Portrait du jeune milieu de terrain sang et or, Zinelabidine Souissi. (Photo CHALA)

Analyse

Un pas vers le sacre

Après la parenthèse de la Coupe de Tunisie, l'Espérance retrouve la Ligue des Champions Arabe et par la même occasion revient à son jeu qui la caractérise depuis l'avènement de Benzarti.


Gagner en déplacement une seconde fois consécutive après la demi-finale face à l'ES Sétif en Algérie n'est pas donné à n'importe quelle équipe. L'ES Sétif a été défaite après trois ans d'invincibilité chez elle dans cette compétition, mieux elle a reçu une leçon de football. Un mois plus tard, voilà que notre équipe inflige une autre défaite à un ténor arabe et africain - le Wyded AC- chez elle et devant 80 000 spectateurs déchaînés et acquis à sa cause et qui n'a encaissé aucun but durant cette édition à Casa jusqu'à ce que Michael efface cette invincibilité à la demi-heure de jeu.


Une excellente première mi-temps


Pour revenir au match, Benzarti a été fidèle à sa stratégie ; étouffer l'adversaire en bloquant les issues et surtout cadenasser les deux couloirs droit et gauche points fort des protégés de Badou Zaki. Bienvenu à gauche et à un degré moindre Tayeb à droite ont parfaitement muselé les arrières du WAC, aidés parfois par Korbi d'un côté et Souissi de l'autre au point que Janvier et Chammam ont joué à leurs aises durant toute la première période. Une fois ces couloirs fermés à double tours, notre milieu n'a pas trouvé de difficultés à contenir toute velléité offensive des joueurs du WAC grâce à un duo de rêve; Korbi et Souissi, deux joueurs complémentaires et qui s'entendent à merveille. Si on a découvert les qualités de Korbi dès son arrivé chez nous en apportant beaucoup de sérénité à notre milieu surtout quand il joue sans nervosité, on est  match après match agréablement surpris par le rendement de Soussi qui s'est métamorphosé depuis l'arrivé de Benzarti, mais aussi depuis qu'il joue côte à côte avec Korbi. Souissi est devenu en peu de temps une pièce maitresse du système de notre coach et sa complémentarité avec Khaled a aidé énormément notre animation défensive mais aussi la reconversion du ballon une fois récupéré. Cela a permis à Darragi -lui aussi accrédité d'une sortie époustouflante durant ces 45 minutes- de recevoir des ballons jouables et grâce à sa technique raffinée et son jeu clairvoyant, il a pu distiller à son aise des passes décisives à Michael mais aussi aux joueurs de couloir qui se trouvaient en bonne positions d'appel.


Le résultat est là, 1-0 à la mi-temps et ce n'était pas si cher payé pour les Widadis qui, mis à part une seule occasion franche durant tout le premier half sauvée par Chammam, n'ont pu nous mettre en danger. Mieux, on aurait pu plier le match durant cette période si nos joueurs n'avaient pas gaspillé des opportunités d'attaques ou carrément des occasions de but non concrétisées.


Un mot quand même sur ce but d'Enramo, lui qui a raté ces derniers temps tellement de face à face avec les différents gardiens adverses, plus faciles que le but marqué tout à l'heure. Je crois qu'Eneramo une fois il a subtilisé le ballon du défenseur, il s'est retourné pour se mettre face au but et là le ballon s'est un peu échappé suite à son contrôle. La seule solution était de le shooter spontanément et il l'a fait sans trop penser du plat du pied et c'est ce qui a sauvé cette occasion, car Michael a toujours tendance à tirer le ballon avec son cou-de-pied, c'est le tir le plus foudroyant certes mais aussi le plus imprécis. Avec le plat du pied Eneramo a croisé la trajectoire et le gardien du WAC n'a pu que constater le ballon au font du filet malgré une parade qui s'est avérée insuffisante.


Quinze minutes de frayeurs, mais une fin de rencontre en roue libre


A la reprise, on s'attendait tous que les Widadis allaient tout donner et se ruer en attaque pour égaliser, mais personne n'avait imaginé qu'on allait passer quelques minutes d'enfer après une première mi-temps presque parfaite et il a suffit que notre blocus au niveau du milieu du terrain se déverrouille pour que notre défense frôle la catastrophe avec un Kasraoui mal inspiré et un Janvier qui sans couverture est devenu vulnérable, ajouter quelques maladresses de Derbali et franchement, on a eu peur que le WAC ne revienne au score. Une fois la tempête passée, on a retrouvé notre configuration initiale quoique les deux joueurs clefs de Benzarti qui sont chargés de fermer les couloirs étaient cuits physiquement : Tayeb a disparu de la circulation laissant Bokungu en détresse tout seul et Bienvenu était tout aussi lessivé après même pas 60 minutes de jeu. Heureusement que notre milieu ne s'est pas essoufflé et a continué à faire merveilleusement son boulot d'autant que les joueurs du WAC étaient eux aussi exténués et faute de fraicheur physique, ils ont lâché du lest durant le dernier quart d'heure du match à telle enseigne que Benzarti, roublard comme il est, n'a pas cherché à préserver notre maigre acquis en incorporant des défenseurs, au contraire il a injecté successivement deux joueurs à tempérament offensif et techniciens à souhait -Bouazzi et Msakni- et on a eu une multitude d'occasions pour aggraver le score, voire le tripler sans l'égoïsme de quelques joueurs comme Eneramo ou le manque de convictions de certains à l'instar de Chammam.


Un résultat rassurant en attendant l'apothéose


Fallait-il être content du 1-0 ? Oui bien évidemment quoiqu'on regrette les dernières occasions lamentablement dilapidées d'autant que rarement j'ai vu une équipe qui recevait et de surcroit menée au score soit soulagée quand l'arbitre Syrien -excellent par ailleurs- a sifflé la fin de la rencontre. Les Marocains ont passé 15 minutes de supplice tellement ils étaient physiquement à côté de la plaque.

Indépendamment des péripéties de la rencontre cette victoire, même par le plus petit score, est bénéfique à plus d'un titre :
D'abord, ça va nous permettre d'aborder le match retour dans de très bonnes conditions comme ce fut le cas lors de notre rencontre face à l'ES Sétif à Radès. Ensuite elle a remis notre machine en marche après l'intermède de la Coupe de Tunisie, et enfin elle va nous aider mentalement à bien préparer notre match capital du 12 Mai -pardon le 13- face à l'Etoile du Sahel pour ramener le scudetto au parc B.


Je ne termine pas sans remercier notre chère fédération tunisienne de football et à sa tête M. Kamel Ben Amor ainsi que nos voisins le Club Africain et son secrétaire général M. Zine El Abidine El Oueslati qui ont pu transcender nos joueurs en montant une affaire de toute pièce la semaine dernière pour nous déstabiliser. Nos joueurs ont montré qu'ils sont toujours là à la barre et qu'ils vont offrir -en tant que représentant tunisien dans cette compétition- à tous nos amis de la fédération mais aussi à nos frères ennemis le sacre arabe.