Remporter la Ligue des champions Orange une fois, cela peut arriver à n'importe quel entraîneur. Enlever le prestigieux trophée deux fois de suite, cela autorise d'entrer de plain-pied au panthéon des grands techniciens continentaux.
A 50 ans, il rêve de ce privilège des seigneurs. Pour son propre CV, mais aussi pour le palmarès d'un club dont il porta les couleurs entre 1975 et 1989.
Le match de ce dimanche à Borj El Arab peut le rapprocher de la prise du Borj (le fort, en arabe). Le coach de l'Espérance, Nabil Maâloul fera tout pour y parvenir.
Cafonline.com: Tout d'abord, comment avez-vous accueilli le coup dur que représente le forfait de dernière minute de Youssef Msakni, l'homme à tout faire de l'Espérance, victime d'une crise d'appendicite ?
Nabil Maâloul : "Cela nous a tous attristés. Jusque-là, notre préparation se déroulait dans une atmosphère très sereine.Mais la nouvelle de la crise d'appendicite arrivée à Youssef Msakni jeudi très tôt le matin, puis son opération dans la foulée ne pouvaient pas ne pas enlever un brun de cette sérénité. Maintenant, tous les joueurs espèrent réussir un résultat positif en finale aller pour le dédier à Msakni. Car nous savons combien notre joueur peut être déçu de ne pouvoir nous donner un coup de main. S'il sera absent physiquement, il sera de tout coeur avec nous. Nous ferons le maximum pour lui redonner le sourire. Il s'agit d'un joueur pas comme les autres. C'est l'un des tous meilleurs talents du continent. Un bon entraîneur doit pourtant être capable de gérer toutes les situations. Y compris ce genre de coup dur. C'est-à-dire une crise d'appendicite qui se déclare tôt le matin, alors que la veille, au soir, le joueur s'était entraîné normalement. Mais rassurez-vous, l'Espérance possède un effectif tel que cette absence ne va pas trop nous pénaliser."
Cafonline.com : Quelle importance faut-il accorder à un match aller quand on a une seconde manche qui se joue à domicile ?
Nabil Maâloul : "Le titre se joue sur deux manches : c'est une lapalissade, un lieu commun. Mais il faut à mon sens insister sur le fait qu'un bon résultat ramené dimanche d'Alexandrie ouvrirait grandes ouvertes les portes du sacre. Avec de préférence un but inscrit là-bas. Ce serait parfait."
Cafonline.com : Dans quelles dispositions allez-vous négocier cette première manche ?
Nabil Maâloul : "Si ce n'est l'opération de Youssef Msakni, tout serait parfait. Nous savions dès le départ que son frère, Ihab Msakni serait absent pour blessure. Et que pour le reste nous pouvions compter sur la totalité de l'effectif. L'équipe est prête pour entrer dans l'histoire du football africain, car ne remporte pas qui veut deux titres consécutifs. Ce sera avant tout un derby nord-africain. Et nous sommes aguerris pour de tels évènements. Nous avons souvent rencontré des adversaires de la région, avec un net ascendant en notre faveur. L'année dernière, nous n'avions déjà rencontré que des équipes arabes. Et cela nous a réussi. Mais ce ne sera pas cette fois une partie de plaisir. Nous sommes aux derniers hectomètres d'un superbe exploit. Al Ahly, on le connaiît parfaitement. Lui aussi, il se dit que l'Espérance n'a aucun secret pour lui."
Cafonline.com : Des appréhensions compte tenu de l'impressionnant palmarès de ce formidable compétiteur ?
Nabil Maâloul : "Non, Al Ahly ne nous fait pas peur. Je sais pourtant que cela va être un match difficile. L'adversaire a changé par rapport à celui que nous avions rencontré en 2011. Le Portugais Manuel José était alors à la barre. Les Egyptiens comptent des individualités capables de faire la différence à tout moment tels que Abouterika, Geddo, Moteab, ainsi que les deux véloces latéraux. C'est un ensemble homogène et truffé d'internationaux qui ont roulé leur bosse un peu partout, qui ont remporté trois CAN avec Hassan Shahata, deux Ligues des champions avec Manuel José. Leur expérience n'est pas négligeable. Mais nous avons nos atouts. Il faudra prendre les finales une par une. Avant de penser au retour, concentrons-nous sur la partie du 4 novembre."
Maâloul lors du match Ahly - Espérance (1 - 1) en CL 2011. (Photo: Reuters)
Cafonline.com : Une comparaison entre Al Ahly de Manuel José et celui de Houssam Al Badry ?
Nabil Maâloul : "Sous la conduite de son coach portugais, Al Ahly avait évolué avec trois défenseurs dans l’axe. Al Badry, lui, privilégie un milieu de terrain particulièrement renforcé. Un gars comme Walid Soulaymane a par exemple accompli d'énormes progrès et me paraît actuellement en très grande forme."
Cafonline.com : Qu'est-ce qui pourrait faire la différence ?
Nabil Maâloul : "Un détail infime. Dans ce genre de duels équilibrés, c'est souvent le cas, cela se joue à trois fois rien. La discipline de groupe, la concentration et l'application feront la différence. Nous devons rester vigilants et ne jamais baisser la garde."
Cafonline.com : Comment comptez-vous gérer le casse-tête des joueurs sous la menace d'un second avertissement suspensif en vue de la finale (ils sont six dans ce cas : outre Youssef Msakni, forfait, il s'agit de Mejdi Traoui, Harrisson Afful, Houcine Ragued, Samah Derbali et Youssef Blaili) ?
Nabil Maâloul : "Trois parmi ces joueurs seront alignés. Je vous laisse le soin de deviner lesquels. Pourtant, vous ne pouvez pas dire à un joueur avant un match d'éviter de prendre un carton. Sur un terrain, dans le feu de l'action, on ne calcule plus. D'autant que c'est le genre de duels qui privilégie l'engagement, le goût de l'effort et la combativité."
Cafonline.com: Un pronostic, pour terminer ?
Nabil Maâloul : "Je ne peux pas prédire le score, mais j'ai le pressentiment que nous allons gagner. Nous allons nous employer à marquer un but là-bas. Ce sera très important pour faire l'économie des frayeurs de Mazembe."