Nabil Maâloul, entraîneur de l'Espérance de Tunis, en conférence de Presse. (Photo CHALA)

Avis

Nabil Maâloul est-il l'homme de la situation ?

La décision prise par Hamdi Meddeb de confier les siens à Nabil Maâloul n'a en définitive surpris personne. Depuis quelques temps déjà le nom de Nabil circulait avec insistance dans les arcanes du parc comme manger général. Un pur produit de l'Espérance Sportive de Tunis avec une carrière des plus remplies comme un stratège hors pair avec une manière bien propre à lui de transformer entre autre les coups de pied de réparation du fait de se targuer d'une cheville des plus prodigieuses et d'un sang froid des plus étonnants. En côtoyant Roger Lemerre, il s'est forgé une personnalité supérieure en peaufinant au passage son sens de l'observation, de l'analyse, de la rigueur. Le plus naturellement du monde il débarque donc chez lui au complexe Hassen Belkhoja sacrifiant au passage la rondelette enveloppe mensuelle qu'il percevait d'une chaine TV étrangère. Nabil Maâloul est-il l'homme de la situation ? Nos techniciens y répondent ; écoutons-les :

Abdelmajid Chattali : La balle est dans son camp

Permettez-moi avant de commencer d'exprimer mon dégout et ma profonde réprobation voire répulsion pour l'état délétère où se débat notre pauvre football. Ce qui arrive à mon ami Mrad Mahjoub me désole et me chagrine au plus haut point. Sincèrement, je vous plains vous autres journalistes car vous n'avez rien de constructif, de beau à vous mettre sous la dent à part ces guéguerres intestines qui ne peuvent en aucun cas contribuer à l'essor réel de notre sport roi.

Oui Nabil Maâloul a toutes les cartes en règle pour réussir dans sa nouvelle mission. Rappelez-vous lors de l'une de mes dernières interventions sur vos colonnes le concernant, j'avais dit qu'il avait l'étoffe de succéder à Lemerre. Joueur au charisme certain, passionné, sûr de lui-même, il a toujours piaffé d'impatience d'entrainer « son » Espérance. Maintenant c'est chose faite et il reçoit ce cadeau de Hamdi Meddeb au moment opportun : mercato propice aux recrutements, un club caracolant en tête de la hiérarchie, 4 points d'avance, préjugé favorable, une trêve en vue lui permettant de véhiculer ses nouvelles idées et approches tactiques aux joueurs, etc. Je pense sincèrement qu'il mérite amplement sa chance de présider aux destinées techniques de l'Espérance tout en lui souhaitant de réussir dans sa nouvelle tâche.

Fethi Laâbidi : Il jouit d'un riche vécu

Maâloul n'est pas un inconnu dans le domaine du sport. Joueur déjà, il jouissait de l'estime de tous en meneur d'homme écouté par ses coéquipiers. Par la suite le fait d'avoir travaillé longuement avec Lemerre lui a conféré un statut supérieur. Homme se targuant d'une expérience très riche avec une facilité déconcertante dans le domaine de la communication, je pense qu'il n'éprouvera aucune peine à métamorphoser le jeu de l'Espérance en lui conférant ce cachet spectaculaire et plaisant qui a un tantinet manqué ces derniers temps aux « sang et or ». D'ailleurs le fait qu'il réclame d'emblée un staff élargi et fourni en assistants prouve qu'il voie déjà grand pour son club qu'il tient à mener comme le font les grands techniciens européens. Je lui souhaite beaucoup de chance tout en étant intimement convaincu qu'il réussira grandement dans ses nouvelles fonctions.

Ali Kaâbi : Lourde logistique mise à sa disposition

A l'Espérance Sportive de Tunis, personne n'a le droit de ne pas réussir. Tous les moyens humains, matériels, logistiques sont mis à la disposition de l'entraineur. Donc Nabil est impérativement appelé à y réussir. Il a eu certes des brefs passages aux Kef, Bizerte et parc A pas totalement convaincants mais depuis, il s'est nettement amélioré. Homme au verbe facile et riche de l'expérience avec l'équipe nationale aux côtés de Lemerre, il mettra à coup sûr ses larges connaissances au profit de ses futurs protégés. Très chatouilleux sur le plan discipline, je pense que l'Espérance va gagner en rigueur sous ses commandes. Tant mieux donc pour le groupe et bon vent pour notre ami Nabil. Les quatre grands ont opté pour le rajeunissement de leur entraineur, c'est une bonne chose pour notre football. Car il est lassant à la longue de voir les ténors d'antan toujours occupant les devant de la scène. A titre d'exemple, je crains des fois d'ouvrir mon robinet et de voir apparaître l'un d'eux tellement ils sont omniprésents.

