Analyse

Tunisie : Analyse d'un fiasco annoncé


L'Espérance de Tunis malmenée par le Stade Malien de Bamako à Radès, le 25 juillet 2015. (Photo CHALA)
L'Espérance de Tunis malmenée par le Stade Malien de Bamako à Radès, le 25 juillet 2015. (Photo CHALA)

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Une analyse intéressante publiée aujourd'hui sur le site de la CAF que nous partageons avec vous :

Le football tunisien s'est réveillé il y a une dizaine de jours avec la gueule de bois suite au triple KO accusé durant la 3e journée de la phase de groupe de la Ligue des champions Orange et de la Coupe de la Confédération Orange. Trois défaites en trois sorties, cela arrive rarement aux représentants de la Ligue 1 tunisienne connue pour être une des plus performantes d'Afrique grâce notamment à son indestructible "Big Four" composé du Club Africain, de l’Etoile du Sahel, de l’Espérance et du CS Sfaxien.

Si l'Etoile Sportive du Sahel (6 points, 2 victoires et 1 défaite au Caire) conserve malgré tout ses chances intactes pour rejoindre le carré d'as en Coupe de la Confédération Orange, en revanche, le cas du Club Sportif Sfaxien (1 point) et surtout de l'Espérance Sportive de Tunis qui n'a toujours pas accroché un seul point en trois sorties, dont deux à domicile livrées en situation de supériorité numérique au moins durant une mi-temps, paraît désespérée.

On invoque pêle-mêle la phase transitoire que traversent l'Espérance et Sfax, en phase de restructuration avec des effectifs largement renouvelés. On rappelle aussi qu'en cette phase correspondant à l'intersaison, les joueurs ont plutôt besoin de récupérer. Les clubs d'Afrique subsaharienne restent avantagés du fait que leurs compétitions ne s'arrêtent pas l'été.

Il n'en reste pas moins vrai que le football tunisien, qui a longtemps entretenu le mythe de sa supériorité, à l'échelle des clubs du moins, peine à asseoir cet ascendant devant des pays qu'on tenait jusque-là largement à sa portée. Car le talent s'est subitement tari comme en témoigne le comportement de la sélection nationale, souvent accrochée et qui ne parvient plus, depuis deux Coupes du monde à se qualifier pour la grand'messe mondiale.

Dans le contexte post-Révolution du 14 janvier 2011, il est pourtant admis que le football ne bénéficie plus de la priorité d'antan comme en témoignent l'assèchement des sources de financement des clubs d'un côté et l'absence du moindre entretien ou maintenance de l'infrastructure sportive, les stades offrant la pitoyable image de véritables champs de patate.

Avec des quotas presque symboliques de spectateurs admis dans les stades en raison de la situation sécuritaire du pays fragilisé par les actes terroristes récurrents, c'est un manque à gagner très important que déplorent les clubs qui n'ont toutefois guère abandonné leurs achats impulsifs au mercato et leur tendance à payer grassement des joueurs tout juste moyens.

Autant dire qu'en continuant à vivre au-dessus de ses moyens, le football tunisien va en quelque sorte à sa perte. Cela commence par le contenu technique de moins en moins intéressant de ses compétitions plombées par des polémiques interminables et une transe collective où l'on s'échange allègrement invectives et accusations. Les observateurs craignent que la situation empire et que les coupes africaines révèlent chaque saison un peu plus les limites du modèle professionnel tunisien devenu obsolète. D'abord en raison des pratiques anachroniques des dirigeants, ensuite parce que le foot n'est plus la poule aux œufs d'or capable de générer beaucoup de recettes.