Seuls deux jours nous séparent de la dernière marche avant le sommet de la fête africaine. Un extrême marathon, un effort ultime, avant la ligne droite et l'heure de vérité, à savoir l'ultime bataille pour le sacre suprême, l'adoubement dont rêve tout joueur africain, et l'horizon radieux vers lequel tendent des millions de fans des clubs de ce continent. L'onction suprême du champion des champions, du roi des rois.
Quel autre ornement, quel autre sceptre est-il digne de notre toge aux couleurs impériales: Ochre Pourpre et Or Safran que ce butin au métal précieux tant convoité, ce sésame secret et sacré qui ouvre la porte du gotha du football mondial, du cercle restreint et exclusif des têtes couronnées de la planète. Quel bonheur, sans pareil que de s'asseoir à la table en tant que convives des seigneurs du monde. Quel insigne honneur que de placer ses armes et son blason aux côtés de ceux des chevaliers maîtres de la planète...
Une bataille qui sera la mère de toutes les batailles et les défis que nous avons relevés depuis un an et demi. Nous nous sommes battus à travers le bruit et la fureur de la révolution tunisienne, révolution annoncée, claironnée par la révolte de la jeunesse du peuple sang et or un certain 8 Avril 2010 à El Menzah. Un 8 Avril qui rappelait avec insistance un certain Juin 1971, autre printemps du peuple de l'Espérance.
Ce club est un vaste océan d'histoire, un flot de générations et des hommes qui depuis près d'un siècle ont gravé dans le marbre et avec les larmes et le sang les plus belles lettres, les épopées du football de ce pays et cette nation. Nos joueurs lui doivent une volonté et une résolution sans faille et sans pareil pour aller au bout d'eux mêmes, au bout du destin et contre vents et marrées arracher cet insigne, ultime honneur comme un hommage royal à ces hommes grandioses qui ont foulé la terre bénie de Hassan Belkhodja et les ruelles éternelles de Bab Souika et Halfaouine. La Médina capitale, demeure des seigneurs de Tunis et du pays des aigles.
La gloire nous est due, nous la méritons, nous vivons pour elle. Nous la voulons et nous irons la chercher sur les plus vertigineuses hauteurs, c'est à dire là où les aigles établissent leur aire, là où les bêtes féroces élèvent leurs lionceaux et autres dragons et titans gardent leurs dépouilles dans leurs imprenables demeures.
Tel Jason et ses argonautes, nous avons pris la mer pour un périple coûteux et périlleux, et nous ne rebrousserons chemin tant que la toison d'or ne sera capturée, enlevée, ramenée au bercail. Mise en sécurité là où devrait être sa demeure naturelle : BAB SOUIKA, aux côtés de l'homme saint, noble et pieux Sidi Mehrez.
Monsieur Nabil, messieurs les joueurs, nos chères idoles faites nous rêver, faites couler nos larmes, faites hausser nos clameurs, noyez nos coeurs dans un océan d'allégresse. En un mot faites flotter cette noble bannière aux couleurs sang et safran que nos pères et avant eux nos chers grands pères ont porté aux nues, aux sommets qu'abritent les nuages.
Dieu le Très Haut, le Magnanime soit avec vous dans cette quête et étape pénible mais oh combien cruciale. Nos corps seront absents, mais nos esprits et nos âmes seront avec vous, nos coeurs battront la chamade à chaque mouvement, à chaque action. Nous souffrirons, mais nous n'avons pas le moindre doute quand à votre couronnement et de la victoire finale.