Le président Hamdi Meddeb sollicité par les supporters de l'Espérance à la sortie du stade. (Photo CHALA)

Entretien

Meddeb : «On m'a accusé de vouloir gérer un jardin d'enfants !»

Jeudi soir, le parc (B) est érigé en forteresse huis clos oblige. Ce qui n'a pas empêché le large public «sang et or» à s'amasser en nombre tout autour. Une ovation monstre accueillit l'arrivée à 18h30 du bus amenant les joueurs. Ces derniers furent pris immédiatement en charge par les deux kinés Nabil et Saief pour l'habituelle séance de massage sous l'œil vigilant de l'omniprésent Dr Yacine Ben Ahmed. 19h15, début de la séance d'échauffement sous la houlette du vaillant Khalil Jbabli. Aucun organe de presse n'était autorisé à accéder au parc par le service d'ordre. Hamdi Meddeb suivant avec une attention soutenue la séance, entouré par tout son bureau directeur, a bien voulu nous accorder cet entretien :

Le Temps : Doit-on s'attendre ce dimanche à un comportement exemplaire de la part de votre public en guise de reconnaissance unanime pour geste paternel et de très grande portée de Mr le Président de la République dénouant la récente crise du Caire ?
Hamdi Meddeb : Absolument et j'en suis intimement persuadé. Mr le Président en dépit de son calendrier chargé au sommet arabe, n'a pas oublié le calvaire enduré par nous tous ici et a tenu comme à sa coutume depuis l'aube du 7 novembre à être à l'écoute des doléances de son peuple. L'occasion est offerte ce dimanche à toute la famille espérantiste de lui exprimer concrètement sa gratitude, sa reconnaissance et son engagement indéfectible de toujours suivre ses directives et d'être à la hauteur de la confiance qu'il a placée en nous.

C'est dans ce cadre que vous avez tenu à recevoir les frères égyptiens en personne à leur descente de l'avion ?
Ecoutez, l'hospitalité tunisienne et espérantiste sont légendaires. J'ai tenu à recevoir avec tous les honneurs nos illustres hôtes car j'estime que seules les bonnes relations perdurent et que les résultats des matches sont éphémères.

Oui mais vous êtes allé jusqu'à décréter l'entrée gratuite pour les visiteurs alors que vos supporters ont du y aller de l'équivalent de 25 dinars au Caire ?
Ceux qui me connaissent de près savent très bien que l'argent n'entre guère en ligne de compte pour moi quand l'amitié et les bonnes relations entrent en jeu. Je les privilégie de loin au volet financier.

Revenons maintenant au match, on vous sent moins stressé et plus serein qu'au Caire ?
C'est vrai et j'admets que ma crispation visible la bas a négativement influé sur le comportement des miens sur le terrain. Mais actuellement la donne a radicalement changé et vous constatez de visu que la détente et la bonne humeur sont de mise pour l'heure.

Surtout avec ce but valant son pesant d'or de Darragi ?
A qui le dites-vous ? Ce but miraculeux a eu le mérite de réveiller le groupe qui était carrément à la rue et au bord de la rupture et du gouffre de sa torpeur avec une main mise totale sur le match avec une domination quasi permanente des débats. D'ailleurs avec un brin de chance, nous aurions pu sortir avec un sort nettement meilleur.

Vous parlez de chance, vous croyez qu'elle est encore d'actualité avec ces systèmes de jeu et ces joueurs pratiquement obéissant à des stratégies bien codifiées d'avance ?
Le football n'est jamais une science exacte et la chance du jour joue un rôle prépondérant selon moi le jour du match. J'étais joueur et je sais à quoi m'en tenir la dessus pour l'avoir à maintes reprises vérifié personnellement. Pourvu qu'elle soit avec nous.

Justement, comment voyez-vous ce match ?
Ce sera difficile pour les deux clubs en présence, mais je pense que les miens sont mieux armés pour passer. Le terrain, le public et surtout cette volonté de surpassement et cette rage de vaincre que je décèle chez eux. Toutes les cartes sont en règle et je ne vois pas comment on ne passerait pas en dépit de tout le respect je dois à notre adversaire.

