'adversaire du jour joue dans les mêmes conditions que nous.

On a toujours assisté à d'excellents matchs par le passé, pourtant joués sur des terrains en piteux état. Les moins jeunes ont assisté à des matchs palpitants sur des surfaces en terre battue ou tapissés de gravas. Alors quand je vois nos joueurs passer à côté du match, dans leur majorité, à cause, entre autres, d'un terrain à la limite du praticable, ça me rend fou furieux! Il faudrait que nos responsables mettent une fois pour toute de leur poids pour inculquer à nos joueurs qu'il faudrait jouer de la même manière dans n'importe quel terrain.

Autre prétexte qui nous pénalise, c'est quand on entend à droite et à gauche qu'on joue 3 matchs en 8 jours. Même M. Tlemçani a parlé une fois de 4 matchs en 8 jours, en comptant un match de Coupe nord-africaine, pourtant joué avec l'équipe « bis », et dire que par ailleurs cela fait partie de la normalité des choses que de jouer deux fois par semaine. Chez nous, on amplifie déjà le phénomène en parlant de 3 fois en 8 jours et on ébranle par la même occasion le mental de nos joueurs. Alors de grâce, faisons en sorte que nos joueurs soient prêt physiquement, mais aussi mentalement pour jouer tous les 3 jours sans que ça ne représente un handicap pour l'équipe ou un prétexte, aussi mineurs soient-il.

Les balles arrêtées

Il fut un temps où quand l'équipe ne carbure pas à merveille, les balles arrêtées nous sauvent de la situation. C'est d'ailleurs l'une des ABC du football d'aujourd'hui et rien que pendant le dernier weekend, la Juventus est venu à bout de la prenable, sur papier, Siena à Torino grâce à un coup franc de Del Piero. Quand le terrain n'est pas adéquat, quand les joueurs sont dans un jour sans, quand quelques uns sont en méforme, bref quand la machine grince, les balles arrêtées deviennent l'arme de prédilection pour débloquer la situation. Malheureusement depuis quelques temps, ce n'est plus le cas à l'Espérance. Contre JS, c'est devenu carrément caricatural avec un Chammam qui rate tous ses coups francs et s'obstinant à les jouer de la même manière, au grand désarroi de ses coéquipiers qui n'en revenaient pas, surtout lorsqu'il a raté la dernière tentative à quelques minutes de la fin du match, en brossant le ballon bien haut en espérant que le vent l'aidera à marquer un but.

On s'obstine aussi à tirer les coups du coin systématiquement au premier poteau, comme on s'obstinait durant l'ère Cabral à tirer les coups francs avec trois joueurs devant la balle – quelle belle trouvaille ! -. Que l'on fasse certains choix spécifiques pour une raison ou une autre, je ne peux que le comprendre, mais que cela devienne la panacée, pendant que l'application laisse à désirer, il faudrait bien rectifier le tir et varier les exercices pour espérer surprendre l'adversaire. Alors soit on travaille bien cette façon de tirer les corners au premier poteau jusqu'à en maîtriser les enchainements, soit on la délaisse pour des exécutions plus classiques ! Après tout, depuis quelques semaines déjà qu'on essaie de jouer les corners de cette manière, sans résultat. Pis ! Parfois même, on offre des contre-attaques meurtrières à l'adversaire, qui ne demande pas tant.

Enfin rien qu'à voir la petite polémique entre Echikh, qui a voulu tirer un des derniers coups francs de la partie, Loué, qui a voulu, lui, expédier un bolide et Tayeb, qui a voulu l'exécuter à sa manière en ayant gain de cause, car il est le plus râleur des trois, cela me fait mal au coeur. Normalement pour chaque balle arrêtée, il doit y avoir un joueur sensé l'exécuter et tous les genres de coups de pied arrêtés doivent être travaillés durant les entraînements, la compétition n'étant qu'une application par coeur de ces exercices.

Cet après-midi, il ne devait pas y avoir photo entre notre équipe et celle de Jendouba Sport, tellement la valeur intrinsèque de nos joueurs est supérieure à celle des locaux et pourtant, on a fait match nul. Je crois que parmi les raisons de ce demi-échec il y a d'une part le mental, qui a été ébranlé bien avant la rencontre par les discussions sur le terrain lamentable de Jendouba et sur la multiplication des matchs pour l'équipe, et d'autre part, le fait de ne pas profiter des balles arrêtées, qui demeurent la dernière arme efficace pour sauver la mise, quand le reste ne marche pas comme il le faut.

Pour finir, il n'y a pas le feu dans la demeure car notre avance est encore assez confortable, mais on devrait remédier à ces lacunes, tout comme notre défense encore fragile mais qui n'a pas été mise à l'épreuve contre un adversaire loin d'être une foudre de guerre.