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Très peu utilisé à l'Espérance de Tunis puis cédé à l'Olympique de Béja, le jeune Ivoirien Timité Sékou a disparu de la circulation l'été dernier. Nous l'avons retrouvé en Suisse. Interview :
Timité, pouvez-vous nous faire un petit rappel des circonstances de votre arrivée à l'Espérance ?
À cette période-là, le championnat ivoirien battait son plein et j'étais le meilleur buteur avec à mon actif 14 buts en 18 matchs joués.
J'étais en train de m'entraîner avec mon équipe Issia Wazi quand Jean-Jaques Tizié a appelé le secrétaire général. J'ai dû interrompre l'entraînement juste après ce coup de fil et j'ai regagné Abidjan afin de rencontrer ma présidente, Ginette Ross, qui était elle aussi informée de l'offre espérantiste.
Tout s'est bien passé et j'ai regagné l'Espérance lors du mercato d'hiver de la saison 2005-2006.
Une fois à l'Espérance, l'ex entraîneur Khaled Ben Yahia ne vous a pas intégré directement à l'équipe première, pis encore, vous avez joué quelques matchs avec l'équipe Espoirs. Qu'est ce qui s'est passé au juste ?
Oui tout à fait, j'ai disputé 11 matchs avec les Espoirs espérantistes couronnés de 11 buts. Mais au préalable et une fois en Tunisie après la signature de mon contrat avec l'Espérance, M. Ben Yahia m'a appelé dans son bureau et il m'a demandé si je suis prêt à jouer, tout en s'interrogeant sur mon niveau et sur mes capacités réelles.
Je lui ai répondu que je suis en Tunisie pour jouer et ce que je demande, c'est d'avoir une vraie chance. Il a répliqué qu'il ne pouvait pas prendre de risque puisque je suis nouveau et qu'il ne manquerait pas de me suivre lors des matchs des Espoirs, chose qui n'a jamais eu lieu. Pis encore, il n'a jamais pris la peine de me corriger lors des entraînements.
De plus, j'ai fait des interviews qui ne lui ont pas plu apparemment, ce qui l'a amené à m'avouer que ce n'est pas lui qui a tenu à me recruter et que c'était un choix du président, en rappelant toutefois que c'était à lui de décider de ma titularisation !
À partir de là, je me suis senti délaissé, moralement j'étais dépassé et je me demandais ce que je devais faire pour que je puisse rejouer.
Et pour rendre à Cesar ce qui est à Cesar, seul M. Trabelsi, entraîneur des Espoirs à l'époque, a pris la peine de m'écouter et m'a permis de garder la forme.
Vous avez également joué de malchance avec votre blessure musculaire contractée, vous obligeant à rester éloigné des terrains pendant une très longue période. Cela était dû à quoi exactement ?
Vu mon état psychologique, ma tête ne répondait plus... mes jambes ont donc pris un coup dur. C'était en plus ma première blessure sportive.
Que peut faire un joueur qui vient d'arriver, qui n'est plus en confiance et dont le moral était à zéro ? J'étais éloigné de mes parents et personne ne s'est occupé de moi à part le coach des Espoirs, M. Trabelsi. Même le préparateur physique ne m'a pas accordé l'attention nécessaire.
Comme tout joueur de football, j'avais besoin de confiance pour jouer. Malheureusement, je n'ai pas eu de chance, peut être que c'est mon destin, mais je compte un jour revenir prouver ce que je voulais faire pour l'Espérance.
L'année d'après, vous êtes passé à l'Olympique de Béja (OB) sous forme de prêt. Comment avez-vous vécu ce passage ? Étiez-vous déçu de quitter l'Espérance ou plutôt conscient qu'il fallait relancer votre carrière dans un autre club ?
Bien sûr que je voulais relancer ma carrière ! Heureusement que j'ai profité de la confiance qui m'a été attribuée par mon entraîneur et j'ai réussi à être à la hauteur.
On a retrouvé un Sékou revanchard avec l'OB notamment lors des matchs contre l'EST. Vouliez-vous passer un message particulier ?
Tout à fait. J'ai réussi à marquer 3 buts en 4 matches. Comme tout avant-centre, je ne valais que par mes buts marqués. À partir de là, chaque fois que je marquais contre l'Espérance, je partais vers son banc de touche et je tapais ma poitrine comme quoi Timité est là...
Une sorte de revanche alors...
Pas une revanche, on ne pourra jamais se venger contre un papa ou une mère... l'Espérance c'est ma famille, c'était un message comme quoi Timité a pris du volume et a grandi dans la tête.
Lors de la saison 2007-2008, vous étiez passé définitivement à l'OB en contrepartie du défenseur central Zied Derbali. Pouvez-vous nous raconter ce qui s'est passé dans votre tête après la fin officielle de ton aventure avec l'Espérance... sans être jamais mis dans le bain ?
