Yannick N'Djeng réduisant la marque face à Al Ahly en finale de la Ligue des champions, le 17 novembre 2012 à Radès. (Photo CHALA)

Ligue des champions 2012

Le dépit et le chagrin... Que sont nos rêves et nos espoirs devenus !

Dix heures à peine suite à cette finale catastrophique, on se sent tout groggy et KO debout, abattus que nous sommes par tant d'incompréhension et avec plus qu'un point d'interrogation.

Mais que s'est il donc passé pour nous écrouler de la sorte sous notre propre toit ?

J'ai eu toutes les peines du monde à reconnaître les protagonistes. A certains moments je me suis même demandé incrédule, si nos garçons n'étaient pas sous anesthésie, et si les visiteurs n'étaient pas sous l'effet d'une potion magique.

Tout réussissait aux égyptiens, circulation facile et intuitive à une seule touche, enchaînements fluides, on se trouve facilement au nez et à la barbe de nos hommes, anticipation, mouvement et vitesse d'exécution... Et n'eut été la bienveillance des cieux et la maladresse et la précipitation de certains des ahlaouis, l'ouverture du score aurait pu se produire bien plus tôt et à de muliples reprises dans cette première mi-temps de cauchemar. Ils nous ont pris à la carotide dès l'entame de la rencontre. Nous n'avons jamais pu désserrer l'étau à aucun moment, et nous n'avons du notre salut que grâce aux exploits et aux arrêts réflexes de Ben Chrifia, et quelques gestes défensifs ultimes et désespérés.

En face, nous étions comme des âmes en peine, toujours une seconde en retard, repliés et acculés à notre corps défendant, avec des lignes distanciées et sans la moindre cohésion, ni le moindre plan de jeu. Le milieu constamment mal positionné, pris de vitesse, pris à contre pied et déséquilibré, ni récupération haute, ni relance saine et sereine. Aucune cohésion, aucun plan de jeu concerté, et pas davantage de jus dans les jambes.

C'était un jeu de colin maillard, où nous sommes venus sur la pelouse les yeux bandés, et on avançait au fil des minutes à la grâce de Dieu, et au petit bonheur la chance. La faillite totale tactique, technique et physique. Ce n'est pas possible, cette équipe n'est pas la même qui avait battu le Wydad AC (WAC) il y a un an, ni celle qui a éliminé le TP Mazembe (TPM) en demis, et encore moins celle qui a muselé le Ahly de Borj El Arab... Comment a-ton pu s'écrouler à ce point, quand bien même on considère le poids des absences et des coups du sort qui n'ont eu de cesse de contrarier nos plans ?

Rendez-vous raté avec l'histoire ! (Photo CHALA)

Et c'est là que l'on revient à mon coup du sang qui a suivi les défaites prémonitoires de Béja, du ST et la performance toute négative au Congo en demi-finale aller. Nous avons tout réussi cette saison, à part notre parenthèse recrutement. Il y a eu cafouillage quelque part, et un énorme déficit de valeur rajoutée entre les départs et les arrivées. Ce que nous avons acquis est de loin inférieur à ce que nous avons perdu. Nous avons concentré nos efforts sur le renforcement du côté milieu récupérateur, et pas assez sur le volet créatif et relance. 

Il y a trop d'écart de valeur entre les titulaires et les doublures, et certains postes sensibles n'ont aucune doublure tout court. Ce qui rend chaque défaillance une équation insoluble à donner des cauchemars à Pythagore en personne.  

Nous possédons une profondeur de banc tout juste assez bonne pour disputer avec succès notre Ligue nationale, et juste assez pour aller en demi finale de la Champions League. Et encore !

Un effectif à revoir et à étoffer ! (Photo CHALA)

Comme on ne peut s'attendre à ce qu'une 2 CV puisse gagner les 24 heures du Mans, ni à un âne emporter le Prix de l'Arc de Triomphe, de même on ne pouvait espérer que cet effectif puisse venir à bout de celui du Ahly, supérieur à tout point de vue. Nous avons été trompé sur la marchandise, et à une ou deux exceptions près les hommes à notre disposition ne sont pas de l'argile dont on fait des héros mythiques.  

Le système de la défense compactée fonctionne face à des équipes à peine supérieures à la nôtre techniquement, telles le WAC et TPM, mais ça ne marche pas face à des collectifs du calibre au dessus. On a bien vu notre niveau extra continental en Coupe du Monde des Clubs au Japon, et face à un Ahly version Radès 2012, débarrassé des bourdes du vétéran Aboutrika.

Al Ahly avait à sa disposition des solutions de substitutions et de rechange en son milieu que nous n'avions tout simplement pas.

Je laisse de côté la part envie de gagner, la préparation tactique et physique de cette rencontre, qui me semblent quelque peu bâclées, et par le staff et par les protagonistes eux mêmes. Je crois même qu'à l'aune du match aller complètement raté par les égyptiens, les nôtres et nous mêmes supporteurs nous avions cru à tort que l'affaire était déjà dans le sac. En somme, côté Sang et Or on avait cru posséder la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Nous n'avons pas assez pris en compte le scénario CS Sfaxien 2006, et nous avons doublement payé la note, et bu le calice jusqu'à la lie.  

Il n'y a rien à redire quant au mérite de notre adversaire, rien à reprocher à l'arbitrage, ni au public cent pour cent solidaire et exemplaire. On ne doit s'en prendre qu'à nous mêmes, pour nos errements multiples au niveau de la gestion des hommes. Certains critiquent avec raison, le fait que notre coach n'a aucun adjoint, et je dirais même que sa main mise totale sur le secteur recrutement est injustifiée et sans commune mesure de par le monde. Trop de pouvoir en si peu de mains, c'est le plus court chemin vers la dictature, l'entêtement et l'aveuglement.

Maâloul doit s'entourer de davantage de compétences ! (Photo CHALA)

Je ne mets pas en cause les aptitudes de notre coach, je dis simplement qu'il ne peut pas tout faire et qu'il n'a pas les mêmes qualités dans tous les domaines. Celui du choix des hommes, et la stratégie du recrutement à court et à long terme, celle de savoir qui garder et qui libérer n'est visiblement pas sa qualité première. Il faut un directeur technique à cette section pro, et un adjoint fidèle et dévoué pour le seconder et le décharger des tâches ingrates. 

Voilà tout ce que je peux dire à chaud... Beaucoup d'encre va encore couler, beaucoup d'autres analyses à tête reposée... Mais cette déconvenue et nôtre peine profonde appelle des décisions fermes, des réponses précises à notre déception. Les responsables identifiés devront en tirer les conclusions qui s'imposent. L'institution Sang et Or est autrement plus noble et plus grande pour s'arrêter à un échec de parcours, quelque soit sa valeur et son volume, mais en même temps, et avant de glisser dans des crises et des polémiques stériles dont nul ne connait l'issue, une prise de position du patron s'impose, et un nouveau souffle doit être donné à cette grande maison afin de relever les défis à venir et remettre de l'ordre dans nos affaires et nos idées.

L'Espérance aura toujours ses hommes qui la remettront sur pied ! Au travail Messieurs ! (Photo CHALA)

DANS LE CALME et avec notre sérénité accoutumée. Dans une semaine, à peine, un autre match, de nouveaux défis... Et demain est déjà un autre jour, un jour nouveau. J'affûte d'ores et déjà mes plumes....