Le onze Sang et Or aligné contre l'AS Marsa, le 23 avril 2009. (Photo CHALA)

Analyse

Une victoire avec les tripes en attendant l'apothéose

C'est devant une assistance nombreuse et un dispositif de sécurité à toute épreuve que le match tant attendu entre l'Espérance de Tunis et l'Avenir Sportif de la Marsa a commencé, sur une pelouse moins dégradée que prévu et bien tondue, comparée au dernier match qu'elle a abrité.

Je ne vais pas trop épiloguer sur le match et son déroulement, tout le monde a regardé la rencontre au stade Abdelaziz Chtioui ou devant son téléviseur, mais quelques constatations sont à faire.

Une défense fringante, mais un milieu peu inspiré

Malgré la victoire - la meilleure au point de vue score depuis l'avènement de Benzarti -, il n'en demeure pas moins que c'est la plus mauvaise (hormis la 1ère mi-temps face à l'Ismaïly d'Egypte en quart de finale retour de la LC Arabe) tant au point de vue qualité de jeu, que domination territoriale. Nos joueurs étaient non seulement trop crispés, mais ils n'ont pas pu dominer les marsois, encore moins contenir loin de notre cage leurs incursions. Ceci pourrait s'expliquer par plusieurs facteurs :

1- Notre milieu de terrain a été chambardé par l'incorporation d'Echikh à la place de Korbi, suspendu, et surtout de Tayeb, titularisé au pied levé au lieu de Bouazzi qui s'est blessé durant l'échauffement. Mais il est à signaler que ce dernier a ressenti quelques douleurs durant la séance de mardi, il a sauté la séance d'hier, mais les douleurs ont repris lors de l'échauffement. Il s'agit d'après Dr. Ben Ahmed d'une douleur dorsale sous scapulaire ("fatla" comme on l'appelle dans notre langage courant). On doit attendre les examens radiologiques pour connaître son degré de gravité.

Echikh, malgré sa volonté, n'a pu remplir convenablement sa tâche à un poste délicat pour lui. Tayeb, quant à lui, a déçu encore une fois en perdant plusieurs ballons et en errant tant sur le côté droit que sur le côté gauche. Dommage que ce joueur, pourtant généreux dans l'effort, n'arrive plus à retrouver sa forme de la phase aller. Du coup, Darragi a perdu un peu ses repères, malgré une 2è mi-temps bien meilleure que la 1ère, et Z. Souissi, le joueur qui a éclaboussé sa classe durant les dernières rencontres, et quoiqu'il est accrédité d'une excellente prestation, a trouvé beaucoup de difficultés pour colmater les brèches laissées par ses coéquipiers.

2- Le vent nous a gênés énormément en première mi-temps lorsque l'équipe attaquait de droite à gauche par rapport à la tribune principale, sans oublier que le terrain est trop exigu pour jouer au foot.

3- Ben Yahia, l'entraîneur de la Marsa, a surpris tout le monde, y compris nos joueurs, en jouant l'attaque et en utilisant notre style de jeu, à savoir un pressing assez haut qui nous a un peu perturbés. En effet, les hommes de Benzarti se sont attendus à ce que les marsois allaient se recroqueviller en défense dès l'entame du match pour essayer de contenir les assauts des Sang et Or.

On a assisté par conséquent à un match d'une qualité médiocre et on a eu peur jusqu'au deuxième but de Darragi, synonyme de délivrance. Heureusement que notre défense est devenue cohérente et hermétique, et que les joueurs qui la composent ont joué sur leur valeur. On a alors vu un bon Janvier et un excellent Derbali, mais on a surtout constaté un Abdi impérial et un Chammam étincelant !

Un Eneramo hargneux mais en manque de confiance et un Bienvenu au four et au moulin

Devant, si Eneramo a joué l'accordéon sur toute la largeur du terrain pour créer des espaces par ses appels incessants, il était d'une part moins pesant que d'habitude et d'autre part peu soutenu par son milieu de terrain comme on avait l'habitude de voir. Ajouter à cela une confiance qui lui fait défaut depuis quelques temps - un autre tête à tête gâché comme à l'accoutumée -, et on comprend mieux que notre attaque n'a pas été si transcendante comme on le souhaite, malgré un Bienvenu qui a fait un match plein pour ne pas dire plus. Ce joueur a bien bougé aussi bien sur le couloir gauche que sur le couloir droit et il a bien aidé Chammam dans la récupération. Et quand il s'est porté en attaque, il a été un poison pour la défense adverse et il lui a posé pas mal de problèmes avec quelques ballons mal exploités par notre équipe, faute de soutien.

L'AS Marsa a demandé un arbitre européen, elle a été bien servie à notre grand bonheur ! Car un arbitre tunisien n'aurait jamais sifflé deux pénaltys pour des tirages de maillot dans les 16 mètres. Les joueurs marsaois n'ont pas entendu les avertissements de l'espagnol, habitués comme ils sont - comme tous les joueurs tunisiens d'ailleurs - à ne pas être sanctionnés pour ce genre de fautes.

Que faut-il retenir de cette journée - du moins en haut du tableau - ? Un statu quo qui élimine officiellement l'étoile du titre et qui garantit à notre équipe au minimum la participation à la Ligue des Champions d'Afrique. Ce n'est déjà pas mal, mais le plus dur reste à venir. Une bataille qui va durer encore 90 minutes face à un adversaire triplement blessé depuis sa déconfiture lors de la dernière finale de la coupe de Tunisie, qui a dit adieu à ce championnat et que même sa participation à la ligue des champions reste très hypothétique pour lui car il doit nous vaincre le 13 Mai et en même temps le CA doit perdre à Jendouba. Avouez que c'est très difficile et peu probable.

Mais jouant sans stress et avec l'envie d'un revanchard, l'Etoile du Sahel ne va pas être une victime expiratoire, croyez-moi ! Il faudrait que notre équipe descende sur le terrain avec non seulement un moral de zénith, mais surtout une volonté à toute épreuve. Des commandos doivent fouler le gazon d'El Menzah le 13 Mai pour nous offrir le championnat 2008-2009.

Mais d'ici là, savourons encore une fois la victoire d'hier et concentrons-nous par la suite sur notre rencontre qui va nous opposer à l'Entente de Sétif à la recherche de la Ligue des Champions Arabe, second titre mis en jeu cette saison après la coupe d'Afrique du nord des vainqueurs de coupes.