Michaël Eneramo inscrivant un but contre le TP Mazembe en Ligue des champions, le 28 août 2010, à Radès. (Photo CHALA)

LC 2010

Après Darragi, Eneramo à la une de FIFA.com

L'Espérance a aussi son tout puissant

(African Football Media) Mardi 26 octobre 2010

L'Espérance Sportive de Tunis est l'un des grands clubs du football tunisien. Mais ce week-end, c'est sur la scène continentale que va se jouer le destin du Taraji, sous la forme d'une finale aller de Ligue des champions de la CAF contre le TP Mazembe Englebert. Les Congolais sont champions d'Afrique en titre. Pour tenter de leur succéder, les Tunisiens compteront sur la verve offensive d'un jeune attaquant nigérian : Michael Eneramo.

Actuel meilleur buteur de la compétition suprême africaine avec huit réalisations, meilleur artilleur du championnat de Tunisie avec cinq unités en autant de sorties, Eneramo est véritablement le fer de lance des Sang et Or depuis le début de la saison. À 24 ans, l'intéressé est conscient de sa valeur, de sa forme du moment et de ce qui lui reste à faire pour aller encore plus haut. La finale de la Ligue des champions de la CAF est donc une opportunité bénite.

"J'ai déjà été deux fois meilleur buteur du championnat de Tunisie", confiait-il récemment à African Football Media. "Mon objectif désormais est de terminer meilleur buteur de la Ligue des champions et de remporter ce tournoi avec mon équipe. J'ai dit que je voulais marquer au moins dix buts. Si j'y parviens, ça devrait être suffisant pour nous faire gagner le trophée et pour attirer l'attention de clubs européens !"

Les coéquipiers d'Eneramo connaissent la valeur de leur avant-centre. "C'est un joueur adroit et très puissant. Il met toujours beaucoup de pression sur la défense adverse", explique le jeune arrière Syam Ben Youssef. "Michael aime bien mettre de l'ambiance dans le groupe. Dans le vestiaire, il n'est pas le dernier à faire la fête."

Eneramo se distingue par une pointe de vitesse époustouflante ainsi qu'une habileté technique étonnante pour un gabarit aussi imposant. Son efficacité devant le but n'est plus à démontrer. Cela fait un certain temps déjà qu'il figure sur les tablettes de plusieurs clubs européens, à tel point qu'il ne serait pas surprenant de le voir prendre la direction du Vieux Continent dès l'hiver prochain.

Une main mais plus de brassard

Le moment d'aller voir ailleurs est peut-être venu pour le natif de Kaduna, qui a traversé des épisodes délicats récemment, en club comme en équipe nationale. L'incident le plus controversé s'est produit lors de la demi-finale retour de la Ligue des champions contre Al Ahly. À l'aller, les sextuples champions d'Afrique l'avaient emporté sur le score de 2:1. Dès la première minute de la deuxième manche, Eneramo inscrit le seul but de la partie, synonyme de qualification pour l'Espérance.

Seul problème : malgré les dénégations du buteur, le geste victorieux semble bel et bien avoir été réalisé de la main. "Je ne sais pas quoi vous dire. Quand j'ai vu le centre arriver, j'ai mis la tête et le ballon est entré dans le but. Je ne sais même pas comment ça s'est passé. C'était un réflexe. Je suis très heureux. Peu importe comment j'ai marqué. Le ballon est allé au fond des filets et l'arbitre a accordé le but. Si l'arbitre dit qu'il y a but, alors il y a but."

En sélection, Eneramo fait ses débuts avec les Super Eagles en 2009, en amical. En 2010, il manque de justesse le train nigérian à destination de la Coupe d'Afrique des Nations de la CAF. Même scénario pour la Coupe du Monde de la FIFA en Afrique du Sud. Ensuite, il obtient sa chance en qualifications pour la CAN 2012. Mais Eneramo loupe une occasion en or contre la Guinée, qui bat le Nigeria. Du coup, l'horizon du jeune homme en équipe nationale s'assombrit. Avant cela, la Fédération tunisienne de football l'avait envisagé comme attaquant potentiel des Aigles de Carthage.

En club, Eneramo a été impliqué dans une dispute concernant l'attribution du brassard de capitaine, qui lui a été enlevé au profit de son partenaire sur le front de l'attaque, Oussama Darragi. "J'ai tourné la page. On m'a fait savoir que je ne serai plus capitaine, mais de toute façon, ça ne m'intéresse pas vraiment", commente l'ex-porteur du brassard.

L'Espérance au grand complet

Revenons au terrain. En attaque, Eneramo forme un duo de feu avec le Tunisien Darragi, les deux hommes étant épaulés par le milieu offensif Wajdi Bouazzi. Darragi et Bouazzi ont marqué à eux deux la bagatelle de cinq buts en Ligue des champions, le premier nommé inscrivant notamment le but à l'extérieur lors de la demi-finale aller en Egypte.

Récemment blessé aux ischio-jambiers, Darragi est de retour. Face aux triples champions d'Afrique, la triplette offensive de l'Espérance sera opérationnelle, ce qui n'est pas fait pour rassurer l'entraîneur sénégalais de Mazembe, Lamine N'Diaye.

"L'Espérance, c'est plus que deux ou trois joueurs de qualité, croyez-moi", confiait l'ancien joueur du FC Mulhouse, interrogé au sujet de la finale aller, qui aura lieu dimanche à Lubumbashi. "Ce serait une erreur de se focaliser sur Eneramo. Il faudra le surveiller, certes, car c'est un joueur important et très précis dans la finition. C'est un vrai danger pour les défenses. Cela dit, le principal atout de l'Espérance reste son jeu collectif. Nous devrons donc être capables de les neutraliser dans chaque secteur du jeu, en coupant leurs principaux axes de jeu, surtout celui entre les milieux offensifs et les attaquants. Si nous y parvenons, l'influence d'Eneramo sera largement diminuée."

La finale retour se jouera à Tunis le week-end du 12 novembre. Le vainqueur sur l'ensemble des deux matches représentera l'Afrique à la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA, aux Émirats arabes unis en décembre prochain. À noter que l'Espérance a gagné la Ligue des champions de la CAF en 1994 et atteint la finale en 1999 et 2000.