Khaled Ben Sassi : Rien à craindre pour lui

Nabil Maâloul connaît le football sur le bout des doigts. Un joueur de haut niveau maitrisant parfaitement son sujet. De plus il connaît parfaitement les moindres détails se rapportant à l'Espérance qu'il n'a eu de cesse de suivre que ce soit localement ou lors de ses prestations en ligue des champions. De grâce laissons-le travailler en paix et que l'on cesse de nous sortir à tous les coups ce fameux label de « jeune entraineur » ! Personnellement en France j'ai joué contre Laurent Blanc et on me taxe toujours de jeune entraineur. Je demande simplement quand est-ce que nous allons grandir ou plutôt quand nous permettrait-on de grandir ? Rien à craindre pour Maâloul et il réussira dans sa tâche sans coup férir. Il faudrait également que l'on apprenne à laisser l'entraineur là où il exerce à choisir tout seul son assistant et ne pas lui en imposer un qui n'a jamais travaillé avec lui et qui ne le connaît pas avec des visions peut être contradictoires.

Chiheb Ellili : Très heureux pour lui

Nabil Maâloul n'est plus à présenter. Un garçon très affable, attachant et jouissant qui plus est d'un bagage technique des plus appréciables sans oublier sa longue carrière comme joueur au sein de l'Espérance mais également en équipe nationale. Le fait qu'il ait travaillé avec Roger Lemerre comme assistant très actif et grandement décideur avec toujours son mot à dire plaide pour beaucoup pour la réussite dans la mission que vient de lui confier Hamdi Meddeb. A préciser que Nabil ne fait pas un saut dans l'inconnu dans cette affaire du moment qu'il a toujours été très proche du club et parfaitement au fait des moindres spécificités se rapportant aux « sang et or ». Il dispose d'un groupe de joueurs très performants et avec cette trêve qui se pointe à l'horizon, il aura les coudées franches pour asseoir sa nouvelle stratégie d'approche pour les siens. La pression sera très grande pour lui juste au début mais il finira par s'y habituer et il saura parfaitement canaliser et gérer comme il se doit ces nouvelles contraintes qui sont fort stimulantes dans notre si beau métier.

Mohamed Kouki : Il réussira mais à des conditions

A priori, il n'y a aucune raison pour que Maâloul ne réussisse pas à l'Espérance en tirant son épingle du jeu avec facilité et d'élégance. Jouissant d'une compétence des plus pointues, d'une expérience très large avec un réseau relationnel très étendu, tous ces paramètres contribueront dans une large mesure à sa réussite. Cependant quelques facteurs sont à prendre en considération et qu'il ne doit nullement négliger. Il entame la phase cruciale du retour avec des clubs menacés jouant leur va tout et donc très accrocheurs et jouant avec les tripes pour sauver leur peau avec l'énergie du désespoir. Aucun adversaire ne sera facile à aborder sans oublier les grands classiques jouant pour les places d'honneur du haut du pavé. Par ailleurs, comment parviendrait-il à gérer l'après Michael ? N'oublions pas tout de même l'impact et poids du nigérian sur la percussion de l'Espérance devant. Trouverait-il un attaquant de cette envergure de nature à lui faciliter la tâche volet concrétisation ? Toute la problématique est là. Le public pour conclure très exigeant de l'Espérance devrait être très patient avec lui et ne pas lui mettre une pression intenable et qui risque de le déstabiliser surtout lors de ses premiers pas avec les « sang et or ». Mais grosso modo il n'y a aucune raison pour qu'il ne mène pas à bien sa mission, j'en suis convaincu et je lui souhaite de tout cœur un avenir radieux. A souligner et c'est tout à son honneur qu'il va instaurer de nouvelles approches de travail avec tout un staff très fourni de techniciens. De nouvelles traditions qui sont jusque là inconnues chez nous. En Europe elles y sont, à Al Ahly avec Emmanuel José ou avec l'équipe nationale égyptienne avec Chahata et c'est tout. Donc bravo Nabil pour cette innovation dans notre football.