Henry Bienvenu contre l'AS Marsa, le 12 décembre 2008 à El Menzah. (Photo CHALA)

Ligue 1

Les trois points, mais toujours les mêmes lacunes

Nous sommes à mi-chemin ou presque d'un championnat morose, à la manière du temps qu'il fait ces jours-ci sur Tunis. Si l'Espérance a renoué avec la victoire, la manière laisse toujours à désirer et ce n'est plus une surprise pour personne.
Les journées se suivent et nos lacunes sont bien là, bien incrustées, comme un parasite depuis bien longtemps déjà. Heureusement que les résultats positifs sont presque toujours au rendez-vous, avec un calendrier pour le moment assez favorable et surtout une attaque qui pète le feu. La paire Eneramo-Bienvenu est devenue un poison pour tous nos adversaires et elle nous sauve à chaque fois d'un verdict, le cas échéant, bien amer.

C'est qu'après chaque rencontre disputée par notre équipe, on sort avec un air mitigé, content d'une part du résultat quand il est positif, heureux de voir une paire d'attaque qui fait plaisir, mais inquiet d'autre part quant au rendement général de l'équipe, surtout notre milieu de terrain qui n'arrive toujours pas à remplir sa mission convenablement. Ajouté à une défense qui n'est pas rassurante et vous imaginez le sentiment de désarroi de tous les tifosi qui remplissent chaque semaine les travées réservées à notre cher public. Et aujourd'hui, notre match n'a pas dérogé à cette habitude.

Contre l'A.S. Marsa, le public était moins nombreux que d'habitude, mais assez pour un match en milieu de semaine, joué à 14h30 de surcroît – n'y avait-il pas moyen de le programmer en soirée? -, le tout avec un froid de canard qui n'encourage pas les gens à se rendre au stade. Et rien qu'à dénombrer les quelques supporters de la «Gnawiya» qui ont daigné assister au match, on comprend que notre équipe est toujours très bien soutenue par ses fans.

Nous étions curieux de voir notre équipe évoluer après le match nul de Bizerte et surtout les remous qui ont secoué notre grande famille espérantiste à la suite de « l'affaire » Hammi, qui a défrayé la chronique durant toute la semaine. Notre staff a gardé le même dispositif avec Z. Souissi qui a pris la place de Hammi, le retour de Tayeb et la titularisation d'entrée de Darragi, après l'intermède de Msakni à Bizerte.

Nous avons assisté à une première mi-temps bien pâle, avec une équipe adverse qui tente selon les moyens de contrer nos deux fers de lance, Eneramo et Bienvenu, et la nôtre qui essaie tant bien que mal de poser le jeu, mais qui n'arrive que rarement à enchainer quelques passes successives dignes d'un leader. La plupart du temps, le jeu s'est concentré sur le côté droit, avec un Tayeb toujours généreux dans l'effort mais gaspillant des ballons jouables et un Z. Derbali qui n'arrive décidément pas à s'accommoder de cette nouvelle tache d'arrière droit, peu propice avec ses qualités intrinsèques. D'autre part, nous avons retrouvé un Darragi qui erre la plus part du temps au milieu de terrain, ça lui arrive parfois d'offrir un caviar à un de ses coéquipiers mais ratant la majorité de ses gestes et pénalisant le jeu de son équipe, un Z. Soussi qui joue comme à son habitude avec des hauts et des bas, sans donner le plus escompté et un Loué qui sait manier le ballon et orienter le jeu, mais auquel la condition physique et le rythme font défaut, ajouté une blessure paraît-il au début de la rencontre et ses manoeuvres sont devenues plus lentes et plus prévisibles. Bref, notre seul salut ne venait que d'Enramo et surtout Bienvenu, l'homme fort de l'Espérance ces derniers temps, et dire qu'il a fait banquette pratiquement toute la saison dernière... quel gâchis !

