Depuis quelques années, notre championnat nous gratifie chaque saison de soubresauts et de lamentations venus de présidents de certains petits clubs. Je dis bien PETITS sans manier la langue de bois de certains médias qui veulent camoufler la réalité, car avec un petit budget, une assise populaire réduite à une échelle régionale voir locale, des joueurs mercenaires et généralement exclus des grands clubs, des entraîneurs qui passent plus de temps à chercher leurs émoluments que de s'occuper des destinées techniques de ces petits clubs et enfin des responsables et surtout des présidents indignes de porter cette responsabilité, le mot PETIT devient licite pour désigner ces clubs. C'est un amer constat, mais c'est malheureusement la réalité.
L'année dernière, nous avons été gavés par les pleurniches du président de Jendouba Sport (JS). Il n'arrêtait jamais de rouspéter et de crier sur tous les toits à la moindre faute d'arbitrage, alors qu'il n'arrivait même pas à gérer son club, qui ne faisait que cumuler les grèves des joueurs et les départs des entraîneurs. Il faut dire qu'il était aidé par des médias à sensation, dont une télévision privée qui ne focalise ses reportages que sur des détails pour donner l'impression que ce club souffrait le martyr des instances sportives, qui favoriseraient les grands clubs et comploteraient contre JS. Le résultat ne s'est pas fait attendre et JS est rétrogradé le plus logiquement du monde en Ligue 2, car l'équipe a tout fait durant la saison sauf jouer au football.
Cette année c'est au tour d'El Gaouafel Sportives de Gafsa (EGSG) de prendre la relève. Son président après deux années d'absence est revenu au galop, tout content de se mettre en évidence après que tout le monde l'a pratiquement oublié. Il a commencé à se montrer à chaque fois que l'occasion se présente devant les caméras de TV en faisant le gentleman et celui qui prône le fair-play. Mais cette lune de miel entre lui et le public sportif n'a duré que quelques semaines et devant les résultats négatifs, somme toute très logiques de son équipe, il a viré à 180° pour redevenir comme on l'avait connu il y a trois ans, quand il rivalisait avec son collègue du nord ouest pour le titre du président le plus pitoyable par rapport à l'opinion publique sportive. Et au lieu de s'occuper de nettoyer devant son jardin, en trouvant les ressources nécessaires pour pouvoir mener à bon port son club, il ne fait qu'accumuler les erreurs de management, tout en essayant de les camoufler quand les résultats ne suivent pas, en pleurnichant et en évoquant à chaque fois les fautes (présumées) d'arbitrage. Samedi dernier à l'occasion de la rencontre de la Coupe de Tunisie face à l'Espérance, il s'est carrément déchaîné à la mi-temps devant les caméras de Hannibal TV, en accusant tout le monde, M. Abdessalam Chammam en premier, d'être à la tête d'un complot contre l'EGSG (sic !) proférant des propos indignes de son statut de président et blessant par la même toute la famille de l'Espérance surtout quand il a déclaré je cite : «Est-ce qu'on n'a pas le droit de vaincre l'Espérance?» comme si on lui mettait les bâtons dans les roues pour ne pas battre l'équipe de «Bab Souika» (re sic!).
Oui Monsieur Gtari, vous n'avez pas «le droit» de vaincre l'Espérance, tant que vous vous n'occupez pas convenablement de votre club, que votre infrastructure reste moyenâgeuse et vos terrains ressemblent plus à un pâturage ou un champ de patate, lésant en premier lieu vos joueurs puisqu'ils y évoluent dans plus de treize rencontres par saison.
Vous n'avez pas le droit de vaincre l'Espérance, tant que vous recrutez les joueurs proscrits des autres équipes, qui ont passé le plus clair de la saison sur les gradins que sur le terrain et qui n'acceptent de jouer pour vous que pour ramasser un petit pactole. Vous recrutez d'ailleurs les moins onéreux parmi eux, sans chercher la qualité et surtout combler vos besoins Vous n'arrivez même pas à faire éclore quelques talents issus de votre centre de formation, si jamais vous en avez un, car je doute fort que vous ayez ne serait-ce qu'un micro centre de formation.
Vous n'avez pas le droit de vaincre l'Espérance, tant que vous embauchez des entraîneurs de seconde zone pour les chasser au bout de quelques semaines. Et quand il vous arrive d'enrôler un assez bon coach, vous le jetez vite fait, car il n'accepte pas vos ingérences dans ses prérogatives, pour vous contentez enfin d'un entraîneur local, sans grand vécu en Ligue 1, mais qui accepte vos caprices et votre mainmise.
Au lieu de reconnaître vos limites M. le président et celles de votre club, vous sautez sur la première faute arbitrale, si faute il y a, pour jouer à la victime et faire du cinéma, en déversant des accusations bas de gamme devant les téléspectateurs et le grand public.
Comment voulez vous vaincre l'Espérance alors qu'au beau milieu de la semaine, vos joueurs ont fait une grève, une nouvelle habitude que font ces joueurs mercenaires quand ils ne reçoivent pas leurs primes. Oui on peut toujours concevoir que le foot n'est pas une science exacte et que les exploits sont permis, notamment en Coupe, mais quand on ne sait même pas comment diriger un club et que les rapports de force sont très disparates entre votre petite équipe et les grandes à l'instar de l'Espérance, on n'a pas le droit (sans guillemets) de faire ce que vous avez fait. Car même si votre équipe avait marqué un but, la réponse de l'Espérance aurait été encore plus fulgurante et le résultat ne serait qu'en sa faveur, peut-être même avec un score plus éloquent (comme quoi, avec des si on peut bien construire des châteaux en Espagne). D'ailleurs pour ouvrir une parenthèse sur ce but refusé, et qui vous a poussé à crier à l'injustice, nous disposons d'une photo qui montre bel et bien que votre joueur a commis une double faute sur Syem Ben Youssef avant de prendre le ballon de la tête. Sachez enfin M. le président, que vous devez une fière chandelle à M. Chammam car s'il aurait désigné samedi dernier un arbitre étranger, votre équipe aurait terminé la rencontre avec 3 ou 4 expulsés à cause du jeu agressif de vos poulains, qui ressemble plus à du rugby qu'à du football, et le résultat aurait été une raclée inoubliable chez vous à Gafsa.
On sait tous que vous faites toute cette mascarade pour apaiser la colère de vos supporters, mais seuls les naïfs peuvent gober votre cinéma et je suis persuadé que seule une infime minorité de Gafsiens peuvent croire à votre manège.
Je termine par faire un appel solennel aux responsables de la fédération afin de sévir ce genre d'incartade et surtout aux autorités sportives de bannir cette nouvelle race de présidents qui s'occupent des destinées de quelques clubs et qui cherchent par tous les moyens, notamment extra-sportifs, pour demeurer parmi l'élite de notre pays et par la même, garder leurs privilèges. Alors pour cela, ils ne font que chigner et s'apitoyer sur leurs sorts, au lieu de travailler et s'occuper de gérer de la meilleure manière qui soit leurs clubs selon les moyens dont ils disposent.
À bon entendeur!