Joueurs sang et or à l'entraînement à l'annexe de Radès

Analyse

La désillusion

Il aura fallu la grâce arbitrale et un cadeau de 4 minutes extra-additionnelles pour voir l'Espérance venir à bout d'une équipe de 3ème zone qui n'a jamais réussi auparavant à marquer le moindre but dans cette ligue des champions à domicile ou à l'extérieur et qui plus est jouait à 10 contre 11. Il aura fallu attendre la 99ème minute pour avoir enfin la délivrance. 101 minutes de médiocrité, de non sens et de laisser aller qui ont failli coûter notre réputation. 101 minutes de souffrance morale pour nous supporters de la grande Espérance. Entre angoisses, stupeurs et incompréhensions. Brusquement, on ne reconnait plus cette Espérance séduisante, conquérante et, même révoltée. L'équipe a perdu son jeu, vor par moment son âme. Pourquoi? Qui a failli? Quelles perspectives pour le club après cet épisode?

Avant le match, j'avais écrit que cette rencontre devrait constituer une aubaine pour retrouver la sérénité et gonfler à bloc le capital confiance des joueurs. Tout ceci en fonction du résultat du match aller, de la valeur de l'adversaire, de la réputation de notre Espérance et de l'avantage du terrain. C'était sans compter sur la naïveté de certains, la nonchalance d'autres et l'insouciance du reste.

A quoi joue-t-on en fait?

L'excès de facilité ou l'excès de confiance sont des alibis qui ne suffisent à expliquer à eux seul la prestation de notre équipe  vendredi dernier. Il y avait une incompétence flagrante. Une défaillance dans la gestion du match. Les cadres de l'équipe ont lamentablement échoué.
L'équipe a perdu sa verve et ses qualités étaient aux abonnés des absents. Il n'y avait pas de concentration, d'abnégation. Tout le monde (ou presque) rechignait à l'effort. Tous sous l'œil impuissant (ou bien complice) du staff technique. Un staff qui avait la tête ailleurs. Lui qui nous chantait des mois durant le même rythme : Chaque rencontre doit être négocier à part.

L'on sent, tous une frustration et une amertume malgré la qualification. Une qualification non méritée compte tenu de notre prestation. Mais le sentiment dépasse de loin ce tour. Mon esprit va plus loin et commence à me donner du tournis car avec ce genre de prestation on n'ira nulle part et même la phase des poules devient un rêve inaccessible avec cette manière d'évoluer.

Certains s'arrêteront sur la prestation de X ou Y, ou sa réaction d'après match. Moi, je vois les choses d'une manière plus globale. L'Espérance a besoin de changements dans tous les compartiments. Une défense qui n'arrive presque jamais à se sortir d'une situation difficile. Un milieu de terrain qui sombre vite dans la récupération avec ses problèmes de repli et de placement. La construction offensive qui dépend, exclusivement de Darragi et Msekni. Pour en arriver à la ligne d'attaque qui alterne pluie et beau temps,sans parler d'un staff technique pris de vitesse par les évènements.

On dira, peut être que l'Espérance paye le prix de son patriotisme. Mais ça serait trop facile de s'y attacher pour ne pas voir les problèmes de fond dont souffre l'équipe. Car depuis des mois, l'Espérance n'arrive plus à sortir des variantes de jeu à même de lui asseoir une domination sur les rencontres qu'elle dispute. Elle pêche par facilité en optant pour le jeu long sans inspiration ni réflexion, comme si elle manquait de solutions. Pourtant, l'Espérance compte, selon l'avis de tous, l'effectif le plus riche en terme de registres et l'un des meilleurs en terme de qualité. Mais, aujourd'hui, après 11 mois sous l'ère Benzarti, l'Espérance ne possède pas un seul repère de jeu valable, à se demander si notre entraineur est entrain de faire progresser l'équipe ou non.

Carton jaune pour une frange de notre public

Un autre point noir s'est, brillamment illustré lors de cette rencontre. Il fallait, au passage, condamner la réaction exagérée et superflue d'une frange du public sang et or qui avait pris parti contre les intérêts de l'équipe bien avant le début du match. Et si l'on peut bien comprendre l'amertume de ceux là par rapport à la défaite contre l'AS Kasserine, il est irresponsable et intolérable de lâcher l'équipe de telle façon et à un moment aussi crucial. On avait de tous bords supplié les supporters de faire preuve de dévouement, mais, après ce qui s'est passé, on ne peut exiger des joueurs d'être plus royalistes que le roi.
Il a toujours été inadmissible de se mettre le doigt dans l'œil, mais de là à se mettre les doigts dans les deux yeux, ça rappelle d'anciens réflexes qui nous ont mené à des années sombres que personne n'a envie de revivre. Critiquer est un droit mais supporter est un devoir et toute personne raisonnable sait pertinemment que le devoir passe bien avant le droit.

Nos ambitions à la baisse

On reviendra à coup sûr avec plus de détails sur cette situation si préoccupante que vit notre association, mais actuellement nous devons digérer très vite cette désillusion et revoir sérieusement nos ambitions vers la baisse en attendant une révolution scientifique menée avec intelligence et précision et qui devrait nous faire sortir de ce marasme en attendant des jours meilleurs.