Si en deuxième mi-temps le jeu s'est sensiblement amélioré, il n'en demeure pas moins qu'on a joué avec le feu en ratant des occasions nettes de scorer, car quand on dispose d'une défense fébrile et d'un milieu peu entreprenant, on doit assurer au maximum devant pour éviter les mauvaises surprises. Et même devant l'ASM, pourtant loin d'être une foudre de guerre, nous avons dû puiser dans nos ressources pour éviter un éventuel retour au score, synonyme de catastrophe.

Je pense que toute l'équipe a perdu sa concentration et a commencé à penser au match du Yémen, voire celui de l'Étoile, une fois le second but marqué. Certes c'est licite de gérer le match quand on a deux buts d'avance, mais quand on connaît nos lacunes défensives, on se doit de profiter de toutes les occasions qui se présentent pour aggraver le score et se mettre à l'abri de toute mauvaise surprise.

Il faut une fois pour toute qu'on inculque à nos joueurs que jouer trois matchs par semaine est tout à fait normal pour des professionnels. On a cette manie en Tunisie de pleurnicher à chaque fois qu'on joue sur plusieurs fronts. Même les médias se mettent à renchérir sur les déclarations des responsables au point que les joueurs croient qu'ils vont être lessivés en jouant tous les trois jours et commencent à tricher, une fois le score est cru acquis, ce qui est bien entendu une aberrance.

Un match doit se jouer pleinement quel que soit l'adversaire et la concentration doit être maximale durant les quatre-vingt-dix minutes, plus le temps additionnel. Ce n'est qu'une fois la rencontre achevée qu'on a le droit de penser au match suivant et le jour « J » seul les compétitifs doivent fouler le gazon. Faire des calculs de petits épiciers ne mène à rien, pis ! On risque parfois de manquer l'immanquable, voire des blessures autrement évitables.

L'heure de vérité approche avec deux déplacements cruciaux et ô combien importants dans le décompte final nous attendent, un avant le mercato contre l'Étoile à Sousse et un deuxième juste après à Sfax. Si pour le second match, le staff aurait encore le temps de peaufiner son travail avec peut-être bien un effectif qui serait étoffé entre-temps, sans compter le retour des blessés, notamment Achour, contre le deuxième ... au classement provisoire, nous devons parer au plus urgent et colmater les brèches afin de présenter un onze compétitif, équilibré et surtout combatif à souhait. Je ne serais pas le seul content dans l'affaire, si notre staff nous concocte une recette comme celle qu'il nous a gratifiée à Tripoli, il n'y a pas si bien longtemps. Là, je peux vous assurer que le 21 décembre au soir, un dimanche pour rappeler et les amis étoilés et ceux de la Ligue, on sera bien en rail pour ramener le trophée du championnat à Bab Souika, là où il a l'habitude de séjourner et élire domicile.

P.S. : Demande solennelle au bureau directeur

On aimerait bien que la discipline soit le maître mot dans notre association qui a toujours été un exemple à suivre. Sanctionner Hammi pour ce qu'il a fait, on en veut bien, mais on doit s'atteler à instaurer la discipline sur le rectangle vert également. Il est malheureux de constater qu'à chaque semaine, on assiste à des cartons jaunes qui n'ont pas de raison d'être ; en écoper un après avoir enlevé le maillot après un but marqué en est l'exemple type.

Ce qu'a fait Tayeb durant le match est pire! Quand bien même provoqué, tenter d'agresser un joueur adverse ou le bousculer sans qu'il y ait un ballon en jeu est une faute grave et l'arbitre aurait pu distribuer 2 cartons rouges, un de chaque côté en les circponstances. Déjà que l'on souffre le martyr par manque de joueurs combatifs dans notre milieu de terrain, cela aurait été dramatique si Tayeb, pour une faute aussi bête que stupide, aurait sauté le match de Sousse, là où seuls des guerriers peuvent nous ramener la victoire. Or, Tayeb malgré ses défauts en est le chef de file.