Concernant le match d'hier, il y avait beaucoup de curiosités quant à cette nouvelle Espérance en devenir, du moins pour ceux d'entre-nous qui connaissent plus ou moins certains joueurs ... et qui n'ont pas pu suivre de visu les derniers matchs tests pour meubler une trêve, aussi impertinente que celle qui s'en suivra.
Contre un Stade Tunisien gonflé à bloc avec le retour de l'enfant du club, Ferid Ben Belgacem, à la tête des destinées techniques de l'équipe, l'Espérance a fini par arracher une victoire qui s'avèrera, à notre avis, bien importante à plus d'un titre. Tout d'abord, pour le court terme et ce pour permettre au staff technique et aux joueurs de continuer à travailler dans la sérénité. Car du boulot, il y en a encore pour apporter certaines retouches nécessaires. Ensuite, ce gain est important pour le moyen terme, car il finira par sûrement peser sur la balance à la fin de l'exercice ... nous en sommes convaincus. Car le Stade Tunisien que l'on a vu hier a tous les requis nécessaires pour donner du fil à retordre à n'importe quelle équipe de Ligue 1. Mais plus important encore, faute d'avoir retrouvé son football, l'Espérance a retrouvé hier son âme, celle d'une équipe qui n'abdique pas, qui lutte jusqu'à la fin, qui croit en ses moyens et qui finit par remporter une victoire... filante.
Le jeu :
Pour revenir au jeu et aux joueurs, ce n'était pas le meilleur match de l'espérance en matière de maîtrise technique et tactique, on s'en entend. Il y a eu plusieurs défaillances, en particulier l'application du hors-jeu piège qui laissait à désirer et les stadistes se sont donnés à coeur joie pour le déjouer, des fois même avec une facilité déconcertante. Mais hier, il y avait heureusement Kasraoui comme dernier rempart, revenu à point nommé rappeler à tous ceux qui l'ont enterré, vivant, qu'il demeure un bon capitaine au sens propre comme au figuré. Car si la défense n'a pas eu sa meilleure prestation hier, il fallait chercher également au niveau d'une récupération bien timide au milieu, en l'ebsence de Hammi. En phase offensive, l'Espérance a perdu de sa superbe du côté gauche, demeuré orphelin de Chammam, remplacé par le néophyte Ben Mansour. Résultat des courses, notre attaque où Eneramo faisait office de commandant et Bienvenu de porteur d'eau a été très peu voire mal servie et l'Espérance n'a eu son salut que grâce aux coups de pied arrêtés. En effet, et cela ne date pas d'aujourd'hui, le milieu de terrain n'a pas été à la hauteur non plus. Car hier, en l'absence d'un Hammi plus préoccupé par des considérations extra-sportives que par son apport en tant que capitaine, le duo Souissi-Achour n'a certes pas démérité, surtout le premier nommé qui aura passé son meilleur match sous la casaque Sang et Or. Mais leur profil condamnant le choix de les faire jouer sur la même ligne et le fait que Achour soit à court physiquement ont limité la marge de manoeuvre du duo, manquant par ailleurs de percussion, voire de vivacité et de puissance, et ce dans les deux phases du jeu. Et si Darragi continue à faire manger à l'équipe son pain noir, Tayeb, pourtant le joueur le moins pétri de talent parmi ses coéquipiers du compartiment, a fini par compenser avec une fougue et une générosité dans l'effort qui sont devenus sa marque de commerce, tout comme le déchet technique du reste ... malheureusement. Enfin, il y a des éléments de satisfaction à tirer de ce match, comme la découverte d'un Bokungu au talent énorme occupant avec certaine réussite la charnière centrale auprès de Jabeur, après l'expulsion d'un Badra moins brillant qu'à son habitude et l'entrée en lice de Msakni qui, le temps d'une action en toute fin de match, a montré toute l'étendue d'un talent qui aura du mal à se cacher. Sauf que la meilleure, c'est cette rage de vaincre qui a caractérisé l'esprit de tous les joueurs sans exception qui a fait le plus grand plaisir à toute la famille Sang et Or.
Finalement, quand bien même cela ne fait pas partie ... du jeu, le vrai, il y a lieu de mentionner que la fête a été gâchée hier par deux points :
1- Les stadistes, et ce n'est pas une première, qui choisissent les bancs situés à droite de l'Enceinte ... occupée, elle, par les Sang et Or. Cette provocation gratuite est on ne peut plus incompréhensible, d'autant plus que de tout temps, les stadistes ont occupé la partie gauche d'El Menzah, voire de Zouiten, tout comme la partie droite pour les Sang et Or. Imaginez un tel spectacle de mauvais goût à l'Olympico de Rome ou au Meazza de Milan!
2- L'homme en ... jaune, mais qui tenait à des idées noires, avec un sifflet utilisé, des fois à tort et surtout à travers. Il a tout simplement participé à une fête, qui n'est pas à son hauteur.
Les joueurs :
Kasraoui : Auteur de pas moins que quatre arrêts décisifs, il est sans conteste l'homme du match. Il a su se montrer rassurant et rassuré après la dernière période de doute qui n'est qu'un mauvais souvenir désormais. Certes, il a fait un mauvais calcul sur le but d'égalisation de Selliti à deux partout, mais ce serait ingrat de lui tenir rigueur après un match si grandiose.
Bokungu : Occupant le couloir droit en première mi-temps et l'axe central en deuxième, Janvier s'en sort toujours avec plus ou moins de bonheur à chaque fois qu'on lui fait confiance. Mais il ne brille pas ... et cela est de nature à le pénaliser, vu que son statut d'étranger sur la feuille de match pèse lourd sur ce petit joyau. Il a été certes fautif sur le premier penalty, venant couvrir Badra, voire même Jabeur, mais manquant d'expérience, de vivacité et d'agressivité, on est en droit de se poser des questions quant à son vrai poste de prédilection.
