Après une éclipse de plus de deux mois et demi, l'Espérance sportive de Tunis, reprend le chemin de la compétition avec les 1/16è de finales de la ligue des champions africains. Une rencontre attendue par les inconditionnels et tous les avertis, pour voir le comportement des poulains de Nabil Maâloul, à la suite de ce repos forcé, mais bien salutaire, car entre-temps, le peuple tunisien a retrouvé sa liberté et surtout sa dignité.
Nous étions ravis et contents de revoir le maillot Sang et Or à Radès, mais nous étions tout aussi curieux de voir comment notre équipe a préparé son retour à la compétition, d'autant qu'on garde encore en mémoire la dernière cuisante défaite des coéquipiers de Majdi Traoui face à l'Etoile sportive du Sahel à Sousse, lors de la 1ère journée retour de Ligue 1.
La formation rentrante était prévisible et attendue, hormis le remplacement à la dernière minute du benjamin Driss Mhirssi remplacé par Khaled Ayari pour éviter toute mauvaise surprise, car sur la licence de Mhirssi, il y avait la photo de Ben Salem, une erreur administrative qui aurait pu nous causer quelques soucis.
Comme à l'entraînement
La première période a commencé sur les chapeaux de roue. Les Sang et Or ont asphyxié une équipe bien faible et timorée. Les "portuaires" ont été surpris dès l'entame du match par les coéquipiers de Ben Cherifia, et les champions béninois ont subi l'humiliation de leur vie durant ce premier half. Ils ont été contraints à assister sans bouger à un récital, grâce à un jeu rapide, varié, avec des diagonales précises et surprenantes, dans les espaces morts et les montées dangereuses de nos deux latéraux. Un jeu qui nous rappelle à bien des égards, l'Espérance sportive de Tunis de Tony Pietchinzeck. Le résultat ne s'est pas fait attendre : Un premier but à la 8ème minute œuvre de Youssef Msakni, à la suite d'une belle passe de Traoré; un second but à la 12ème minute par Dramane Traoré à la suite d'une ouverture de Darragi, dans le dos des défenseurs béninois; un 3ème dans la foulée, sur un exploit de l'inévitable Msakni, à la 16è minute. Trois buts en un quart d'heure de jeu et les carottes étaient déjà cuites. S'en suit un but gag, marqué par un béninois contre son camps à la 24ème minute, avant que Darragi ne corse la note, en inscrivant un penalty, sur une faute à l'encontre de Khelil Chammem.
5-0 à la mi-temps c'était tout simplement une correction. Certes l'adversaire n'est même pas digne d'une équipe de "sport et travail". Même si on relativise l'ampleur de ce score fleuve par la faiblesse de l'adversaire, il ne faut pas oublier non plus que par le passé, beaucoup d'équipes de seconde zone nous ont posés des problèmes quand notre équipe était mal au point. Tout à l'heure, la formation de Bab Souika de la première période, était fringante, avec un milieu qui est à l'identique ou presque à celui de l'équipe nationale de la Tunisie, championne d'Afrique au Soudan, un carré d'as complémentaire, avec le duo récupérateur Korbi-Traoui et devant, deux génies créateurs, Darragi et surtout Msakni encore enivré par sa forme soudanaise. Devant, la nouveauté est l'incorporation de Dramane Traoré, ce joueur a réussi son baptême de feu, et il a pesé sur la défense adverse comme le faisait auparavant Eneramo, mais il le faisait dans un autre registre bien entendu, mais résultat était le même. Dramane, n'est pas un mastodonte comme l'était Michaël, mais il est plus agile, plus technique et je crois même qu'il est plus rusé. Résultat des courses, il a perturbé cette défense certes fébrile, mais a su la désamorcer et par la même, il a permis à ses coéquipiers d'avoir de l'espace pour s'engouffrer comme un couteau dans du beurre, un cadeau qu'ils n'ont pas refusé, et surtout pas le magicien Msakni.
Manque de concentration, quand tu nous tiens
La prestation de la seconde période n'a rien à voir avec sa devancière. Les Sang et Or ont certes dominé leur adversaire du jour, mais le jeu n'était plus aussi rapide que durant les 45 premières minutes, il n'était pas non plus varié et les lignes étaient devenues assez disloquées et puis la concentration n'était plus de mise. Notre adversaire du jour a compris, quant à lui, qu'il avait à faire à plus fort que lui et son entraîneur s'est résigné à demander à ses joueur de jouer derrière, juste devant leurs gardien, en collant à tout joueur espérantiste voulant s'aventurer dans leurs 16 mètres. Le résultat ne s'était pas fait attendre : on a vu 45 minutes de jeu stérile, aidé, il faut l'avouer par la sortie de Traoré et Darragi qui avaient un rôle important durant le premier half, d'autant que leurs remplaçants étaient loin de pouvoir combler le rendement de leurs coéquipiers sortis dès le début de la seconde période. Bouazzi manque non seulement de rythme, mais aussi, il a perdu ses repères et c'est compréhensible après 8 mois d'inactivité et Ben Salem est encore en apprentissage.
Reste un point qui devient récurrent, on l'a constaté sous l'ère de Faouzi Benzarti, et ça a l'air de persister : notre équipe manque encore de professionnalisme. Quand on constate comment des joueurs se chicanent pour tirer un penalty, même si le score est tranquillisant et quand celui qui a pu remporter cette chamaillade, en l'occurrence Walid Hichri rate lamentablement son tir, il y a de quoi se poser des questions. On connaît la rigueur de Maâloul, on espère qu'il nous débarrasse une fois pour toute, de tous ces petits problèmes, qui ne peuvent que handicaper la marche de notre club. On doit toujours respecter notre adversaire quelque soit sa valeur et ne pas céder à la facilité.
Mais ne faisons pas la fine bouche, pour sa première rencontre dans cette nouvelle aventure africaine, l'EST a étrillé son adversaire du jour par un score sans appel de 5-0 et s'est permis le luxe de se qualifier - sauf catastrophe - au prochain tour de cette compétition aussi facilement et pratiquement en 15 minutes de jeu, quand le score s'est établi à 3-0. Notre équipe a démontré une maîtrise technique appréciable, elle a su maintenir un rythme de jeu assez élevé et nos joueurs ont démontré qu'ils étaient physiquement au point. L'Espérance sportive de Tunis est toujours l'équipe phare de la Tunisie, aussi bien avant le 14 janvier qu'après la révolution, n'en déplaise à toutes celles et tous ceux qui veulent nous dénigrer en nous cherchant la petite bête.
LC 2011