Interview

Wassim Naouara : «J'ai failli signer à l'ESS ou au CA»


Le Onze Sang et Or aligné contre le CS Sfaxien à Radès, le 12 septembre 2009. (Photo CHALA)
Le Onze Sang et Or aligné contre le CS Sfaxien à Radès, le 12 septembre 2009. (Photo CHALA)

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C'est un Wassim Naouara détendu que nous avons trouvé. Son nouveau statut de gardien titulaire de l'Espérance lui confère une grande confiance. Et elle est bien méritée. Malgré son jeune âge, Wassim en a vu passer des bonnes et pas mures. De sa Korba natale, il garde cette fraîcheur qui lui a justement servi pour passer à travers des périodes difficiles, aidé il faut dire par quelques amis, nous pensons notamment à l'ancien capitaine Sang et Or, Hamdi Kasraoui, qu'il ne cessera pas de remercier pour l'avoir si bien accompagné dans son cheminement. Bonne lecture !


Wassim, pourrez-vous vous présenter aux internautes Sang et Or ?

Je suis né le 23/01/1986 à Korba. J'ai commencé ma carrière sportive depuis la catégorie Écoles jusqu'à intégrer les Seniors au sein du Club Sportif de Korba (CSK). En 2006, je me suis installé au Parc B avec l'Espérance Sportive de Tunis (EST).


Avez-vous choisi de devenir un gardien ou est-ce un choix par défaut de pouvoir exceller en tant que joueur de champ ?

D'abord, j'aimerais préciser que j'appartiens à une famille sportive. Mon père était ancien gardien de but au CS Korba. Mon frère est aussi un ancien joueur au même club. Avant d'être gardien, j'ai évolué dans le poste de libéro dans les catégories Écoles et Minimes. Mais, dans les matchs de quartier, je jouais curieusement toujours comme gardien, même à l'époque.


Pouvez-vous nous raconter comment s'était passé votre passage à l'Espérance, alors que vous étiez sur le point de rejoindre les rangs du Club Africain (CA) ?

Tout d'abord, l'Etoile Sportive du Sahel (ESS) était la première équipe à vouloir me recruter. Mais, l'ancien président du CSK n'était pas d'accord avec les termes proposés. En même temps, j'avais été sollicité par les responsables du CA et M. Mokhtar Naïli m'avait alors invité à passer un test de sélection de gardiens de but au Parc A. Suite à quoi, il m'avait recommandé aux dirigeants, qui, à leur tour, m'avaient suivi de près plus tard avant de me faire signer un précontrat. Je m'étais alors retrouvé au Parc A pour une période de deux mois. Mais M. Marchand, qui venait alors de déparquer au club, était contre mon recrutement définitif, en imposant l'enrôlement du gardien de but qu'il a amené de Bordeaux, Chamseddine Radhouani. Et c'était suite à toute cette tourmente que je m'étais retrouvé dans le giron Sang et Or, j'avais 19 ans à l'époque.

En arrivant au Parc B, il y avait déjà en place six gardiens de but : Tizié, Kasraoui, Zouabi, Ratouli, Bilel Souissi, et Hichem Zaoui, venu en même temps que moi de l'Association Sportive de l'Ariana (ASA). Disons que ce n'était pas évident pour moi d'y voir clair quant à l'évolution de ma carrière à l'Espérance, mais comme je devais rejoindre les Espoirs, la question ne s'était pas trop posée outre mesure. Mieux, j'avais eu l'occasion de faire une réformation de six mois sous la conduite de MM. Tarek Abdelalim et Mohsen Rajhi (Zarga), qui avaient une grande confiance en mes capacités. Il est vrai par contre qu'il m'arrivait également de m'entraîner avec les Seniors des fois, lors de la première saison. J'avais joué six matchs avec les Espoirs et tout de suite après, j'étais déjà sollicité pour faire partie de l'équipe nationale (EN) olympique.

En même temps, il y avait beaucoup de mouvements dans l'effectif des gardiens au sein du club et enfin j'étais resté avec Tizié et Kasraoui, aux côté desquels j'ai acquis beaucoup d'expérience.


Il a été signalé dans un journal de la place que vous avez annoncé avoir été «privé» du CA. Des explications ?

Non pas du tout, je n'avais jamais dit cela. Et si jamais on essaie de se renseigner sur moi à Korba, on dira que je faisais partie du Virage de l'Espérance, que je suis espérantiste à fond et que je ne ratais pas un match de la «Dawla».

Entre 2006 et 2009, qu'avez-vous appris à l'Espérance ?

Grâce à la réformation et même lors des séances d'entrainement normales, j'ai appris plusieurs techniques académiques avec les entraineurs de gardiens. Je profite de l'occasion d'ailleurs pour remercier chaleureusement MM. Tarek Abelalim, Mohsen Rajhi et Naceur Chouchene.