Ben Mansour : Si directement il n'a rien à se reprocher sur le plan défensif, force est de constater que son absence a été très bien exploitée par l'adversaire en faisant des appels systématiques dans le dos du défenseur central gauche. D'ailleurs, cette absence n'a pas donné de fruit devant, avec une maladresse étonnante dans ses centres. C'est loin d'être un baptême de feu réussi, surtout qu'il avait à remplacer un joueur qui mmonte en puissance, Chammam.
Jabeur : Offensivement décisif à deux reprises (remise à Darragi et faute subie ayant donné la victoire), il a pu compenser avec sa sortie relativement décevante en défense. Certes, son tacle ayant apporté le penalty de l'égalisation à un partout n'appelait pas une telle sanction, mais il a pêché par un mauvais placement et calcul à plusieurs reprises, dont certaines sont passées inaperçues vu que la balle n'arrivait pas des fois à destination.
Badra : Le capitaine a été décevant hier. On l'a vu sermonner Souissi, mal sorti au premier poteau sur un corner et c'est ce que l'on attend de lui, par contre, hormis son expulsion qui a fini par handicaper ses coéquipiers, il n'a pas su commander sa défense pour faire face aux appels systématiques dans son dos.
Souissi : Il a réussi un très bon match dans l'ensemble et il s'est surtout fait remarquer grâce à une technique balle au pied des plus raffinées. Cela a eu des répercussions positives en matière de maîtrise de la balle au milieu, mais Zine est appelé à mieux exploiter son adresse en étant plus efficace dans ses ouvertures, mais surtout en gagnant en présence, en puissance et en personnalité. Sa marge de progression demeure grande.
Achour : Un peu court physiquement, il a fini par payer le prix avec une passe à l'adversaire qui aurait pu tuer le match, mais Kasraoui a bien su s'interposer devant Berrebat. Il a joué un peu plus en retrait que lors des derniers matchs, soit au même niveau que Souissi en l'absence de Hammi. Il a alterné le bon et des fois le moins bon dans l'ensemble alors il peut mieux faire certainement. Lui aussi doit gagner en puissance s'il veut aller plus loin.
Tayeb : D'abord milieu droit et ensuite en tant que latéral, il a réussi avec son abattage et sa générosité dans l'effort de compenser pour le manque de solutions défensives et offensives pour ses coéquipiers, voire son staff technique. Il a même marqué un but, son troisième en quatre matchs, ce qui en dit long sur la période positive qu'il est en train de vivre à l'Espérance. Certes, il pêche par des déchets techniques bien au dessus de la moyenne, mais son apport est indéniable à l'équipe ... pour le moment. Remplacé par Mzali en toute fin de match, le rendement de ce dernier ne peut être évalué.
Darragi : Hormis son but de la tête, devenu une de ses spécialités, il a été égal à lui-même avec une absence déconcertante et même des déchets techniques qu'on a du mal à les lui passer, lui qui est supposé apporter une certaine fantaisie au jeu de l'équipe. Bouazzi son remplaçant n'a pas fait mieux, cherchant plutôt le geste parfait au détriment de l'efficacité.
Bienvenu : Le Camerounais a encore une fois confirmé son sens du but, en offrant sur un plateau la passe décisive pour l'ouverture du score, suite à pressing gagné en phase offensive. Tout comme Eneramo, il a été peu servi, mais il a moins pesé dans l'ensemble que le Nigérian, manquant de puissance à l'occasion, peut-être à cause de vacances pris dernièrement ... qui tombaient bien mal. Remplacé par Msakni, faute de disposer d'un attaquant pour le suppléer, ce qui a en quelque sorte libéré l'arrière-garde stadiste en fin de match, le dernier arrivé des mondialistes cadets n'a pas pu se mettre trop en évidence, mais à chaque fois qu'il touchait la balle, on ne pouvait qu'être rassurés sur le futur proche de ce joueur, qui ne manquera pas de faire parler de lui.
Eneramo : Il a tout simplement mis le feu dans la défense stadiste. Il a bougé partout sur le terrain, appels, contre-appels, replacement, remises, tirs ... bref, il a tout fait et cerise sur le gâteau, un penalty réussi à la 90'+4', un timing qu'il apprécie bien dans les derbies, avec un geste et un sang froid qui nous rappellent si bien le meilleur buteur des confrontations EST-ST : Nabil Maâloul.
En conclusion, l'Espérance a confirmé sa personnalité retrouvée, qu'on croyait même perdue il n'y a pas si longtemps, quand on se rappelle surtout sa résignation en Coupe de la Confédération, y compris même aux yeux de ses propres ... supporters, avec un deuxième revirement de situation comme ce fut le cas contre un autre grand morceau, le Club Sportif Sfaxien. Il n'en demeure pas moins que beaucoup de boulot reste à accomplir pour que l'équipe retrouve ses repères et son équilibre malgré les changements, de dernière minute soient-ils. Sur le plan technique, l'équipe a fait des pas de géants depuis l'arrivée des Achour, Souissi, Bienvenu, Bokungu, voire même des Chammam et Darragi, mais il reste que sur le plan tactique, beaucoup de réglages attendent le staff technique, que ce soit dans le choix des joueurs, de leur rôle sur le terrain et de leur complémentarité, car hier, et indépendamment des circonstances atténuantes, il y a eu encore une fois un fameux trou au milieu ... derrière les attaquants.
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