L'Espérance Sportive de Tunis s'apprête à disputer ce dimanche l'un de ses plus importants matches depuis plus d'une décennie. Le sésame de passage à la plus prestigieuse finale continentale se joue à Radès dans quelques heures contre nos frères ahlaouis. Battue d'une courte tête au Caire par (2-1), le match retour reste très ouvert avec les chances de qualifications très grandes pour notre représentant. Nous avons approché nos techniciens pour savoir comment ils analysent cette rencontre au sommet.
Déclarations :
Mrad Mahjoub (entraineur CA) : «J'ai peur des coulisses»
Ce sera un match très difficile à négocier pour les deux clubs en présence. Cependant, je pense que l'Espérance a réussi un résultat extraordinaire au Caire avec cette courte défaite que je considère très positive et que je préfère de loin à un score de (1-1) ; car cette parité aurait incité quelque part les joueurs de l'Espérance à cogiter et à ne plus voir clair entre attaquer ou tenter de préserver cet acquis. Maintenant, les choses sont claires pour eux en l'occurrence une seule alternative pour passer : aller de l'avant à la recherche de la victoire point barre. Mais il faut être patient et ne point se précipiter devant sans assurer ses arrières. Chaque match a ses vérités et il faut en grandement en tenir compte. Cependant, il faut être très très vigilant car le match contre Al Ahly ne se jouera pas « seulement » sur le rectangle vert et je vous parle en connaissance de cause, les coulisses vont jouer un rôle prépondérant dans l'affaire avec la pression intenable qu'ils ont l'art de faire peser sur l'ambiance de la rencontre pour ne pas dire plus.
Youssef Zouaoui (entraineur CAB) : «Sur la lancée de leur finish au Caire»
Je pense très sérieusement que les joueurs sont intimement convaincus qu'ils seront couronnés champions d'Afrique. Je perçois chez eux très nettement cet élan infaillible vers le titre. Un facteur très important à ce stade de la compétition. Deux facteurs me poussent à raisonner de la sorte : leur démonstration de force à Radès contre leTPMazembe où, menés au score (2-1) lors de la première manche, ils se rebiffèrent violemment avec un sec (3-0).Ce jour là, ils sont entrés de plein pied mentalement dans la peau des champions. Et bien sûr les 15 dernières minutes du Caire où ils firent étalage d'une classe insolente frôlant de très peu de réussir l'exploit en mettant Al Ahly KO debout. Ils joueront dimanche avec en pensée ce dernier quart d'heure, dans sa même lancée. Surtout ne pas encaisser de but et maintenir les équilibres du groupe. Faouzi étant encore à la recherche de son axe type, ils vont tenter de surprendre l'Espérance à ce niveau d'où l'importance capitale de la couverture parfaite et du replacement rapide des hommes du milieu et surtout de Chammam porté par son tempérament toujours devant. L'Espérance en jouant normalement sans se poser de questions devrait à mon avis dérouler tranquillement et passer sans coups férir à la finale.
Taoufik Zaâboub (entraineur ASG) : «Ne pas jouer en déséquilibre»
Vous savez pour Al Ahly, jouer au Caire ou en déplacement n'entre nullement en ligne de compte. Ses joueurs jouissent d'une très grande expérience internationale et le fait de se produire loin de leurs bases ne les gêne nullement. J'ai vécu cette situation contre eux et je sais à quoi m'en tenir dans pareille situation. L'Espérance doit marquer rapidement pour les faire douter et rester sur le qui vive jusqu'à la fin du temps additionnel. L'idéal serait de mener dès les 20 premières minutes. Mais au cas où pareille entreprise ne se réaliserait pas, il ne faut pas s'affoler et succomber à la pression du public, du chrono avec les regards accrochés au tableau lumineux et basculer de la sorte inexorablement dans la précipitation. Garder toujours les équilibres du groupe car avec des Baraket, Jomâa, Gueddou des garçons explosifs et très rapides, les latéraux ne doivent pas monter les deux en même temps ; pareil pour Korbi et Traoui qui ne doivent pas délaisser la couverture en même temps en se déportant devant.
Dragan (Entraineur CSHL) : «Sabeur sera déterminant»
Le match se jouera sur un détail et quand je lis çà et là que les égyptiens pensent que seuls Michael et Darragi sont à prendre en considération et à surveiller je dis qu'ils raisonnent tout faux. Michael va ouvrir des brèches énormes dans la défense ahlaoui et un garçon comme Sabeur Khalifa va en tirer un grand profit avec ses pointes de vitesse et sa force de frappe. L'Espérance va battre Al Ahly cela ne fait pas l'ombre d'un doute pour moi et remporter la coupe d'Afrique (incha'Allah). Elle est très forte et je dirai même qu'elle dépasse de loin les autres postulants au titre.
