Les soigneurs autour de Zaïem, blessé au visage par un adversaire le 4 avril 2008. (Photo CHALA)

Médecine

Qu'est-ce que la pubalgie ?

Oussou Konan, la nouvelle recrue sang et or, souffre d'une pubalgie qui va l'éloigner des terrains pendant au moins deux mois. Qu'est-ce qu'une pubalgie ? Est-ce grave ? Nous avons posé la question à Dr Mohamed Sahbi RAMMAH qui nous a fourni un article complet qu'il avait publié dans le quotidien Le Temps (édition du 27/04/08) traitant de la question :

Médecine du Sport
Pubalgie et douleur des adducteurs


Pubalgie (gêne en bas du ventre), adducteurs (douleurs entre les cuisses) sont deux maux handicapant souvent les footballeurs pouvant les contraindre à des périodes plus ou moins longues d'inactivité au grand dam de leurs employeurs. La chirurgie est nécessaire dans certains cas rebelles ; mais des fois, ces complications arrivent à sonner définitivement le glas d'une carrière jusque là fort prometteuse.

A longueur de journées, les médias nous font part de l'atteinte de tel ou tel joueur de l'une de ces lésions. Mais en saisissons nous la teneur et l'étendue éventuelle de la gravité ?

Que veut-on dire par pubalgie ? Pourquoi et comment pourrait-elle résulter de l'atteinte des adducteurs ? Comment la reconnaître ? En quoi consiste son traitement ? Et facteur plus important, comment la prévenir, l'éviter ?

Etymologiquement, «pubalgie» rime avec douleur du pubis, la zone la plus avancée du bassin tout en bas du ventre, légèrement au-dessus des cuisses.

A proximité, s'accrochent de nombreux muscles, les adducteurs d'en bas et les abdominaux d'en haut.

On parle de pubalgie musculo-tendineuse quand les adducteurs sifflent, souffrent. Lorsque la paroi du ventre, les abdominaux et leurs tendons sont dilacérés, la souffrance est étiquetée pariétale. L'arthropathie pubienne est évoquée quand l'articulation du pubis est elle-même atteinte.

Le plus souvent, tout commence par les adducteurs. Un petit claquage musculaire à ce niveau peut constituer le lit de la pubalgie. En l'absence de traitement adéquat, la situation dégénère et l'enveloppe de l'abdomen ainsi que l'articulation du pubis de ne point tarder à suivre le mouvement et à se plaindre.

Le mécanisme de l'atteinte est très simple, il y a un antagonisme entre les deux groupes de muscles : les adducteurs sont sollicités lors de la conduite de la balle et des tirs croisés ; en se contractant, ils ramènent le membre inférieur vers l'autre jambe. Les abdominaux, eux tirent le pubis vers le haut en une opposition permanente. Les plus forts l'emportent, les plus faibles se déchirent disloquant dans la foulée l'articulation du pubis. Résultats des courses, adducteurs et abdominaux terminent l'affrontement dilacérés.

Mieux vaut donc la guerre froide qu'un conflit ouvert. L'équilibre des forces est indispensable pour éviter la pubalgie.

Les déplacements latéraux, les grandes transversales, les tirs de l'intérieur du pied sont douloureux entre les cuisses au début. Plus tard, la gêne remonte et le bas du ventre est très sensible. La toux, l'éternuement, la descente de voiture éveillent également la douleur.

Volet traitement, le repos strict est indiqué au début de la maladie. La rééducation est délicate, périlleuse voire nuisible à ce stade. Certains médicaments (les anti-inflammatoires) sont préconisés. Graduellement, une légère activité sportive sans déplacements latéraux et ne mettant pas à contribution le bassin qui doit rester stable, est permise : le vélo étant le plus indiqué.

Après quelques semaines, un footing léger est autorisé, suivi par les mouvements latéraux, le jonglage et enfin les frappes de l'intérieur du pied qui retrouvent progressivement toute leur puissance.

En cas d'échec du traitement médical, le recours à la chirurgie est inévitable avec une reprise dans les cinq mois.

La prévention des pubalgies passe inéluctablement par l'attention que doit porter le joueur au maintien de l'équilibre entre ses adducteurs et ses abdominaux. En effet, autant les premiers sont développés car constamment sollicités (conduite de balle, déplacements latéraux, tirs croisés) autant les seconds sont ignorés avec superbe. Renforcer donc ces derniers contribue à prévenir ces redoutables lésions. Mais attention, y aller prudemment car à leurs niveaux, il y a souvent des micros-lésions pas encore perçues par le footballeur. En y allant à fond, les micro déchirures se muent en déchirures graves. Vous souhaitez éviter une pubalgie et vous l'avez ... déclenchée !