Sincèrement, je ne voulais pas revenir tout de suite à l'Espérance. Après ma belle saison passée à l'OB, je voulais me faire connaître encore et confirmer mon niveau.
J'ai discuté avec M. Badine Tlemçani qui m'a demandé si je voulais revenir. Je lui ai répondu que cela doit passer par une place de titulaire, autrement je préférais rester à l'OB.
Par la suite, le problème du passage de Zied Derbali est survenu. De plus, la venue d'Issa Sanogo et l'insistance du public m'ont permis de rééditer mon expérience avec l'équipe nordiste.
Pourtant vous étiez sur le point de faire votre retour à l'Espérance au mois de janvier 2008 n'eut été les exigences financières du président béjaois et on raconte même que vous étiez très déçu après l'échec de la transaction. Qu'en est-il au juste ?
Oui tout à fait. Une fois rassuré du sort de l'OB, je voulais goûter un autre challenge avec un retour à l'Espérance ou à un autre grand club. Je me suis retrouvé au Parc B comme dans un rêve, mais malheureusement cela n'a pas abouti.
C'était de nouveau un coup dur et j'ai fait 6 matchs sans marquer. Mais comme j'étais toujours un joueur de défi, j'ai réussi à relever la tête et j'ai terminé le championnat parmi les 3 meilleurs buteurs.
Peut-on dire que l'hospitalité que vous avez trouvée à Béja a été une des clés de la réussite ?
Oui bien sûr et comment ! D'ailleurs, je tiens à remercier tous les Béjaois de m'avoir accepté. Cette équipe m'a permis de devenir ce que je suis aujourd'hui.
De même, je remercie tous les supporters Sang et Or qui n'ont pas cessé de m'encourager quand bien même j'ai planté des buts face à leur équipe.
Quels sont vos meilleurs souvenirs en Tunisie que se soit avec l'Espérance ou avec l'OB ?
Disons mon arrivée a l'Espérance, mon doublé avec les Espoirs face au Club Africain (3 -1), le Championnat et coupe de Tunisie 2005-2006. Il y a aussi mon premier but en championnat avec l'OB contre l'Espoir Sportif de Hamam-Sousse et les 3 buts marqués contre l'Espérance.
Comment avez-vous atterri en Suisse ?
Par l'intermédiaire d'un certain M. Cherif en collaboration avec un agent de joueur (FIFA) suisse au nom de Walter Fernandez.
Pouvez-vous nous faire une petite présentation de votre nouveau club, le Winterthur Football Club (WFC) ?
Le WFC est un club du Challenge League (division 2 suisse). L'équipe occupe actuellement la 3è place du championnat et joue pour l'accession à la "Super League".
Quelles sont vos performances avec cette équipe ?
J'ai pris le championnat en cours (vers la 4è journée) à cause d'un problème de visa en Côte d'Ivoire. En plus, j'ai dû purger une suspension de 4 matchs suite à un carton rouge que j'ai reçu en championnat de Tunisie.
J'ai joué 3 matchs amicaux couronnés de 2 buts. Par ailleurs, j'ai pris part à 2 matchs officiels. Je me sens bien ici mais j'ai un peu mal parce que je n'ai pas eu l'occasion de défendre les couleurs de l'Espérance. Cela étant dit, je compte revenir un jour pour jouer le derby tunisois.
L'Espérance est connue pour avoir souvent réussi ses recrutements ivoiriens à l'image de Diaky, Tizié, Traoré et vous-même. Aujourd'hui deux autres joueurs ivoiriens ont intégré nos rangs à savoir Oussou Konan et Edgard Loué. Avez-vous une idée sur ces deux joueurs ?
J'ai eu l'occasion de jouer avec Oussou dans le même club (Issia Wazi) avant de venir en Tunisie. On jouait tous les deux à la pointe de l'attaque... C'est un joueur technique et bon dribbleur mais pas agressif. Je souhaite qu'Oussou gagne en agressivité, s'il veut aller loin en championnat et surtout à l'Espérance.
Concernant Edgar, je ne l'ai pas beaucoup vu jouer que ce soit en Côte d'Ivoire ou en France, mais c'est un joueur puissant qui possède une bonne frappe.
Avant dernière question Timité, l'Espérance est-elle toujours un rêve pour vous ?
Disons que j'ai une grande volonté de revenir remercier le public espérantiste pour la confiance qu'il m'a donnée. Malheureusement, je n'ai pas eu l'occasion de démontrer mes réelles prédispositions et de revêtir le cher maillot Sang et Or.
Un dernier mot pour les supporters espérantistes ?
Timité sera de retour bientôt. Je vous aime tous. Bonne chance et ne vous découragez jamais, l'Espérance reste toujours l'Espérance.