Selon vous, quels seraient vos points faibles que vous ne cessez d'améliorer ?

Je suis satisfait de mon rendement global et travaille sur tous les points importants qu'un gardien se doit de maîtriser. Je ne laisse rien au hasard sans pour autant travailler un élément plus qu'un autre. Maintenant, s'il y a des points faibles plus particuliers, ils vont sûrement apparaître lors des matchs et je remercie Dieu de ne pas avoir commis de graves erreurs jusqu'à maintenant.


Pourtant, plusieurs TarajjiManiaques vous reprochent certaines sorties au mauvais moment. Qu'en pensez-vous ?

Je vais revenir un peu en arrière pour expliquer mon attitude dans le jeu. Depuis mes débuts au CS Korba, je me suis habitué à jouer comme gardien libéro, sous les encouragements de la plupart de mes entraineurs. Cela a fait en sorte que c'est devenu une deuxième nature. Mais à l'Espérance, M. Cabral m'avait recommandé de changer mes habitudes, d'éviter ce genre de sorties et de me restreindre à contrôler notamment la surface de réparation. Enfin, M. Benzarti m'a laissé jouer librement et il m'a encouragé à faire des sorties si nécessaire, puisque nous jouons à l'occasion avec une défense en ligne et avancée.


D'accord, mais contre le Club Sportif de Hammam-Lif (CSHL), vous avez mérité un carton jaune à cause d'une sortie peu réussie en dehors de la surface de réparation. Pensez-vous quand-même que c'était la bonne décision ?

Je n'ai pas eu de choix à mon avis sur l'action à laquelle vous référez. J'ai sciemment opté pour la sortie car j'ai estimé que le but allait être inévitable si je devais rester dans ma cage. De toute façon, un gardien de but doit avoir un bon reflexe et doit prendre sa décision dans une fraction de seconde.

Quels sont les gardiens de but qui vous ont impressionné le plus ?

En Tunisie, Chokri El Ouaer et Hamdi Kasraoui ; ce dernier m'a beaucoup aidé d'ailleurs. À l'étranger, il y a Gianluca Buffon (Italie) et Júlio César (Brésil), alors qu'en Afrique plus spécifiquement, Vincent Enyeama (Nigeria) me plait beaucoup ; il est à mon avis, le meilleur gardien du monde.


D'aucuns voient justement en vos sorties des répliques à celles de Chokri El Ouaer. Est-ce que le fait qu'il soit une de vos idoles a influencé votre approche quant au rôle de gardien de but ?

Chaque gardien possède son propre style. Et je me sens à l'aise quand je joue librement.


Plusieurs TrajjiManiaues ont remarqué que vous portez toujours un pantalon pendant les matchs. Y a-t-il un secret pour cela ?

Rien de particulier, sauf que je me sens plutôt à l'aise quand je porte un pantalon ; c'est une question psychologique.


Avant de devenir titulaire cette saison, l'année dernière, il y avait deux grands gardiens internationaux devant vous : Kasraoui et Mejri. Voyiez-vous le bout du tunnel à l'époque ?

Le crédit revient à Hamdi (Kasraoui) qui m'a conseillé de rester à l'Espérance, qui m'a encouragé, qui m'a soutenu et m'a recommandé de patienter. Durant la trêve estivale qui s'en est suivie et malgré le départ de Hamdi au Racing Club de Lens (RCL) en France, j'ai failli passer au Stade Tunisien (ST). Toutefois, les responsables de l'Espérance m'ont encouragé à rester, mais l'arrivée plus tard de Naouali m'a fait craindre le pire pour ma carrière, du moment que j'ai eu l'impression d'être toujours la troisième roue du bicycle. Je n'ai d'ailleurs pas hésité à demander une autorisation de sortie, à deux jours de la clôture du mercato, surtout que ce ne sont pas les sollicitations qui manquaient. Et cette fois, c'est M. Benzarti lui-même qui m'a conseillé de rester, en me promettant d'avoir ma chance en temps et lieu, à condition de travailler dur et de patienter. Enfin Dieu merci, il m'a offert cette chance et j'espère que j'ai bien été à la hauteur.


Justement, pouvez-vous nous raconter comment s'est déroulée votre première titularisation au stade de Radès, contre le Club Sportif Sfaxien (CSS) ?

Avant la fameuse première titularisation, pendant la trêve «ramadanesque», j'ai passé une bonne mi-temps contre Al Ittihad de Tripoli (Libye). Si Faouzi (Benzarti), confiant en mes capacités, m'a donné la chance de jouer toute la partie contre l'Association Sportive de la Marsa (ASM), puis contre La Palme de Tozeur Avenir (LPTA). Et en début de semaine avant notre match contre le CSS, on m'a annoncé que je serai le gardien Sang et Or titulaire de la rencontre. Dieu merci, j'ai réussi mon match qui était pour moi une question de vie et de mort.


