Quelques jours avant la Révolution des Libertés et de la Dignité, le 14 janvier 2011, l'Etoile étrillait l'Espérance (5-1) à Sousse pour le compte du championnat de Tunisie. Les deux entraineurs actuels étaient déjà aux commandes. Mais depuis, que d'eau a coulé sous les ponts !

Le coach de l'ESS, Mondher Kebaier, s'il regarde ce souvenir-là avec nostalgie ("C'est incontestablement notre match-référence", admet-il), ne se contenterait pas moins samedi (22h) du plus court des succès succès face au même adversaire pour se relancer dans la course au dernier carré de la Ligue des champions d'Afrique Orange.

Cafonline.com : Est-il exagéré de qualifier cette sortie d'un quitte ou double dans le cas de votre équipe, 2e ex aequo de la poule A (4 points, avec Sunshine Stars du Nigeria) ?  

Mondher Kebaier : "Un quitte ou double, non. Je parlerai plutôt d'un match important attendu avec beaucoup de ferveur par tous nos supporteurs. En réalité, notre situation dans cette phase de poules n'est pas aussi dramatique que cela. Sunshine a une suite de calendrier plus difficile que la nôtre, avec deux déplacements dont un à Tunis face au tenant, l'EST. Alors que nous ne nous déplacerons qu'une seule fois, justement chez les Nigerians. Cela constitue un avantage incontestable d'autant que ce voyage à Ojebu-Ode pourrait compter pour du beurre car il n'intervient qu'à la dernière journée. La messe pourrait déjà être dite, à la mi-septembre."

Cafonline.com : L'Espérance du match aller (1-0 pour les Sang et Or le 5 août à Radès) vous a-t-elle impressionné ou plutôt déçu ?

Mondher Kebaier : "Elle reste tout simplement une grande équipe qui sait gérer ses rencontres. C'est ce qu'elle a justement fait ce jour-là. La décision s'est faite sur un détail, un penalty. Mais il faut se rappeler de toutes les conditions qui ont entouré cette première manche : une pelouse très médiocre, une chaleur asphyxiante (on était proche des 40°), un taux d'humidité très élevé, le carême du mois de Ramadan. Personne n'a eu vraiment le dessus. Au contraire, ce sont les défenseurs qui se révélèrent très forts."

Cafonline.com : Mais votre adversaire récupère ce samedi son homme à tout faire, Youssef Msakni.Y aura-t-il un plan anti-Msakni ?

Mondher Kebaier :  "Ce joueur compte parmi les points forts de l'Espérance. Mais nous n'allons pas en faire une fixation.Nous allons focaliser sur notre objectif : l'attaque et des buts à marquer, le seul moyen de l'emporter."

Cafonline.com : L'inefficacité chronique dont fait preuve votre équipe ne vous inquiète-t-elle pas à l'heure d'affronter la solide arrière-garde espérantiste ?

Mondher Kebaier : "En championnat de Tunisie, nous sommes très loin du leader… l'Espérance. Mais surtout, nous restons très loin de notre rendement de la saison précédente : 49 buts marqués en 2010-2011 contre à peine 17 cette saison alors qu'il ne reste plus que six journées à disputer. C'est dans ce domaine que nous devons d'ailleurs accomplir les plus gros progrès. Dans la finition, dans le réalisme offensif. Et nous travaillons énormément ce volet aux entrainements."

Cafonline.com : Vos supporteurs vous reprochent cette confiance aveugle accordée à un Santos de plus en plus fréquemment hors de forme. Déjà, son positionnement ne pose-t-il pas problème car on l'a connu en tant qu'attaquant de pointe de métier ?

Mondher Kebaier : "La reconversion de Santos ne date pas de cette saison. Déjà, lors de l'exercice écoulé, j'avais placé le Tuniso-brésilien juste derrière l'avant de pointe, Ahmed Akaïchi. Et cela nous a valu plein de satisfactions, avec notamment une série de 12 matches sans défaite (11 victoires et 1 nul) dans cette formule-là. Depuis la phase de poules, il est toujours là, malgré un impact physique moindre dans notre dernière sortie face aux Sang et Or. Pour tout dire, Santos est un véritable professionnel : discipline, application, intelligence tactique..."

Cafonline.com : Une nouvelle défaite risque de fragiliser votre position car votre public n'a pas vraiment apprécié votre production à Radès. N'avez-vous pas peur pour votre poste ?

Mondher Kebaier : "J'ai livré une cinquantaine de rencontres sur les deux saisons à la tête de l'ESS. La saison dernière, nous avions joué jusqu'à la dernière minute pour le doublé (coupe et championnat de Tunisie). Malheureusement, cette année, nous sommes très loin en championnat. Pourtant, depuis mon retour aux affaires, nous avons joué trois rencontres (CS Sfaxien, Espérance de Tunis, O. Béja), récoltant 4 points. Cela fait tout juste un mois et demi que je suis à la barre technique du club. J'ai dû attaquer directement la phase de poules de la Ligue des champions. Les lacunes de toute une saison, il serait présomptueux d'espérer les gommer en un peu plus d'un mois. Cela me paraît utopique."

Cafonline.com : Que faut-il sauver alors dans l'urgence ?

Mondher Kebaier : "L'identité du club. La grinta, l'esprit de corps. L'équipe doit retrouver son rayonnement. Il y a des gens qui font de leur mieux pour rendre à l'Etoile du Sahel son aura. Il faut avoir du respect pour ce qu'ils font. Plus concrètement, il faut arracher les points capables d'envoyer le club au prochain tour de la Ligue des champions. En démontrant surtout beaucoup de volonté, car on est vraiment dos au mur."