Portrait du président de l'Espérance de Tunis, M. Hamdi Meddeb. (Photo CHALA)

Humeur

Les pêcheurs en eaux troubles

Dans le marasme médiatique que vit notre football, certaines plumes arrivent à s'illustrer par leur dignité. Ils nous offrent, un tant soit peu une bouffée d'oxygène qui nous libère des balivernes canalisées et des abus de la presse à scandales.
Ces plumes là n'hésitent pas à nous transcrire la réalité telle qu'elle est, dépourvue de tout maquillage ou ornement trompeur. Ils nous éclairent sur des sujets sensibles et d'actualité.
Et l'Espérance, étant ce qu'elle est, constitue une matière médiatique richissime. Elle occupe pratiquement des colonnes et des pages entières sur tout support médiatique local ou même étranger. Mais l'Espérance elle même, n'est qu'un club de football. Certes, pour nous adeptes de la culture sang et or elle vaut plus que ça. Mais elle demeure un club de football avec ses histoires, ses problèmes, ses joies et ses chagrins. Ses succès et ses déceptions constituent, à tout moment une matière de débat.

Néanmoins, certains de nos supporters n'admettent pas l'idée du club imparfait. Pour eux, l'Espérance doit être parfaite et leurs visions de la perfection sont généralement liées à une personne bien identifiée. Comme si cette personne détient la vérité. Ou comme si cette personne est exempte de l'erreur. C'est pour cela que ces supporters sautent sur les occasions pour lancer des attaques et des accusations perfides contre le club. Ils lynchent systématiquement les joueurs, le staff et la direction.

Et la nouvelle mode en vogue ces jours ci est de coller tous les problèmes sur le dos du bureau directeur. Comme si celui ci détenait une baguette magique qu'il hésite à utiliser.
On peut être d'accord sur un fait : le bureau directeur de l'Espérance n'est pas un modèle de perfection. D'ailleurs, aucun bureau au monde ne peut l'être. Mais delà à crier haut et fort l'incompétence, à tort et à travers, ça finit par changer de camp. Et ces pêcheurs en eaux troubles deviennent une sorte de cheval de Troyes. Ils véhiculent en long et en large une haine viscérale envers toute personne qui "ose" servir l'Espérance en dehors de leurs chapeaux.
Et ce qui les dérange le plus, étrangement à toute croyance, c'est le succès que le club réussisse même instantané. Ils veulent faire voire l'ombre des choses. Ils veulent faire croire aux gens qu'ils sont les seuls anges et tout le reste n'est que vautours.

Il faut que cela cesse. Toute critique déplacée, outrée, inappropriée doit être bannie par le large public espérantiste. Ne tendez plus l'oreille à ces escadrons de la mort. Ne leur accordez plus une attention particulière. Ils sont dans le même camp que nos ennemis, mais ils sont plus dangereux. Eux, ils ont accès à l'Espérance, ne les laissons pas détruire ce que des hommes ont fourni, âmes et corps, pour bâtir juste pour satisfaire un ego enfantin.

L'Espérance n'a jamais été dépendante d'une personne ou de quiconque. Elle a toujours donné aux hommes une dimension supplémentaire. En contre partie, ceux là l'ont servie avec joie et plaisir. Ils ont fondu dans son moule jusqu'à oublier qui ils sont. Ils y ont laissé leur argent, leurs vies privées et leurs libertés les plus basiques. Il serait ingrat d'oublier ce qu'ils ont sacrifié pour l'Espérance. Mais il sera, aussi, hypocrite de dire que l'Espérance ne leurs aura rien fait gagner.

La vérité est plus éclatante que cela. Diriger un club de cette trempe n'est pas une mince affaire. Elle nécessite une disponibilité matérielle et morale de tout instant. Et le bénévolat rend la chose encore moins évidente. Qui aura envie de se dépenser pour une association sportive dont il ne réalisera pas assez de retours financiers? Il ne peut être qu'un vrai passionné. Cela ne le défait pas de ses responsabilités envers ceux qui l'auraient élu. Mais cela ne fait pas de lui un criminel s'il se trompe de choix. Surtout quand les autres ne lui portent aucune assistance réelle.
Alors, de grâce, évitons de crucifier les gens qui aiment l'Espérance pour des supposés passionnés du club qui ne voient que leurs ego.