Serait-ce le match le plus important pour Hamdi Meddeb ?
Non pas du tout, c'est un match comme les autres que nous devons gagner comme nous le faisons avec toutes les rencontres que nous disputons. N'oubliez pas que l'Espérance là où elle se produit est attendue de pied ferme avec une préparation spéciale de la part de nos opposants. Notre devise ne va donc changer d'un iota et la pression sera pratiquement la même qu'avec nos confrontations antérieures.

A Sétif, vous nous déclariez que l'Espérance était à 60% de ses moyens ; après la victoire contre le TP Mazembe, elle était à 80% selon vous, alors à 100% ce dimanche conte Al Ahly ?
Je l'espère bien. Ce qui est sûr c'est que j'ai grandement confiance en mes protégés et je sais qu'ils vont sortir le match parfait à Radès avec une qualification obtenue de haute lutte à la clé et qui fera le bonheur de nous tous.

Où réside selon vous la clé de la réussite ?
C'est le mental qui va dicter dans une large mesure la tournure des événements. Et sur ce plan, mes jeunes protégés sont très solides et donnent des gages indéniables pour s'acquitter de leur mission avec succès.

Pour revenir à la jeunesse de vos garçons, vous avez eu à maintes reprises maille à partir avec de nombreux entraineurs de renommée refusant de cautionner votre approche de protéger et de lancer dans le bain ces ados de 17 printemps à peine. Les choses sont allées même à des ruptures de contrat avec certains techniciens qu'il serait inutile de citer. Un sentiment de fierté maintenant pour la réussite de votre vision futuriste d'alors ?
J'étais intimement persuadé de la classe et des qualités de ces gamins en herbe. Je savais qu'ils formeraient la grande Espérance de mes rêves. Mais je fus à l'époque «contré» par le radicalisme de certains de mes entraineurs ne voulant guère inclure ces jeunes talents à l'état pur dans leurs plans. Ils m'ont même rétorqué que je voyais tout faux, que j'étais à côté de la plaque et qu'ils n'étaient pas en mesure de gérer et de s'occuper d'un «jardin d'enfants». Mais j'ai tenu bon, et le résultat vous l'avez devant vous. Non pas de satisfaction personnelle dans cette affaire, mais l'esprit rasséréné d'avoir servi avec justesse mes couleurs.

Avec l'approche de l'épilogue de cette campagne africaine et l'ouverture du mercato hivernal, d'aucun parmi vos inconditionnels de redouter l'exode des joueurs cadres surtout une fois votre but atteint avec le titre en poche ?
Un club européen vient récemment de me proposer 6 milliards et 5 autres pour deux joueurs à céder en décembre. J'ai refusé net. Personne ne partira, au contraire, j'attends le mercato pour renforcer encore l'effectif par des recrues de valeur.

Mahatma Ottoo a battu à lui seul pratiquement l'ESS (espoirs) la semaine dernière, une pléiade de jeunes talents piaffe d'impatience et frappe à grands coups sur la porte des ténors ?
Je le sais et ma stratégie a toujours été axée sur les jeunes. Otto, n'a que 18 ans et déjà deux fois international (A). mais ces jeunes serons injectés à des doses homéopathiques avec les seniors pour mieux les préserver. D'ailleurs une fois la campagne africaine terminée, je vais me consacrer aux jeunes en assistant régulièrement à leurs matches en désertant les rencontres des seniors.

A quand la construction du centre de formation et de l'école privée pour ses pensionnaires pour qu'ils puissent concilier entre études et sport ?
Je l'ai en tête et c'est dans mes plans. Mais ce projet sera réalisé en temps et heure voulus.

Et ce terrain pratiquement en jachère, pourtant la tutelle avait donné son aval pour le doter d'un gazon de 4ème génération ?
Je viens incessamment d'avoir l'assurance de la part de Mr le maire de la ville que les travaux commenceront très prochainement.

Le mot de la fin si Hamdi ?
Je réitère ma gratitude au chef de l'Etat pour son soutien, et je lance un appel solennel et pressant à nos supporters pour qu'ils soient à la hauteur de l'évènement et encouragent sans relâche leurs couleurs dans le strict respect de l'étique sportive.