Qu'est ce qui vous fait peur maintenant ?

Je crains de ne pas être en forme sur terrain le jour du match.


Il y a plusieurs gardiens qui ont vu leur carrière brisée suite à de petites erreurs. Cela n'est sûrement pas de nature à vous rassurer...

Le poste de gardien est très sensible. La faute est impardonnable et reste collée dans les mémoires, car souvent décisives. Mais il faut toujours apprendre de ses erreurs.


Auriez-vous l'amabilité de nous parler un peu de votre contrat qui vous lie à l'Espérance ?

J'ai une proposition pour renouveler mon contrat actuel qui prend échéance en 2011. Je me sens très bien avec le club que j'adore depuis mon enfance, mais j'attends le moment opportun pour renouveler mon contrat, d'autant plus que rien n'urge pour le moment.


Pensez-vous encore pouvoir porter la casaque d'un autre club tunisien autre que l'Espérance ?

En Tunisie, l'Espérance a toujours été mon rêve d'y appartenir. Je n'ai pas réussi mes études et le foot était mon seul espoir pour réussir ma vie et c'est pourquoi je n'ai pas refusé les offres de l'ESS ou du CA auparavant.


Lors d'une interview parue sur le journal «Al Chourouk» le 31 octobre dernier, Sadok Sassi (Attouga) n'a pas tari d'éloges à votre encontre. Quel sentiment vous en tirez ?

Je remercie M. Sassi pour ses fleurs. Dès la première fois qu'il m'a vu, il m'a recommandé aux dirigeants du CA et leur a dit que je serai leur futur gardien.


Quelles sont vos impressions sur Chokri El Ouear en deux mots ?

Ce n'est pas à moi de parler d'un monument comme Chokri. C'est un très grand gardien qui a marqué toute une génération, il a un des meilleurs palmarès qu'un joueur puisse avoir en Tunisie, voire en Afrique, avec l'Espérance et il a été plébiscité à plusieurs reprises sur un plan individuel.


Quel est alors le meilleur gardien de l'histoire de la Tunisie à votre avis ?

Je pense que c'est Chokri, du moment que je n'ai pas vécu l'époque Attouga.


Certains supporters émettent des réserves concernant Mohsen Rajhi en tant qu'entraineur des gardiens du club. Quel est votre avis sur le sujet ?

Au contraire, M. Rajhi est un homme travailleur, qui a beaucoup d'expérience et je ne fais que progresser et apprendre de nouvelles facettes grâce à ses multiples conseils et remarques. Il a formé par ailleurs plusieurs gardiens dont le géant Chokri El Ouaer et Hamdi Kasraoui, excusez du peu !


Quelles relations entretenez-vous avec le reste des gardiens de l'Espérance ?

Nous sommes actuellement quatre gardiens qui travaillons tous ensemble dans une bonne harmonie. Nous sommes amis dans et en dehors des séances d'entrainements, nous nous partageons nos expériences mutuelles et nous appartenons à la même famille.


Quel est le joueur le plus proche de toi au sein de l'effectif Sang et Or ?

Zine El Abidine Souissi et Zied Derbali.


Parmi les joueurs que vous avez connus à l'Espérance, quels sont ceux qui vous ont le plus impressionné ?

Aboucherouane, Darragi, Msakni et Bouazzi.


Comment jugez-vous votre complémentarité avec les défenseurs actuels ?

C'est un travail qui s'accomplit lors des séances d'entrainements. Et Dieu merci, nous avons une bonne communication surtout avec Zied Derbali. Nous travaillons tous en groupe pour l‘intérêt de l'Espérance.

Combien avez-vous sauvé de tirs de penalty dans ta jeune carrière ?

Avec le CS Korba, j'ai réussi à sauver 5-6 penalties dans une période de deux ans et demi.


Et combien de penalties vous a-t-on marqués ?

Trois !


Comment allez-vous vous préparer au premier derby de votre carrière ?

À l'exception d'El Gaouafel Sportives de Gafsa (EGSG) et prochainement Al Ittihad de Tripoli, la plupart des prochains matchs sont des «premières» avant le match retour face au CSS. Ça sera donc une préparation ordinaire, somme toute. Certes le derby revêt un intérêt supplémentaire pour les supporters Sang et Or et cela fait trois ans que nous n'avons pas pu vaincre notre frère-ennemi en championnat, nonobstant la dernière victoire en Coupe, mais le CA a passé dix ans sans battre l'Espérance non plus. Incha'Allah, nous serons vainqueurs cette fois.


Pensez-vous que votre heure a sonné pour faire partie de l'Equipe Nationale ?

Je suis prêt ! Et si on me convoque pour l'EN, je ferai de mon mieux pour l'intérêt de la Tunisie ; c'est le souhait de tout joueur et gardien tunisien.