Entretien

M. Hamdi Meddeb rompt le silence...


Portrait du président de l'Espérance de Tunis, M. Hamdi Meddeb. (Photo CHALA)
Portrait du président de l'Espérance de Tunis, M. Hamdi Meddeb. (Photo CHALA)

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Enfin, on a vu le président de l'Espérance devant une caméra de télévision plus que dix minutes. Pour une première, c'en est vraiment une. Mieux, c'est même le scoop qui éclipsera les nouvelles sportives de toute la semaine.

M. Meddeb était derrière son bureau, faisant un effort au début pour paraître calme et serein. Mais on voyait qu'il n'était pas à l'aise. Seulement voilà, après quelques phrases débitées sur un ton laconique, on a retrouvé un personnage sûr de lui, parlant un tunisien facile à comprendre et révélant tout, sans arrière pensée et surtout sans cinéma.

Il a d'abord expliqué le départ du préparateur physique Cardoso qui ne faisait pas son boulot comme il l'espérait : « Depuis que je travaillais avec M. Slim Chiboub, je n'ai jamais vu un staff technique se contenter que d'un seul entraînement par jour. Il est inadmissible de payer des entraîneurs pour 90 minutes de travail par jour. J'ai beau rappeler à M. Marcello les lacunes physiques constatées chez plusieurs joueurs, mais rien n'y fait. Il a continué à travailler comme il l'entendait. D'autre part, il ne s'occupait que des joueurs Seniors. Les jeunes qui rallient les Espoirs sont oubliés, à telle enseigne qu'ils prennent du poids. Le dernier match contre le Club Africain (CA) m'a conforté dans l'idée que M. Cardoso ne fait pas convenablement son boulot, son éviction était alors inéluctable.

Concernant M. Zoubeïr Boughnia, on avait pensé lui confier une tâche avec la section des Espoirs, car avec les Seniors et à la suite de son différend avec M. Ameur Bahri, on ne pouvait plus le garder. Je dois rappeler que j'ai trouvé M. Bahri au Parc B, quand j'y ai mis pour la première fois les pieds en 1967. Il a toujours fait partie des différentes équipes qui ont dirigé notre association. Ce n'est pas maintenant qu'on pourrait interdire à Si Ameur de s'asseoir dans la guérite des remplaçants ou entrer dans les vestiaires. C'est insensé tout ça et indigne pour une figure emblématique comme notre Ameur Bahri.

En tant que président de l'Espérance, il est de mon devoir de remettre de l'ordre dans la maison, mais voilà que M. Cabral ne l'a pas entendu de cette oreille. Depuis ce double limogeage, M. Cabral n'a plus souhaité continuer à travailler avec nous. Je dois souligner qu'il n'était nullement dans mes intentions de me séparer de lui, d'autant plus qu'on est leader du championnat. Ce serait maladroit de changer un coach, alors que notre équipe caracole en tête du classement. J'ai voulu persuader M. Cabral de rester, mais il a refusé. On ne peut quand-même pas le supplier. Je représente l'Espérance et nul n'est indispensable au doyen des clubs tunisiens. Il a choisi de partir sans demander - du moins pour le moment - quoi que ce soit. On le regrette tous, mais ça ne sera pas la fin du monde.

Heureusement pour nous qu'un agent m'a proposé le Portugais José De Moraïs... qui était libre de tout engagement. J'avais déjà eu de bons échos sur lui quand il entraînait le Stade Tunisien (ST). Un président d'un club saoudien n'a pas manqué de tarir d'éloges à son égard. Je l'ai contacté et il était heureux d'avoir la possibilité de travailler avec nous. Il est arrivé aujourd'hui même et un terrain d'entente a été vite trouvé. Il sera, normalement, notre prochain entraîneur. Je tiens à préciser que Maher Kanzari jouit de mon estime. Il est compétent, mais l'heure n'a pas encore sonné pour qu'il tienne tout seul les rênes de l'équipe. Je crains que la pression soit forte et pèse sur ses épaules.

Enfin, je tiens à souligner qu'il n'a jamais été question un jour que je démissionne. J'ai laissé de côté mon boulot, mes affaires et ma famille pour me consacrer exclusivement à l'Espérance. J'ai établi un plan sur trois ans, afin de redorer le blason de notre équipe et on est sur le bon chemin. L'Espérance est actuellement en tête du classement. Le championnat demeure une priorité. Mieux, on pense dès à présent à la Ligue des champions et j'en profite pour clamer haut et fort qu'il n'est pas question de libérer Eneramo ou de le vendre. Au contraire, j'aimerais avoir deux autres Eneramo dans notre équipe. Je suis là pour étoffer l'effectif en qualité et non pour le vider.

Je termine par demander aux journalistes qui ne s'occupent que de colporter des fausses nouvelles - surtout ceux qui sont censés appartenir à notre famille espérantiste - que ce n'est pas de cette manière que vous allez aider l'équipe et que vous n'arriverez jamais non plus à la détruire. Personne ne pourrait descendre l'Espérance. »

Enfin, M. Hamdi Meddeb a répondu à la dernière question du journaliste concernant ses rapports avec les anciens présidents du club. Il a nié l'existence d'un quelconque différend avec M. Slim Chiboub et qu'il leur arrive souvent de discuter de nombreuses choses, bien que parfois il y a des divergences dans les idées ; ce qui est normal. Il espère en revanche que le différend entre M. Aziz Zouhir et M. Slim Chiboub se dissipe... Il est persuadé de pouvoir unir toute la famille espérantiste à l'occasion des festivités marquant le 90ème anniversaire de la création du plus grand club que la Tunisie a eu.

C'est tout ce qu'on souhaite nous aussi. Le temps n'est plus aux palabres et aux procès d'intention. Merci Monsieur le président d'avoir pris le temps d'expliquer pour une fois vos décisions. Cela ne fait qu'éclairer l'opinion publique, tranquilliser un tant soit peu les supporters espérantistes de tous bords et couper l'herbe sous les pieds des colporteurs de fausses nouvelles et les rumeurs de bas de gamme. Pour finir, on souhaite la bienvenue à M. José De Moraïs. On espère tous revoir, enfin, sous sa conduite, l'Espérance fringante et conquérante comme elle l'a toujours été.