Chiheb Ellili (entraineur ESZ) : «Avoir les idées claires»
La clé du match résidera à mon sens dans l'état d'esprit des joueurs. Ils doivent savoir comment aborder la rencontre avec beaucoup de clarté et de lucidité. Attaquer d'entrée, attendre, harceler par intermittence, cette gestion des différentes péripéties de la rencontre doit être très bien codifiée pratiquement de façon mécanique dans les esprits. Ils doivent bien gérer la tension, en faisant attention à ne point se dégarnir derrière. Le dépassement de fonction est capital dans la réussite avec des joueurs solidaires avec chaque joueur prêtant main forte à ses coéquipiers même n'appartenant pas à son compartiment mais tout en préservant l'équilibre général et la stratégie arrêtée initialement pas Faouzi. Une victoire de l'Espérance et de nos clubs représentatifs aux joutes continentales rejaillira positivement sur tout le football national avec un nouveau palier à atteindre pour notre onze représentatif. L'Espérance fera honneur à sa réputation et passera j'en suis persuadé.
Fethi Laabidi : «La fraicheur des 20 dernières minutes»
Le match se jouera sur la fraicheur physique et la jeunesse des joueurs de l'Espérance. Ils doivent résister à la tentation de ruer têtes baissées devant dès l'entame du match et faire très attention à leurs adversaires qui disposent de joueurs très rapides aux contres. Les vingt dernières minutes seront très épuisantes physiquement et mentalement pour les visiteurs à condition que les nôtres continuent de les harceler avec calme et minutie. Physiquement et au vu de leur moyenne d'âge qui est nettement au-delà de la trentaine comparée à celle des « sang et or » ils accuseront à coup sûr le coup avec un fléchissement certain. Mentalement, ils auront très peur de concéder un but assassin impossible à remonter en un laps de temps aussi court et ils vont donc se replier et se cantonner derrière pour préserver le résultat du match aller. Je pense qu'en cette période là que l'Espérance avec le culot de la jeunesse de ses louveteaux va faire basculer le sort du match et le plier définitivement en sa faveur.
Ridha Akacha : «Je ne nourris pas le moindre doute»
Nous avons cartonné Mazembé un club que je juge de loin plus performant que les ahlaoui. Ce sera certes difficile mais dans nos cordes. Dérouler notre jeu habituel, ne pas les laisser s'installer dans le match en les harcelant constamment tout en faisant attention derrière en assurant notre arrière garde. Chammam et Ben Amor ne doivent pas s'aventurer à tous les coups devant, leur rôle essentiel est de défendre et ils doivent le réussir à la perfection. Leur faire sentir d'entrée qu'on est bien là, en réussissant les duels, en jouant rigoureusement et avec un engagement parfait mais sans basculer dans la brutalité. En un mot, ce sera un match d'Hommes avec une évolution avec les tripes, se défonçant sans relâche à 200%. La grinta la volonté, l'amour du maillot primeront à coup sûr pour moi sur les aspects technico tactiques. J'ai confiance en les nôtres surtout avec Faouzi maitrisant à la perfection l'art de haranguer et de motiver ses troupes au plus haut point.
Mohsen Hbacha : «Je fais confiance à Benzarti»
Le but marqué à l'extérieur a son pesant d'or pour moi et sera déterminant dans la qualification de l'Espérance que je souhaite de tout cœur et sans la moindre hypocrisie, je le jure. Faouzi que j'adore et que j'aime beaucoup doit leur faire comprendre qu'ils doivent marquer certes au moins deux buts d'entrée mais surtout ne pas en encaisser. La défense doit rester bien en place ne s'aventurant guère devant en laissant des espaces qu'on risque d'exploiter. Le milieu, le meilleur de la compétition n'est plus à présenter. Korbi, Traoui sont très forts dans la couverture. Darragi et Ayari associés à Michael s'occuperont avec bonheur du reste. Ne pas oublier également Msakni, capable à lui seul de semer la zizanie au sein de la défense adverse et de la faire voler en éclats par ses dribbles courts déroutants et ses accélérations et coups de reins imprévisibles.
Belhassen Meriah : «Plus forts qu'en 1994»
Le match se jouera sur des détails car les deux clubs en présence sont de valeur sensiblement égale. L'espérance part cependant avec les suffrages pour moi du fait qu'elle va évoluer à la maison dans une ambiance qui lui est habituelle avec l'appui continu et acquis de son large public. Par ailleurs le but réussi par Darragi va peser très lourd dans la balance libérant les locaux et semant le doute chez les visiteurs. Vous me demandez un parallèle entre le groupe actuel et celui que j'ai entrainé en 1994 avec Faouzi avec le sacré africain, je vous répondrai sans hésitation qu'à quelques deux voire trois postes près, l'équipe actuelle est plus performante, plus percutante et de loin plus forte.
LC 2010